l'Assomption à la Haute Aboujagane

Year
1909
Month
9
Day
2
Article Title
l'Assomption à la Haute Aboujagane
Author
----
Page Number
01
Article Type
Language
Article Contents
L’ASSOMPTION A LA HAUTE ABOUJAGANE Messe Solennelle – Sermon de circonstance – Amusements divers – Discours patriotiques – Feu d’artifice, etc. L’Assomption, notre fête nationale, a été chômée à la Haute Aboujagane d’une manière digne de nos compatriotes de là. Dès le matin toute la paroisse était en liesse, chaque demeure avait arboré le “tricolore étoilé” en signe de fête et de réjouissance; tous les cœurs battaient fort dans les poitrines et chacun sentait que bouillonnait en ses veines du “sang Acadien”, du “vrai sang français”! Ce jour-là, les vieillards, courbés sous le poids des années, se sentaient rajeunir et les jeunes enfants se croyaient déjà grands, tant la joie et l’allégresse étaient vives et manifestes!!! Le presbytère avait pris un air de fête sous le beau décors qui l’embellissait. On y voyait des banderolles aux couleurs nationales, disposées en festons, entremêlées de verdures et le tout couronné du tricolore étoilé croisé avec le drapeau britannique, symbolisant la paix dont jouit aujourd’hui l’Acadien à l’ombre du drapeau de la fière Albion, et, l’harmonie qui existe entre l’Angleterre et ses sujets loyaux, les Acadiens. La façade de l’église était magnifique, enjolivée d’arches, de festons de verdures, de drapeaux, de bannières et d’oriflammes. Mais tout cela n’était qu’un avant-goût des merveilleuses décorations de l’intérieur. Des banderolles aux couleurs nationales décoraient la voûte, tandis que des faisceaux de drapeaux reposaient sur les chapiteaux; des guirlandes de verdures entouraient les colonnes. Ici et là dans l’église on lisait les inscriptions suivantes; au-dessus du maître-autel : Gaudeamus omnes in Domino, près de l’autel de la Vierge “Marie protège l’Acadie”, ailleurs : Assumpta est in coelum “Salut! Etoile de la mer!” Le maître-autel, enjolivé de lumières et de fleurs, présentait un joli coup d’œil; on aurait dit un petit bijou dans une corbeille de fleurs. Tout élevait l’âme et portait à la prière. Au-devant de l’église, les vieillards, nos grands-pères, se plaisaient à lire cette prophétie que les missionnaires ont tant de fois répétée à nos ancêtres : “L’Acaide aux Français”! A 9½ heures, les membres de la Société l’Assomption, ayant leur bannière en tête et, revêtus de leurs insignes, défilèrent en procession, de la salle paroissiale à l’église, en chantant avec entrain l’hymne nationale : Ave Maris Stella. La “messe royale” de Dumont fut très bien exécutée par le chœur de la paroisse, sous l’habile direction de M. Philippe M. Melanson, maître-chantre expérimenté et bien connu. Les Assomptionnistes, au nombre de 80, s’avancèrent en corps à la table sainte pour recevoir le Pain des forts; et à la fin de la messe, le curé de la paroisse, le Révd H. D. Cormier, prononça le sermon de circonstance, prenant pour texte ces paroles de la Sainte Ecriture : “Assumpta est Maria in coelom, gaudent angeli, benedicunt Dominum.” –Marie est montée au ciel, les anges se réjouissent et bénissent le Seigneur. L’éloquent prédicateur parla de l’Assomption de Marie au ciel, portée par les anges, de notre réveil national et expliqua les raisons qui ont déterminé le peuple acadien à choisir Marie pour patronne, et son Assomption comme fête nationale. Comme les fidèles sortaient de l’église, le chœur entonna “Reine d’Acadie”, beau cantique à notre patronne nationale. Les assistants se rendirent alors sur le terrain de l’église pour s’amuser, car, notons-le en passant, on avait eu soin d’organiser toutes sortes de jeux et d’amusements. A 3 heures, un discours fut prononcé par M. Dominique D. Cormier, jeune rhétoricien de l’Université du Collège Saint-Joseph, qui, quoique sans expérience dans l’art de manier la parole, se rendit fort intéressant. Plus tard dans l’après-midi, M. Hyacinthe Arsenault, Bachelier-ès-Arts du Collège Sainte-Anne, Church Point, sut intéresser vivement la foule qui était accourue pour l’entendre. Puis le dernier, mais pas le moindre, vint M. Henri P. LeBlanc, de Moncton, qui s’est distingué par un discours de haute envolée. M. LeBlanc, dont la réputation comme orateur est au-délà de tout éloge, s’est surpassé encore cette fois-ci, (Quis crederet) est nous l’en félicitons. Les trois discours furent de véritables emporte-pièce. On a parlé du glorieux passé de nos ancêtres, de leurs souffrances, de l’état actuel de notre petit peuple et des moyens à prendre pour lui conquérir sa place au soleil des nations. Leurs paroles furent soulignées de chaleureux applaudissements. La fête religieuse se termina par le Salut du très Saint-Sacrement, à 7 heures, après quoi eut lieu un gigantesque feu d’artifice qui dura une heure et demie. A 9 heures, “l’Ave Maris Stella” clôtura la fête. Ainsi se font les choses à la Haute Aboujagane.