Correspondance

Newspaper
Year
1906
Month
11
Day
29
Article Title
Correspondance
Author
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Page Number
4
Article Type
Language
Article Contents
Correspondance Monsieur le Rédacteur : Pemettez-moi d'occuper un petit espace dans votre estimable journal, pour vous témoigner toute la, satisfaction que j'ai à lire votre vaillante feuille qui ne cesse de semer le bien parmi vos lecteurs. Si vous dire comment j'admire votre travail, tout a fait évangélique, que vous et votre noble compagne c'est imposé, peut vous servir de consolation, vous en avez plein mon cœur. Que j'ai éprouvé du bonheur en lisant les causeries ou les "coups de plume de ce gentil Sylvain ainsi que les très intéressantes correspondances d'Acadien et de M. Paul, (Paul, notre romancier acadien,) concernant l'idée de fonder UD collège français sur l'île. J'admire leur patriotisme qu'on ne peut p'ua désormais contester. J'ose espérer que nous en verrons surgir beaucoup d'autres patriotes qui ont l'esprit et le cœur faits sur ce moule. Oui je suis certaine qu'un grand nombre de personnes, même parmi les indifférentes vont se ranger du côté de ces amis de l'éducation et feront inscrire leur nom sur votre liste de souscription. Pour ma part, M. le rédacteur, je vous autorise d'inscrire mon nom pour la somme de $10.00, somme très minime, mais que voulez vous nous femmes nous n'avons pas le maniement de l'argent, mais je puis vous dire que nous avons le secret de faire délier le cordon des bourses, et nous en userons quand le collège sera devenu un fait assuré; mais une triste pensée vient se mêler à ma joie; c'est l'indifférence qui existe parmi nos nationaux lorsqu'il s’agit de l'éducation surtout des jeunes filles. Nous avons des maisons d'éducations supérieures : de premier ordre, sur l'île. Je veux parler de nos couvents. Sont-ils patronnés par nos jeunes demoiselles acadiennes comme ils devraient être? Malheureusement non, et pour prouver ce que j'avance je puis dire, avec connaissance de cause, qu'un de nos couvents, situé dans une paroisse acadienne, a été sur le point de fermer ses portes faute d'élèves. Est-ce que le collège n'encourait pas le même danger, .si toutefois nous réussissions, un jour d'élever ce monument national? Quelque un dit qu'il est plus essentiel de faire instruire les garçons que les filles : devenues maitresses de maison ces dernières n'ont pas besoin d'éducation pour faire le ménage et soigner les enfants; que nos mères acadiennes n'avaient pas d'éducation et qu'elles se sont très bien tirées d'affaire. Oui nos mères étaient, en général, d'excellentes femmes chrétiennes et ont su par leur courage et leur dévouement se tirer d'affaire, mais soyez en convaincu que si elles avaient possédé une éducation telle que nos filles ont le bonheur de puisser dans nos couvents aujourd’hui, les mères d'autrefois auraient su doublement mieux accomplir leur mission; et puisque le devoir nous incombe le soigner les enfants et veiller à leur éducation première ainsi que de voir au comfort de la famille, etc., plus la mère sera instruite plus sagement elle remplira ses devoirs; plus elle contribuera au bienêtre de la famille. C'est souvent que j'ai entendu cette malheureuse expression : Que mes enfants fassent comme moi. Je ne suis pas instruit et je puis cultiver ma terre et remplir mes devoirs envers mes semblables et l'état. Heureusement que tous ne pensent pas ainsi. J'ai eu le bonheur de connaître un excellent acadien, père d'une nombreuse famille, qui souvent déplorait son manque d'éducation. Il ne savait pas même lire. Un jour en ma présence, un voisin lui dit. Comment ce fait-il que tu es si anxieux pour faire instruire tes enfants? Tu réussis pourtant assez bien et tu n'es pas instruit". "C'est justement pour cette raison, répondit-il : Je ne veux pas que mes enfants rencontrent les mêmes difficultés que j'ai eues à surmonter, Tu dis que je réussis assez bien sans éducation. Et bien si je possédais une bonne éducation je suis persuadé que je réussirais d'avantage. Si ce brave homme vivait aujourd'hui, je suis certaine que son nom figurait au premier rang sur votre liste, M. le rédacteur, pour un montant assez respectable. Je m'arrête car je crains qu'on va me traitée de bavarde.