La caisse de l’écolier

Year
1910
Month
3
Day
17
Article Title
La caisse de l’écolier
Author
D. F. Léger, Prêtre
Page Number
02
Article Type
Language
Article Contents
La caisse de l’écolier N’est-elle pas merveilleuse l’idée qu’ont eue les pères de L’Assomption Mutuelle, de créer cette caisse dite de l’Ecolier? Plus je l’étudie, cette idée, plus je la trouve lumineuse, patriotique, de son temps, et même providentielle. Mais, me demanderez-vous, qu’avaient les braves fondateurs de cette société naissante pour fonder cette caisse? où étaient leurs ressources, eux qui ne gagnaient que le stricte nécessaire pour la vie de leurs familles? A cette question ces braves Acadiens répondaient comme autrefois, Alexandre de Macédoine qui, après avoir distribué tous ses domaines, répondit à l’un de ses officiers qui lui demandait ce qu’il se réservait : « L’Espérance, » fut la réponse catégorique de ce grand guerrier. Pas donc besoin de verrous extra-ordinaires pour protéger cette caisse. Les plus mauvais machiavéliques en auraient respecté l’entrée, puisqu’il n’y avait qu’un chèque sur lequel on lisait le mot sublime : « espérance » dans le succès de l’entreprise, foi dans le patriotisme de leurs nationaux. Ce chèque fut fait et signé le 8 septembre 1903, par un groupe de jeunes mais intelligents et braves Acadiens de la Nouvelle-Angleterre qui, d’un côté, voyant l’impossibilité de pouvoir procurer à leurs enfants un cours d’étude français, et de l’autre, le bien immense qu’une telle organisation serait susceptible de faire, même dans leur chère patrie, L’Acadie, résolurent de fonder la noble association de L’Assomption. La réussite de l’œuvre a déjà prouvé la sagesse de leurs patriotiques démarches. A peine cinq ans d’existence, et le premier billet déposé dans la caisse a déjà fait des prodiges. De la première succursale sont nées une centaine d’autres, tant en Acadie qu’aux Etats-Unis. Cinq mille frères font déjà partie de l’Assomption. La caisse écolière paie, en ce moment, pour trente jeunes hommes faisant leur cours dans nos différents collèges de l’Acadie. Beau résultats, me direz-vous. Oui, assez beau, asse rempli d’espérance, assez patriotique pour encourager, il me semble, tous les Acadiens à joindre cette courageuse phalange qui travaille avec tant d’énergie et de désintéressement au relèvement de notre nationalité. En effet, ont-ils bien réfléchi les Acadiens qui ne sont pas encore enrôlés sous la bannière de L’Assomption, que tant qu’ils ne se joindront pas aux travailleurs actuels, aussi longtemps nous serons un peuple sans activité, un peuple qui sera le jouet des autres nationalités. Pourquoi? Parce que les autres peuples qui nous entourent ont, depuis longtemps, compris ce point important. Leurs organisations sont bien vivantes, complètes, prospères. Pas de dissension parmi eux, quand il s’agit de leurs intérêts nationaux et religieux; tous mettent l’épaule à la même roue du char national. Et nous, nous regarderions ce char passer sans l’admirer, sans nous émouvoir, sans nous dire : ce que font les autres, pour avancer de plus en plus, pourquoi ne le ferions-nous pas? Dormons encore un peu, pas bien longtemps, et ce char de progrès, tous à fait étranger à nos propres intérêts, ne fera pas que de nous éblouir, il nous écrasera. Ne perdons pas de vue que le vingtième siècle est certainement le siècle des associations. On organise aujourd’hui des sociétés de protections pour toutes les nécessités, et même pour les opportunités naissantes, tout autour de nous. Il ne nous est donc pas permis, désormais, si nous voulons rester debout, de nous désintéresser de notre avancement national, qui sera plus tard ce que l’auront fait notre activité et notre persévérance. Plus longtemps nous resterons oisifs, plus de temps précieux nous accordons à nos adversaires pour bien ourdir notre perte. Compatriotes, il est donc grand temps d’ouvrir les yeux, et de voir le progrès qui se fait, presqu’à notre insu. A l’instar des autres peuples qui, vivant d’activité, reprenons notre virilité ancestrale qui n’est (illisible) chez nous, et, en avant L’Assomption, en avant le progrès, en avant le succès. Que l’année 1910 voie se former un grand nombre de nouvelles succursales, et celles déjà existentes, doubler leur effectif national. Inscrivons sur le premier mois du calendrier : réveil national général, espérance dans nos aspiration légitimes, « Aime Dieu et va ton chemin. » D. F. Léger, Prêtre.