Rapport Annuel des Ecoles Acadiennes

Newspaper
Year
1903
Month
5
Day
21
Article Title
Rapport Annuel des Ecoles Acadiennes
Author
Joseph Blanchard
Page Number
4
Article Type
Language
Article Contents
Rapport Annuel des Ecoles Acadiennes PAR M. JOSEPH BLANCHARD, INSPECTEUR Alex. Anderson, Ecr., LL. D., Surintendant de l'Education. Monsieur :— J'ai l'honneur de vous soumettre mon deuxième Rapport des Ecoles Acadiennes de cette province. J'ai visité pendant l'année, toutes les écoles qui sont sous ma surveillance, et je suis heureux de pouvoir constater que, en général, j'ai trouvé que le travail qui s'est opéré pendant l'année a été couronné de succès. Il a été fait beaucoup pendant l'année qui vient de s'écouler, tendant à l'amélioration de la propreté de l'école, etc. Les nouvelles maisons d'école bâties à St. Philippe et Toronto, font honneur à ces districts. Les contribuables de Toronto ont fait preuve de beaucoup de zèle et de bon jugement. D'une chétive maison d'école qu'ils avaient jusqu'à l'année dernière, ils peuvent maintenant s'enorgueillir légitimement qu'ils ont mis des plus belles maisons d'école de campagne de la province. L'école de St. Philippe est aussi bien finie et bien équipée. L'école de St. Augustin a été réparée et peinturée à l'intérieur. Les écoles de Roxbury et Doiron's Creek ont aussi subi des réparations qui étaient indispensables. En beaucoup d'endroits les cours d'école ne sont pas encore renfermées et bien trop petites. C'est pitoyable de voir que, pour ces raisons, tous les efforts des instituteurs pour observer le jour des Arbres restent infructueux. Je suis d'avis qu'on ne devrait observer la fête des arbres que dans les districts où les cours sont renfermées et tenues en bon ordre. J’ai constaté qu'il a été fait de grands progrès dans la lecture et l'épellation depuis ma dernière visite; mais il y a encore des instituteurs qui manifestent beaucoup trop d'indifférence sous ce rapport. Je remarque que ceux qui entreprennent trop d'ouvrage à la fois s'exposent à ne pas donner toute la justice désirable à leurs élèves. Les instituteurs ne doivent pas oublier qu'il n'y a que ce qu'ils enseignent à fond qui est réellement de valeur à leurs élèves. L’arithmétique pratique est beaucoup plus enseignée qu'autrefois et les instituteurs sont généralement de l'avis que le livre de textes est à peu près inutile aux classes qui ne sont pas encore rendues au quatrième grade. Avec le livre de textes en main, l'élève même le plus intelligent ne se fait aucun scrupule d'arranger les chiffres de manière à ce qu'il puisse trouver sa réponse, et s'il lui est permis de continuer dans cette voie, il se fait un tort irréparable dans cette partie de ses études. Que les instituteurs se servent du tableau noir comme le livre de textes des enfants; qu'ils voient à ce que chaque enfant fasse son propre ouvrage, et on s'apercevra bientôt que c'est le moyen le plus profitable et le plus agréable d'enseigner l'arithmétique. L'extrait qui suit tiré du Canadian Teacher du 1er décembre 1902, vaut la peine d'être reproduit :- L'esprit comme le corps devient plus fort par l'exercice, et le meilleur, le plus profitable exercice est celui que l'enfant retire de son propre travail. Le maître commet une grande injustice envers l'élève en faisant ce travail pour lui. Le plus que fera l'élève pour lui-même, le plus grand succès aura -t-il réalisé, et la discipline la plus excellente acquise. Aussi bien pourrions-nous nous attendre à voir un enfant qui est constamment porté dans les bras de sa mère, grandir fort, physiquement, que de voir l'élève devenir fort, intellectuellement, en recevant l'aide continue du maître. C'est ce que fait pour lui-même l'enfant qui fortifie ses facultés intellectuelles qui le préparent pour ses travaux subséquents. Cependant on ne doit pas permettre à l'élevé de perdre son temps à lutter contre des difficultés qui sont au-dessus de ses forces. L'élève ne devrait pas obtenir d'aide en tout ce qu'il peut faire lui-même, mais c'est chose vaine et inutile de lui permettre de perdre son temps à résoudre des problèmes qui lui sont incompréhensibles. Aussitôt que le maître s'est aperçu que l'enfant est incapable de surmonter une difficulté, c'est alors le temps propice de le diriger de manière à ce qu'il n'arrête pas dans sa marche, en lui procurant les moyens qui puissent le faire arriver à la victoire? Ce qui précède est non seulement vrai pour ce qui se rapporte à l'arithmétique, mais encore à aucune partie du travail du maître. Il n'est pas rare que l'on trouve, surtout chez les jeunes instituteurs, l'habitude d'aider leurs élèves à résoudre des problèmes que ceux-ci n'out pas même essayer d'approfondir. Les exercices en composition devraient être retouchés par l'élève après avoir été corrigé une première fois pas le maitre. C'est alors que l'élève a à penser pour lui-même et le fruit de ses efforts est rarement oublié. Quoique je ne puisse dire que le progrès ait été général, je suis très satisfait du succès obtenu dans plusieurs écoles, sous le rapport de la composition française. Il serait bon que les maîtres dévouassent autant de temps que possible à la composition anglaise et française. Il n'est pas nécessaire d'attendre jusqu'à ce qu'un enfant soit avancé dans ses classes pour lui faire faire quelques courtes compositions. Un bon nombre d'enfants quittent l'école, n'étant encore qu'au troisième grade et même pas jusque là, et pendant le temps qu'ils ont assisté à l'école, s'ils ont été négligés sous le rapport de la composition; le résultat est que, après être sortis de l'école, ils se trouvent incapables d'écrire même la moindre correspondance. Que l'on donne plus de temps à la composition au risque même que d'autres sujets moins importants en souffrent. Dans les districts où tous ou presque tous les enfants sont français, les parents devraient faire autant que possible de n'engager que des maîtres qui possèdent bien les langues française et anglaise. II y a quelques unes de nos écoles où il se fait très peu de progrès, pour la raison que les enfants qui fréquentent ces écoles sont tous français et que les maîtres qui en ont la direction ne savent que l'anglais. Imaginez-vous un maître qui est ignorant du français, et des enfants qui ne connaissent très peu ou pas d'anglais du tout, et vous pouvez aisément vous donner une idée des progrès qui peuvent y être opérés. Néanmoins, il y a quelques maîtres anglais qui, ayant obtenu quelque connaissance de la langue française, réussissent assez bien dans l'enseignement du français. Ici, M. l'inspecteur donne un compte rendu de la dernière convention des instituteurs français de la province qui a été tenue à Tignish les quatre et cinq septembre. Comme nous avons déjà rapporté cette convention dans tous ses détails, nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire d'en parler ici. (Voir L'IMPARTIAL du 16 octobre 1903). Les exercices en Dictées ne devraient pas être écrits sur l'ardoise comme on le fait ordinairement, mais sur des cahiers exprès, et ces exercices devraient être écrits de nouveau lorsque les erreurs sont nombreuses. Un tel procédé produira un effet durable chez l'enfant, taudis qu'en même temps c'est un exercice pratique. Les instituteurs ne sont peut-être assez exigeants dans ce qui à rapports à la propreté de leurs élèves. La propreté et la bonne discipline doivent aller ensemble, pour la raison que, quand 011 apprend à l'enfant à se tenir propre et soigné, il apprend vite à se respecter lui-même, et ne fait que ce qui convient à un élève. Je donnerais l'avis suivant aux instituteurs :— N'ayez pas trop recours à vos livres de textes. Ne donnez pas à vos élèves plus d'ouvrage qu'ils seront capables d'en faire comme il faut. Faites parler vos élèves d'une voix distincte quand ils lisent, épellent ou répondent à vos questions. Servez-vous librement du tableau noir lorsque vous enseignez l'arithmétique ou la grammaire. Rendez aussi agréable que possible aux petits le séjour à l'école; vous constaterez une assiduité régulière pour votre récompense. Invitez les commissaires et les autres parents à venir souvent visiter votre école; vous trouverez que c'est un des meilleurs moyens de créer chez eux de l'intérêt pour votre ouvrage. Abonnez-vous à quelque revue sur l'éducation. Permettez-moi d'exprimer encore mes sincères remerciements aux instituteurs et aux Acadiens par toute la province pour leur bienveillance envers moi pendant mes visites. J'ai l'honneur d'être Monsieur Votre Obéissant Serviteur JOSEPH BLANCHARD Inspecteur des Ecoles Acadiennes Abram's Village 18 Fév. 1003