Rapport Annuel des écoles acadiennes de l'Ile du Prince Edouard

Newspaper
Year
1902
Month
4
Day
10
Article Title
Rapport Annuel des écoles acadiennes de l'Ile du Prince Edouard
Author
Joseph Blanchard
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Rapport Annuel DES ECOLES ACADIENNES DE L'ILE DU PRINCE EDOUARD (Par M. l’inspecteur Blanchard) ALEX ANDERSON SURINTENDANT D’EDUCATION Monsieur : J'ai l'honneur de vous soumettre mon Premier Rapport Annuel des Ecoles Acadiennes de cette Province. Mes connaissances de la condition de ces écoles avant ma visite d'inspection étant bornées, je ne saurais faire un rapport des progrès opérés pendant l'année. Cependant, je suis heureux de pouvoir dire, que quelques exceptions près, les instituteurs actuellement employés dans ces écoles font preuve de beaucoup d’énergie et accomplissent leurs devoirs avec une grande habileté. Comme les Ecoles Acadiennes sont maintenant du domaine des Inspecteurs anglais, je porte une attention soigneuse et active à l'enseignement du français. Dans tous les cas où il a été possible, j'ai tâché d'avoir des commissaires d'école aux jours de mes visites, un bon moyen, je crois, de leur inspirer de l'intérêt à l'avancement de leurs écoles. Dans plusieurs districts j'ai été surpris d'apprendre que les commissaires sont si indifférents envers leur école que rarement, et dans plusieurs cas, jamais, ils ne la visitent pendant les heures de classe. Je suggérerais que la section 69 [d) de la loi des écoles fut mise en vigueur. Voici cette section : "Les commissaires devront visiter au moins une fois chaque mois les écoles qui sont sous leur surveillance et voir à ce que ces écoles soient conduites selon la Loi et les Règlements du Bureau d'Éducation." En général, la lecture est satisfaisante, mais, dans quelques écoles, elle ne reflète aucune gloire sur les maîtres. Ce défaut est, je crois, le résultat d'une pure négligence, puisque quelques efforts sérieux ne manquent jamais de convaincre qu'avec le soin et la persévérance de la part de l'instituteur, on arrive promptement à faire disparaître la lecture languissante. La grammaire française, est assez bien enseignée dans le plus grand nombre des écoles, mais je crois que les instituteurs devraient s'y appliquer davantage en vue d'arriver à la perfection. Dans plusieurs cas je conseillerais moins de travail des livres de textes et plus de composition et de dictées propres. Une partie de l'étude qui reçoit la part du lion, quant au temps, et qui ne donne pas la satisfaction désirable, est l'Arithmétique. Il m'est avis que les livres de textes ne sont d'aucune valeur quelconque à un enfant jusqu'à ce qu'il parvienne au quatrième grade. Que l'instituteur prépare chez lui l'ouvrage qu'il doit donner à ses jeunes élèves, et quand il entreprend de leur expliquer quelque problème, qu’il soit certain qu’il le fait de manière à leur faire comprendre exactement ce qu’il leur explique. Je suis convaincu que si l’on apportait plus de soin sous ce rapport, les élevés qui se croient compétents de résoudre des problèmes dans les règles de ‘‘Stocks’’ et Racines cubes, n’auraient pas si souvent à rougir en présence d’un exercice de réduction commune ou même plus simple. L'écriture, en général, n'est que médiocre. Les instituteurs devraient donner plus d'attention à cette partie si importante de leur ouvrage et insister à ce que les cahiers soient tenus propres. Depuis quelques années, il y a eu beaucoup de progrès sous le rapport d'enclore et d'agrandir les cours d'école; mais il y a encore plusieurs écoles qui sont arriérées sous ce rapport, quelques-unes, comme celles de St. Roch et Toronto, n'ayant que le chemin public pour COUR. Le jour des Arbres est généralement observé mais trop souvent on néglige ces plantations d'où il résulte que quand arrive le printemps suivant, il ne reste aucun indice du jour des Arbres de l'année précédente. Que le terrain soit bien préparé d'avance et après que les jeunes arbres auront été plantés, qu'on leur donne les soins qu'ils exigent, et en bien peu d'années nos cours d'école seront bien ombragées. Les cours d'école dans le chemin Duvar et au village des Abrams ont été bien renfermées l'été dernier. Plusieurs districts, principalement à Tignish et Bloomfield, tiennent encore aux vacances du printemps et de l'automne : Rustico, Egmont Bay et Mont-Carmel ont adopté les vacances d'été. Je désire attirer l'attention des instituteurs sur les sections 7 et 8 et Le Règlement 22 du Bureau d'Éducation : — "Il est du devoir de tout instituteur d'une école publique de voir à ce que la maison d'école soit bien aérée et tenue dans un état de propreté; d'établir des règlements et les faire observer de manière à ce que le terrain de l'école et les bâtisses attenantes soient maintenus dans une condition propre et d'une manière agréable à la vue; de veiller à ce qu'aucun dommage ne soit causé aux meubles, aux clôtures, aux bâtisses, ou autre propriété de l'école quelconque; de donner avis aux commissaires, par écrit, de toute réparation ou autre chose nécessaire à l'école." Les remarques suivantes écrites par un professeur américain éminent sont applicables à l'Ile du Prince Edouard aussi bien qu'aux Etats Unis : "Ou ne sauraient maintenir de bonnes écoles en aucun arrondissement où les parents manifestent de l'indifférence pour leur école et la manière dont l'ouvrage y doit être conduit. La sympathie et l'intérêt que l'on a pour le bien de l'école deviennent apparents par la présence fréquente des parents pendant les classes. Les parents connaîtront plus intimement le maître, ils seront plus en mesure de faire taire les commentaires inutiles, ils n'agiront jamais de manière à nuire à la direction, la discipline et le travail de l'école; au contraire ils témoigneront toujours de la sympathie pour le maitre et seront toujours prêts à le seconder dans l'accomplissement de la tâche ardue qu'il a à accomplir. Les parents tiennent rarement compte des terribles ravages dont ils sont la cause dans les écoles en s'arrogeant le droit de contre carrer le maitre dans la manière de poursuivre son travail; en refusant ou négligeant d'envoyer leurs enfants à l'école et en manquant de leur inspirer le respect qu'ils doivent avoir pour l'école et pour le maître." Il est du devoir des parents de bien réfléchir sur ces paroles. Les instituteurs devraient faire bien attention aux règles suivantes qui sont indispensables au succès d'une école :— Courtes leçons et bien préparées. Toujours exiger un travail propre et soigneux sur l’ardoise, le livre d'exercice et le cahier. Faire répondre les questions d'une voix forte avec une bonne prononciation. Enseigner plus d’arithmétique pratique. Consacrer un jour à la dictée française, et un autre à la dictée anglaise. Les conventions annuelles des instituteurs Acadiens tendent beaucoup à réveiller l'intérêt parmi les parents et les contribuables. Tous les instituteurs acadiens, sans exception devraient assister à ces conventions ainsi qu'à celles de l'Association provinciale des instituteurs anglais qui ont lieu à Charlottetown. Aucun instituteur qui aime à se tenir au courant du progrès ne saurait se dispenser de recevoir l'instruction gratuite que procurent ces conventions. Ci suit le programme de la dernière convention acadienne tenue à Egmont-Bay, au mois d'août dernier : Adresse d'ouverture par le Président, André Doiron. Discours Leçons sur le Système Métrique. Prof. J. Oct Arsenault. Horaire de l’école —Discussion. Un Papier sur l'éducation— Emmanuel Arsenault. Les Vacances—Discussion Essai sur l’enseignement, Jos. A Gallant, B. A. Leçon sur la Composition, André Doiron. Les conditions sanitaires de l'école. Marin Callant. Lecture des livres anglais— Discussion. Je profite de cette occasion de présenter mes plus sincères remerciements aux instituteurs et aux Acadiens dans toute la province pour la généreuse hospitalité qu'ils ont exercée à mon égard lors de ma première visite officielle. J'ai l'honneur d'être Monsieur Votre obéissant Serviteur JOSEPH BLANCHARD Inspecteur des Ecoles Acadiens Abram’s Village Ce 14 Février,1902