DIX-HUITIEME CONGRES DES INSTITUTEURS ET DES INSTITUTRICES ACADIENS DE L’ILE DU PRINCE EDOUARD, TENU A LA SALLE STE. MARIE, PAROISSE DE TIGNISH, LES 1E ET DEUX SEPTEMBRE 1910.
Jeudi, 1er Septembre
Ce matin, s’ouvrait à Tignish, le dix-huitième congrès des Instituteurs et des Institutrices Acadiens de l’Ile du Prince Edouard.
A huit heures il y eut grand’messe solennelle célébrée par le Rev. F. X. Gallant, curé de St. Antoine de Bloomfield. Le chœur de la paroisse sous la direction de M. Joseph J. Chiasson exécuté avec entrain les chants de la messe. Le sermon de circonstances fut prononcé par le Rév Dr. Gauthier curé de Palmer Road. Au sortir de l’église on se rendit à la salle Ste. Marie, où l’on procéda à l’ouverture du Congrès.
Première séance, 9½ heures
M. Cyriac Gallant occupe le fauteuil du Président. Sur l’estrade ou remarque : --Les Révds. D. M. McDonald, curé de la paroisse, Léger, curé de St. Paul, Co. Kent, N. B., F. X. Gallant, curé de St. Antoine, de Bloomfield, P. P. Arsenault, curé du Mont Carmel, P. C. Gauthier, curé de Palmer Road, Joseph S. Gallant, Professeur au Collège St. Dunstan, Charlottetown, et M. Martin Gallant, Inspecteur des écoles Acadiennes. Dans l’assemblée il y a MM. Arsènne Arsenault, du grand séminaire de Québec, F. J. Buote, rédacteur de L’IMPARTIAL et J. O. Gallant rédacteur de l’Evangéline, ainsi que la plupart des instituteurs et des institutrices Acadiens de l’Ile. Un bon nombre des paroissiens de Tignish sont aussi présents.
1er No. Discours du Président M. Cyriac Gallant.
Dans son discours d’ouverture M. le Président, se dit très heureux de se trouver à Tignish pour assister à ce congrès. Il passe en revue les congrès. Il passe en revue les congrès des années précédentes, et fait remarquer que nous continuuons à faire du progrès. Il insiste sur la nécessité qu’il y a de rendre nos congrès plus pratiques et aussi plus intéressants. Si nous désirons réussir il nous faut toujours marcher de l’avant et ne jamais reculer. M. Gallant fait une touchante allusion à la mort de M. Joseph Blanchard, et, il exprime les sentiments de toute l’assistance lorsqu’il dit que chacun des membres de l’association a vivement regretté la mort de M. Blanchard. M. le Président termine son discours en invitant les instituteurs et les institutrices à prendre une part active dans les délibérations du Congrès. Des communications sont recus des Révds. Théodore Gallant et Jean Gaudet, exprimant leurs regrets de ne pouvoir assister au Congrès.
2e No. Discours de Bienvenu, par M. le Curé D. M. McDondald.
Le Rév. D. M. McDonald, souhaite une cordiale binevenue aux congréssistes. Il se dit fier de rencontrer les instituteurs et les institutrices, et fera tout en son pouvoir pour faire réussir le Congrès. Ensuite, le Rev. Père nous parle de la grande importance de l’éducation. Il nous dit de veiller à la conservation de notre langue, et il affirme que des progrès marquants se font quant à l’enseignement du Français dans nos écoles. Père McDonald nous dit que lui-même avait aidé à faire adopter une série de livres de lecture française pour les écoles acadiennes, et, qu’il croyait que cela avait beaucoup fait pour l’avancement du Français dans cette Province. Père McDonald termine son discours en encourageant les instituteurs et les institutrices de continuer leur bon travail.
3e No. Lecture et Adoption du Procès Verbal du dernier Congrès.
M. le Secrétaire donna lecture du compte-rendu du 17e Congrès, tenu à St. Jacques, les 25 et 26 août, 1909, lequel est unanimement adopté.
4e No. Nomination des Comités.
M. le Président nomme les Comités suivantes :
Comité de Finance : Mlles. Théodosie Gallant, Evangéline P. Arsenault, Mélanie Arsenault.
Comité de Résolutions; Rév. P. C. Gauthier, Mlles. Fidélis Gaudet, et Marguerite Poirier.
Comité de Constitution; M. Alphonse Gallant, Mlles. Evangéline J. Arsenault et Eléonore Arsenault.
5e No. Discours par les membres du clergé et autres messieurs.
Le Rev. Père Léger est le premier appelé a prendre la parole. Il commence par dire qu’il n’était pas venu pour parler mais plutôt pour écouter. Il y a des félicitations pour les Acadiens de l’Ile sur les progrès qu’ils ont accomplis. Au Nouveau Brunswick voilà déjà plusieurs années que l’on essaie à faire des Congrès comme celui-ci, mais, jusqu’à présent, on n’a pu réussir; tous les efforts ont été en vain. Mais, après avoir vu ce qui se fait ici, Père Léger dit qu’il leur faudra encore essayer et ne pas se décourager avant que ces efforts soient couronnés de succès. Père Leger nous dit que les écoles primaires de l’Ile sont supérieures aux écoles du Nouveau Brunswick, et, il attribue ce résultat aux congrès qui ont lieu chaque année dans les différentes paroisses Françaises. Il encourage donc les instituteurs et les institutrices acadiens d’assister à ces congrès et de travailler autant que possible pour les faire réussir, il termine son discours en remerciant l’assemblée du chaleureux accueil qui lui à été fait.
Le Rev. F. X. Gallant prend ensuite la parole. Il est content de pouvoir assister à ce Congrès. Nous travaillons pour une bonne cause et nous pouvons être assurés que nous réussirons. Père Gallant fait remarquer que dans la province de Québec, les Congrès pédagogiques commencent toujours par la sainte messe à laquelle tous les instituteurs et les institutrices vont recevoir la sainte communion; aussi chaque séance des Congrès est ouverte et close par la prière. Il dit qu’il aimerait que l’on suivrait ce bel exemple. Ces suggestions paraissent obtenir l’assentiment de l’assemblée, et, il est résolu qu’à l’avenir toutes les séances soient ouvertes et closes par la prière.
Le Rev. Père P. P. Arsenault, nous parle du réveil national qui se fait en Acadie. Les questions nationale sont étudiées, et discutées, et des moyens sont pris pour faire avancer notre peuple. Il y a quelques années passées, l’on aurait pas cru que le petit peuple acadien, aurait pu faire tant de progrès, mais les choses sont bien changées aujourd’hui; et, le peuple acadien demande son petit coin au soleil des nations et il va l’obtenir et le conserver. Père Arsenault, nous parle ensuite des Conventions de Memramcook, et de Church Point, et fait comprendre la grande importance de ces réunions. Et en terminant, il insiste sur la grande nécessité de l’instruction religieuse dans l’éducation de la jeunesse.
Le Rév. Dr. Gauthier est l’orateur suivant. Il nous fait remarquer que le but de nos Congrès est surtout l’avancement de la langue française. Par raison de leur situation au milieu des autres nationalités, les Acadiens de l’Ile ont beaucoup de difficultés à conserver leur langue. Voilà pourquoi il est de la plus grande importance de nous réunir en Conventions, et de discuter et d’étudier les moyens à prendre pour nous protéger. Père Gauthier nous dit que dans plusieurs de nos plus anciennes paroisses les jeunes gens parlent presqu’exclusivement l’Anglais. Ceci est vraiment regrettable, et, il nous faut réagir promptement si nous ne voulons pas voir la langue française disparaître dans ces paroisses. Il ne suffit plus de dire de belles choses; il faut de plus agir : il faut prendre de fortes résolutions de toujours parler le français partout où cela est possible. Il faut inspirer à notre jeunesse acadienne le respect national. Il faut imprimer profondément dans leurs cœurs l’amour de la religion, de la langue et de la patrie. Ne ménageons donc pas nos efforts quand il s’agit de faire honneur à notre race, et l’avenir sera à nous.
Le Rév. Joseph S. Gallant félicite les congressistes venus en aussi grand nombre. Ces congrès sont un moyen pour les jeunes instituteurs et institutrices de se mieux préparer à l’enseignement. Car, pour bien enseigner il ne suffit pas d’avoir beaucoup de connaissances; il faut de plus de bonnes méthodes; et, surtout pour les commercants, il faut que l’instituteur emploie les meilleurs méthodes, sans quoi il ne saurait réussir. Père Gallant dit qu’un des meilleur moyens d’obtenir l’attention des élèves est d’éveiller leur curiosité. Il nous dit aussi que régie générale nos élèves abandonnent l’école et l’étude trop, tôt et, ceci est une des raisons pourquoi nous ne faisons pas tous les progrès que nous devrions faire. Il est regrettable que souvent lorsqu’il y a des positions qui pourraient être données aux nôtres, nous n’avons personne capables de les remplir.
M. J. O. Gallant, rédacteur de l’Evangéline prend ensuite la parole. Il dit qu’il est venu comme le représentant officiel de l’Evangéline qui s’intéresse d’une manière spéciale à l’éducation et surtout à l’éducation française. M. Gallant nous parle de l’intruction primaire au Nouveau Brunswick, et, il nous dit qu’il y a encore beaucoup d’améliorations à faire. Lui aussi croit que les écoles primaires de l’Ile sont supérieures à celles du Nouveau Brunswick font très bien : mais, il faudrait que les écoles prépareraient les élèvent qui vont continuer leurs cours aux collèges beaucoup mieux qu’elles ne le font à présent. M. Gallant dit que l’Évangéline aidera toujours quand il sera question de l’éducation pour nos population acadiennes, et, que nos Congrès auront toujours son appui.
M. Jean O. Arsenault est l’orateur suivant : Il dit qu’il a enseigné pendant cinquante ans, et qu’il doit avoir un peu d’expérience. Toutefois, il croit qu’il peut encore en apprendre, et c’est pour cela qu’il assiste à nos congrès. M. Arsenault insiste beaucoup sur la nécessité de toujours parler le Français en famille, et aussi partout où cela peut se pratiquer. Les instituteurs et les institutrices devraient faire de grand efforts pour se perfectionner dans la connaissance de la grammaire et de la littérature française. M. Arsenault dit que cela est leur devoir et qu’ils devraient s’en faire une gloire et un plaisir. Les remarques de M. Arsenault sont fort appréciées par l’auditoire.
M. Arsène Arsenault est très heureux de pouvoir assister au Congrès. Il ne doute pas que ce soit un grand succès. Nos Congrès ont fait beaucoup de bien par le passé, et ils sont destinés à en faire encore beaucoup plus à l’avenir. Chaque membre de l’association devrait prendre une part active aux délibérations, et ainsi contribuer au succès du Congrès.
M. F. J. Buote, rédacteur de l’IMPARTIAL, vient ensuite. En termes éloquents, il nous parle de la grande mission de l’instituteur, et nous fait voir la grande importance de l’éducation. Il nous parle ensuite de l’état de l’éducation dans cette province, et nous dit que nos écoles françaises font des progrès marquants. Les parents semblent y porter beaucoup d’intérêt, et les instituteurs et les institutrices sont des plus dévouées. M. Buote dit que l’IMPARTIAL s’est toujours montrée l’amie de la classe enseignante, et qu’elle va continuer à travailler comme elle a fait par le passé pour l’avancement de l’éducation. M. Marin Gallant, inspecteur des écoles acadiennes, dit qu’il est très content de voir presque tous les instituteurs et les institutrices présents. Ceci démontre qu’ils ont à cœur l’avancement du Français. M. Gallant dit que ces Congrès sont un moyen de stimuler l’enthousiasme de la classe enseignante, et, que si ce n’était que pour cette raison, il nous faudrait les continuer; mais, il y a plusieurs autres raisons pourquoi nos Congrès sont d’une grande utilité; et, sans vouloir les énumérer, il suffit de dire que, règle général les instituteurs et les institutrices qui y assistent le plus régulièrement sont ceux qui réussissent le mieux dans l’enseignement. Après ces discours on ajourna cette séance jusqu’à deux heures de l’après midi.
Deuxième Seance (2 heures p.m.)
A deux heures eut lieu la deuxième séance du Congrès sous la Présidence de M. Cyriac Gallant.
Prière :-- Rév. D. M. McDonald.
1er No. Lecture et Adoption de l’état financier de l’Association.
M. le Secrétaire-Trésorier lut le rapport de l’Etat-financier de l’Association pour l’année 1909-10. Ce rapport accusait une dépense de $37.35, et un revenu de $93.27. Ce qui laisse un montant de $55.92 en caisse, le premier septembre, 1910. Ce rapport est unanimement adopté.
2e No. “Le Rôle de l’Instruction et de la Religion dans l’Education Populaire”. Par M. Henri Blanchard.
Cet écrit consistait d’extraits titrés des œuvres de Bossuet et de Dupanloup. Des remarques sur cet écrit sont faites par les Révds. P. P. Arsenault, D. M. McDonald, Léger, P. C. Gauthier et les MM. F. J. Buote et Arcène Arsenault. Un votre de remerciements fut présenté à M. Blanchard.
3e No. Ecrit “Les Punitions Corporelles”, par M. Denis D. Arsenault.
Dans cet écrit M. Arsenault nous parla de choses très importante. Il dit qu’en générale il faut beaucoup ménager les punitions corporelles. Il faut tâcher de conduire les élèves plutôt par l’amour que par les punitions. Si l’élève aime et respecte le maitre il sera facile pour celui-ci de se faire obéir, et ainsi il pourra facilement conduire ses classes. Il est souvent bon pour l’instituteur de consulter les parents avant d’infliger des punitions sévères aux élèves. Il ne faut jamais que l’instituteurs agisse par colère; il lui faut toujours rester calme et patient; il doit toujours juger les choses comme elles sont, et ne se jamais laisser guider par des préjugés.
Cet “Ecrit” fut beaucoup apprécié par l’auditoire, et, il souleva une discussion à laquelle prirent part :-- Revds. P. P. Arsenault, P. C. Gauthier, et les MM. Marin Gallant, F. J. Buote, et Henri Blanchard. On a tous beaucoup de félicitations pour M. Arsenault, et un vote de remerciements lui est présenté par l’Association.
4e No. Discours “La Méthode Noël” Par M. J. O. Gallant.
Dans ce discours M. Gallant nous fait connaitre ce qu’est la méthode “Noël”. Il nous dit que cette méthode exciat les livres et veut que tout soit vivant dans la classe. M. Gallant dit que cette méthode est fondée sur le principe “que tout enfant est intelligent” et qu’il s’agit de développer cette intelligence. Dans cette méthode on fait beaucoup de cas de toujours encourager les enfants et de ne jamais rien dire ou faire qui puisse les décourager. Des résultats vraiment remarquables sont obtenus en suivant cette méthode. Les “leçons des choses” sont aussi beaucoup employées. M. Gallant affirme que la méthode “Noël” est très pratique, et il croit que l’on devrait en faire usage un peu plus dans nos écoles.
Ce discours souleva une discussion qui fut assez intéressante. Y prirent par :--M. Henri Blanchard et les Revds. P. C. Gauthier, P. P. Arsenault et Joseph S. Gallant.
Un vote de remerciements fut présenté à M. Gallant.
Avant la clôture de cette séance, les instituteurs et les institutrices furent invités à assister à une séance dramatique et musicale donnée par les jeunes Acadiens et Acadiennes de Tignish, à la salle “Tignish” le soir même. Cette gracieuse invitation fut unanimement acceptée. Ensuite, il y eut ajournement jusqu’à vendredi matin, à neuf heures.
Vendredi, 2 Septembre
Troisième Séance, 9 h. a.m.
A neuf heures ce matin eut lieu la troisième séance du congrès sous la Présidence de M. Cyriac Gallant.
Prières :-- Révd. P. C. Gauthier, M. le Président lut une communication de l’hom Benjamin Gallant exprimant son regret de ne pouvoir assister au Congrès.
1er No. Ecrit, “Ce que nous devons faire comme Instituteurs” Par Mlle. Théodosie Gallant.
Dans ce magnifique “écrit” Mlle Gallant nous parla de beaucoup de choses touchant l’enseignement. D’abord elle nous parle de ce que doit faire l’instituteur la première journée de classe. Il est très important de faire un bon commencement. Pour faire cela il faut s’y bien préparer. Il faut savoir un peu d’avance en quelle condition est l’école, il faut avoir une idée du nombre des élèves, de leurs âges, etc. ensuite ou est en mesure de se formuler un programme, et ainsi l’on pourra donner une bonne impression dès le premier jour. Il est vrai que ce que l’on apprend par expérience est souvent le plus profitable, mais, dans l’enseignement il faut tâcher aussi de profiter de l’expérience des autres et de cette manière on pourra éviter bien des chutes et ainsi gagner beaucoup de temps. L’instituteur doit surtout bien étudier le caractère des enfants; il faut absolument les bien connaitre si l’on veut réussir. Dans l’administration d’une école on rencontre parfois des cas de discipline qui demandent une décision immédiate. Il faut donc que l’instituteur ou l’institutrice réfléchises sérieusement sur les différentes phrases de l’administration de l’école afin de savoir résoudre les problèmes qui s’y présenteront. Un des meilleurs moyens d’empêcher les élèves d’être bruyants pendant la classe est de les tenir toujours occupés. Exiger des devoirs écrits et que ces devoirs soient faits avec le plus grand soin. Avec les plus jeunes il faut un programmes très varié. Un peu de tact dans ces petites choses vaut beaucoup. Une chose absolument nécessaire si l’on veut obtenir de bons résultats est l’assistance régulière. L’élève qui s’absente souvent est toujours en arrière de sa classe, et de plus, le progrès général de l’école entière est retardé, Mlle. Gallant dit que l’on ne doit pas négliger l’enseignement de l’agriculture et des sciences naturelles dans nos écoles. Les quelques moments ainsi employés seront de plus de valeur que l’on voudrait croire. Enfin, il faut aussi ne pas oublier le chant et les déclamations. Au moins enseignons les hymnes nationaux. Les enfants les chanteront ensuite chez leurs parents, et, il n’y a rien qui inspire le patriotisme chez un peuple, qui lui fait connaître et aimer l’histoire des ses ancêtres comme les hymnes patriotiques. En terminant. Mlle. Gallant cite les belles paroles de l’hon. A. Routhier :
“Si nous voulons devenir un peuple qui commande l’admiration il faut rendre fort et glorieux ce verbe que nous avons reçu de la France et qui est à la fois le signe, la marque et l’aliment de note vitalité.
“O jeunes gens, sans doutevous avez vu quelques fois mourir un homme! Quand sa langue s’est embarassée, et ne pouvait plus accentuer ses mots, vous ayez dit : Il n’en a pas pour longtemps, et quand Il a perdu tout à fait la parole vous en avec conclu que le souffle-même de la vie allait bientôt lui manquer.
“Eh bien! Il en est de même d’un peuple. Quand sa langue se paralyse, quand sa mémoire ingrate en oublie les patriotiques accents, quand son verbe ne se fait plus entendre pour célébrer ses gloires et revendiquer ses droits c’est qu’il est en danger de mort.
“Quelles que soient les épreuves de l’avenir ne faisons pas comme les enfants d’Israël, qui, captifs aux bords des fleuves de Babylone, suspendaient leur lyre aux branches des arbres et pleuraient. Chantons plutôt aux étrangers les hymnes de la patrie, racontons-en les glorieuses histoires et apprenons leur a respecter le sang qui coule dans nos veines et la langue que la Providence nous a donnée pour manifester nos sentiments et nos pensées.
Cet “Ecrit” fut discuté par les MM. François Richard, Denis D Arsenault, Adrien Arsenault, Joseph Bernard, J. O. Gallant, Jean O. Arsenault, Arsène Arsenault, Mlles. Marie Louise Arsenault, Marguerite Poirier et Fédélis Gaudet et les Révds. Arsenault, Gauthier et Léger. Mlle. Gallant reçut beaucoup de félicitations pour cet écrit et un vote de remerciements lui fut présenté par l’association.
M. Stephen J. McDonald, Eccl. qui se trouvait présent fut ensuite invité à prendre la parole. Il félicite les instituteurs et les institutrices acadiens et se dit heureux de les voir travailler à l’avancement de la langue française.
M. McDonald les encourage à continuer et leur souhaite plein et entier succès. Le discours de M. McDonald fut fort goûté par l’assemblée.
2e No. Ecrit; --“Le Parler Canadien en Famille” Par, M. Arsènne Arsenault, Eccl.
Cette lecture amusa beaucoup l’assemblée. Un vote de remerciement fut présenté à M. Arsenault, après quoi il y eut ajournement jusqu’à deux heures de l’après midi.
Quatrième Seance, 2h p. m.
A deux heures eut lieu la quatrième séance du congrès sous la présidence de M. Cyriac Gallant.
Prières;-- Rév. P. C. Gauthier.
1er No. Ecrit; “Origine et Développement de notre Langue” Par, M. Adrien Arsenault.
Dans cet écrit M. Arsenault nous raconta l’histoire de l’origine et du développement de la langue française. Il nous dit que ce fut de la Gaule bâtie par des peuples d’origines différentes d’où est sorti de premier dialecte, qui plus tard se développa en la belle langue de Racine.
Après la conquête de la Gaule par les Romains le bas-latin et non pas la langue aristocratique devint l’élément prédominant du parler gaulois, et chose étrange, lorsque les Gaulois furent conquis par les Francs sous Clovis, ceux-ci subirent l’influence des mœurs et des coutumes gauloises tellement, que la langue ne fut altérée que par une faible teinte de mots germaniques. Dans le cours des ans de sentiment national s’éveille, et les Gaulois brillèrent dans le rang des peuples. Leur langue se développe rapidement, et dans la suite des âges s’adoucit peu à peu. Le moyen âge fut fertile en écrivains, mais peu ont laissé d’ouvrage durable. Au XVIe siècle, l’inspiration poétique soufflait de toute part, mais une chose manquait aux œuvres de cet âge; c’était la forme. Enfin vint le 17e siècle littéraire par excellence. Nous y voyons paraître; Corneille, Molière, Lafontaine, Boileau, LaBruyère, et Bossuet, ces incomparables génies. Le 18e siècle est plutôt le siècle de la science et de la philosophie. Ensuite vint le 19e siècle ou brillèrent Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset, Chateaubriand Thiers et autres, qui portèrent la langue française à un si haut dégrée de perfection. Après avoir fait cet historique du développement de notre langue, M. Arsenault nous fit un chaleureux appel de toujours l’aimer et de la parler. Il termina par ces paroles : Enfin, parlons notre langue! Que jamais les liens de la honte nous empêchent d’articuler ces sons que nous avons appris sur les génoux de nos mères, ces mots qui ont porté nos premières pensées vers l’Eternel, cette langue que parla Louis XIV, et que parlent encore tous les diplomates, de l’univers, cette langue qui fut témoin de derniers adieux de Gabriel, et qui doit être partout notre orgeuil, et notre amour.
L’écrit de M. Arsenault fut discuté par les MM. Marin Gallant, Henri Blanchard, et les Révs. Arsenault et Léger. M. Adrien Arsenault reçut de chaleureuses félicitations pour cet écrit et un vote de remerciments lui fut présenté par l’association.
2e No. Écrit; “Conseils aux jeunes Instituteurs” Par, M. l’Inspecteur, Marin Gallant.
Dans cet écrit M. Gallant donna des conseils très pratiques aux jeunes instituteurs Il parla de plusieurs choses touchant l’enseignement. Cet écrit fut fort apprécié par les instituteurs et sans doute si les conseils de M. l’Inspecteur sont suivis de bons résultats seront obtenus.
Cet “Ecrit” fut discuté par Rev. Joseph S. Gallant, M. Arsène Arsenault et Mlle. Théodosie Gallant. Un note de remerciements fut présenté à M. Gallant pour cet écrit.
3e No. Rapports des Comités : Mlle. Théodosie Gallant, Présidente du “Comité de Finance” fait son rapport. Elle dit que les livres de M. le Trésorier ont été examinés et que tout y était correct. Les dépenses pour l’année 1909 se sont élevées à $37.35 et les recettes ont été de $93.27, laissant un montant en caisse le 2 septembre de $55.92. Ce rapport fut adopté à l’unanimité.
M. Alphonse Gallant, Président du “Comité de Constitution” proposa les résolutions suivantes : --
Résolu qu’un Comité de trois personnes soit nommé pour revoir la constitution et d’ajouter aux règlements de l’association, et de plus que ce comité fasse son rapport au prochain congrès.
Résolu de plus, que ce comité soit composé des personnes suivantes :-- MM. Marin Gallant, Pierre Leclair et Henri Blanchard. Ces résolutions furent adoptées à l’unanimité.
Le Rev. P. C. Gauthier, Président du “Comité de Résolutions”, proposa la résolution suivante qui fut unanimement adoptée :--
Résolu, que l’inscription suivante soit faite au procès verbal de ce Congrès :--
Les membres de l’association des instituteurs acadiens de l’Ile du Prince Edouard, ont appris avec un vif regret la mort de M. Joseph Blanchard, ancien président de cette association, et l’un de ses membres les plus distingués.
M. Blanchard fut toujours un patriots dévoué et convaincu qui ne ménagea ni ses démarches ni ses efforts pour l’avancement de cette association.
Les membres de l’association des instituteurs présentent à la famille de feu M. Blanchard l’expression de leurs sympathies les plus sincères, et la prient de vouloir bien croire qu’ils prennent une large part dans cette douloureuse épreuve à son deuil et à son affliction.
4e No. Boite aux Questions.
Plusieurs questions plus ou moins importantes furent discutées.
1ère Question : Doit-on continuer à enseigner l’alphabet de la série de la Nouvelle-Ecosse, ou adopter celle de Rochon? Plusieurs personnes prennent part à cette discussion. Entre autres : --MM. Jean O. Arsenault, J. O. Gallant, et Revd. P. C. Gauthier. On est tous de l’opinion que l’on devrait adopter l’alphabet de Rochon.
2e Question. Est-ce que nos instituteurs et nos institutrices lisent nos journaux? Discutée par, les MM. F. J. Buote, J. O. Gallant, Marin Gallant, Henri Blanchard, et les Revds. P. C. Gauthier et P. P. Arsenault. On s’accorde à dire que nos instituteurs et institutrices devraient au moins s’abonner à un de nos journaux acadiens mais que cela n’était pas encore suffisant et on encouragea les instituteurs et institutrices à s’abonner à plusieurs bons journaux lorsqu’ils sont en mesure de le faire. Ici, M. F. J. Buote, rédacteur de L’IMPARTIAL fit la proposition suivante aux instituteurs et institutrices : --Que chaque instituteur ou institutrices qui enverrait à L’IMPARTIAL douze communications durant le cours de l’année recevrait le journal gratis. Un vote de remerciements fut présenté à M. Buote pour cette offre généreuse.
3e Question : Quels moyens pourrait-on prendre pour développer la curiosité et stimuler l’ambition des élèves acadiens? Cette question fut discutée par Revd. P. C. Gauthier, Arsène Arsenault, J. O. Gallant et Henri Blanchard. Au cours de cette discussion, M. Henri Blanchard fit des remarques qui étaient de nature à offenser certaines personnes; il y eut des protestations de part et autre, et après une discussion assez animée M. Blanchard fut obliger de rétracter ses paroles et la chose en restra là.
M. Marin Gallant proposa la résolution suivante qui fut unanimement adoptée : --
Vu, que Dieu dans sa Divine Providence a enlevé à l’affection du Revd. Dr. Gauthier, membre dévoué de notre association, sa digne et bien-aimée mère. Résolu que notre association offre au Revd Dr. Gauthier l’expression de ses plus tendres sympathies de condoléances dans la perte qu’il vient de subir.
Résolu de plus, que copie de cette résolution soit inscrite au procès verbal et envoyée au Rev. Père Gauthier et aux journaux pour publication.
La résolution suivante fut aussi adoptée à l’unanimité :-- Résolu, que l’association des instituteurs consacre une somme d’argent, (de vingt à vingt-cinq piastres) à l’achat de livres qui seront distribués dans chaque arrondissement. Et de plus résolu, que ces livres soient mis sous les soins des Présidents des arrondissements. Résolu qu’un comité composée de Revd. P. P. Arsenault, et Mlles. Téhodosie Gallant et Josephine Poirier soit nommé pour faire l’achat de ces livres.
Un vote de remerciements est présenté au Revd. Père Léger, à lequel il répond et dit tout le plaisir qu’il a eu en assistant à ces séances.
Des votes de remerciements sont aussi présentés au Revd. D. M. McDonald, et aux bons paroissiens de Tignish pour leur gracieuse hospitalité durant ces jours de congrès. M. Joseph J. Chiasson dans un très beau discours répondit au nom des paroissiens.
Des votes de remerciements sont aussi présentés à L’IMPARTIAL à l’Evangéline et au Moniteur Acadien. M. J. O. Gallant, rédacteur de l’Evangéline répondit au nom des journaux acadiens.
Un chaleureux vote de remerciements est présenté aux amateurs qui ont donné la jolie séance de jeudi soir, M. François Richard répondit au nom de ces personnes.
3e No. Election des Officiers.
L’Election des officiers pour l’année 1910-1911, donna les résultats suivants :--
Président M. Cyriac Gallant
Vice Président Mlle Théodosie Gallant
Secrétaire-Trésorier M. Henri Blanchard
Comité de Régie M Marin Gallant, M. Jean O. Arsenault, Mlle. Marguerite Poirier, M. Alphonse Gallant
Vice-Présidents pour les Arrondisements.
Tignish et Palmer Road Mlle Fidélis Gaudet
Bloomfield Mlle Ursule Gallant
Egmont Bay Mlle Evangéline J. Arsenault
Mt. Carmel et Miscouche Mlle. Marguerite Poirier
Rustico et Hope River M. Pierre Leclair
Voici les noms des nouveaux membres qui se sont enrôlés à ce Congrès :--
Mlles. Roséline Arsenault, Encéline Arsenault, Lucie Blanchard, Ida Chrisopher, Annie Keough, Zita Gaudet, Eunie Ready, Ella McGrath et Lucie Doiron.
Le programme étant épuisé on clôtura le congrès au chant de “l’Ave Maria Stella” et “Dieu sauve le Roi”.
Henri Blanchard
Secrétaire