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Causerie Intime
Par Sylvain
L'étude du français semble progresser d'une manière encourageante dans cette partie des Provinces Maritimes. L'IMPARTIAL nous a donné un compte rendus très-complet des séances du congrès annuel des instituteurs Acadiens de l'Ile. L'intérêt dans cette société et dans son but augmente d'année en année, et l'effet de ses travaux se fait sentir par une étude plus approfondie et une connaissance plus générale de notre incomparable langue maternelle. Sans doute, la présence de notre clergé à ces assemblées y apporte du prestige ; leurs encouragements et leurs paroles sages et pratiques y sont pour beaucoup dans le succès de ces réunions mais si les instituteurs et les contribuables s'abstenaient d'assister en si grand nombre, les chances de réussite dans cette noble tâche seraient de beaucoup amoindries. La belle notice dont L'IMPARTIAL a favorisé notre Association dans son premier Tignish du 26 juillet nous encourage de plus en plus, et l'an prochain nous rediront de nouveaux succès, de nouvelles victoires. Je suis certain que tous les instituteurs font leur possible pour mettre en pratique les méthodes d'enseignement suggérées et prouvées par ces congrès. Malgré le fait regrettable que la presque totalité de nos jeunes Acadiens de l’Ile ne pourront suivre des cours supérieurs de français dans un de nos collèges, je suis convaincu qu'ils sortiront de l'école paroissiale ou du couvent avec nue connaissance passablement approfondie de leur langue maternelle. Pourquoi n'encouragerait-on pas encore d'avantage la composition par de écrits sérieux dans nos journaux français? Dans l’IMPARTIAL, je vois bien quelques nouvelles de nos paroisses de temps en temps, ou bien quelques individus se prennent de querelle à propos de bottes et viennent nous ennuyer avec leurs pretendus griefs et leurs gros mots mal sonnants, et que sais-je encore. Tous cela est généralement écrit dans un français médiocre concerne que les intéressés. Pourquoi nos instituteurs ne traiteraient-ils pas quelque sujet sérieux dans les colonnes de notre journal L'IMPARTIAL? Pourquoi encore ne pas inaugurer des concours entre les écoliers de la plus haute classe de français? Le plus méritant, pour récompense de son travail et de son application, aurait le plaisir de voir son œuvre reproduit dans les colonnes du Journal, ce qui ne serait pas peu, il faut en convenir. Si les instituteurs voulaient s'en donner la peine, il y aurait chaque semaine dans L'IMPARTIAL soit des nouvelles bien rédigées ou des articles courts mais précis sur des sujets concernant notre langue, nos moeurs, notre passé, notre avenir et mille autres sujets semblables qui intéresseraient tous les lecteurs. Je suis certain que L'IMPARTIAL se ferait un plaisir d'ouvrir ses colonnes aux instituteurs et à leurs élèves dans le but si louable de se perfectionner dans l'art d'écrire correctement le français. Qu'en pensez-vous mes amis?
Plusieurs fois déjà, on a préconisé l'idée de fonder un collège Acadien dans l'Ile St. Jean. Un des correspondants de L’IMPARTIAL a même émi un projet très plausible pour prélever l'argent nécessaire à cette entreprise. Depuis un an, je n'en entends plus parler. .Cette idée ne manque pas d'intérêt et d'actualité. II est certain que très peu de parents acadiens de cette province ont les moyens d'envoyer leurs enfants même à Memramcook, malgré le peu de distance qui nous en sépare, pour y compléter l'étude de leur langue maternelle. On enseigne le français au Collège St. Dunstan de Charlottetown, mais le peu de temps qu'on y consacre et la méthode d'enseignement qu'on y suit, sont loin de rencontrer les conditions requises pour une étude sérieuse de cette langue. Comme je l'ai dit plus haut, nos instituteurs ont fait des progrès marquants dans l'étude et l'enseignement du français, mais n'empêche pas que nous sommes loin de posséder des avantages de nos frères du Nouveau Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse. Allons-nous nous en tenir là et rester stationnaires ou même rétrograder, tandis que nos gens de la ‘‘Grande Terre’’ se perfectionnent d'année en année? Voilà un problème important et qui mérite toute l'étude et la considération que comporte l'état de notre isolement national. Si nous nous mettions en train de bâtir un collège, n'avons-nous pas besoin de la permission et de l'encouragements des autorités ecclésiastiques de ce diocèse? Ne pourrait-on pas se demander en certains milieux; —mais pourquoi deux Collèges dans notre petite Ile? Pourquoi pas encourager celui qui existe déjà, et qui a besoin du support français comme du support écossais où irlandais pour subvenir à ses dépenses? Pourquoi faire bande à part, lorsque les portes du Collège St Dunstan sont toutes grandes ouvertes pour recevoir tous ceux qui veulent suivre ses cours et profiter de ses avantages exceptionnels? Voilà déjà un malaise qui peut engendrer des malentendus etc. Dans le cas où l'autorité ecclésiastique s'opposerait à ce projet, qu'allons-nous faire? Pourtant, il nous faut, coûte que coûte, une institution où nos enfants pourront s'outiller, en français comme en anglais, pour le "struggle for life" et à la porté la des moyens des parents, pour pluspart, peu fortunés. Eh bien, dans mon humble opinion, on pourrait éviter tous ces désagréments, en dotant notre collège diocésain de St. Dunstan d'une chaire de français. Nous pourrions il me semble prlever disons $4000 ou $5000, et je suis convaincu que les autorités ecclésiastiques et le Recteur du Collège se ferait un devoir et un plaisir de mettre l'étude du français sur un pied qui rencontrerait l'approbation de notre clergé et de nos esprits dirigeants parmi les laïcs. C'est là mon idée, si je me trompe, je suis prêt à me ranger du côté de celui qui peut suggérer quelque chose de mieux, tout en restant dans le domaine du pratique et du raisonnable.