A chacun le Sien

Newspaper
Year
1899
Month
9
Day
7
Article Title
A chacun le Sien
Author
----
Page Number
4
Article Type
Language
Article Contents
A chacun le Sien Il est assez intéressant de suivre la série de compliments que s'envoient le Moniteur et L'Evangéline, par le temps qui court. Le confrère de Shédiac qui pour longtemps, le seul journal français et le maitre absolu des populations françaises des provinces maritimes, pouvait et avec droit répéter le refrain du poète anglais : "I am monarchie of all I Survey My right there is none to dispute", trouve à redire au confrère de Weymouth qui réclame sa place au soleil; l'Evangéline, de son côté, lui répond vertement : "De grâce, ne tâchez donc pas de nous nuire, à nous Acadiens français,'' insinuant par là, nous présumons, que le Moniteur quoique se donnant le titre d'organe des populations françaises des provinces maritimes n'est pas, selon le confrère de Weymouth, un journal acadien proprement dit. Pourtant, pour être franc, il faut admettre que le Moniteur Acadien, le doyen des journaux français de nos provinces a rendu d'immenses services aux Acadiens et nous devons, en toute sincérité lui en être reconnaissants. Aujourd'hui, la face des choses est un peu changée. Pour mettre chacun à sa place et donner justice à tous, chaque province maritime a son journal français, à présent. C'est un grand pas dans l’ère du progrès de notre peuple et nous devons tous nous en féliciter. Chacun de ces journaux a un rôle spécial à jouer en ce qui regarde sa propre province et il doit remplir ce rôle sans crainte et sans peur s'il veut se tenir à la hauteur de sa position, et tous les journaux acadiens doivent marcher ensemble lorsqu'il s'agit de questions ou il y va des intérêts, de notre peuple, en général. Mais on ne saurait approuver le journal qui s'attribue tout le mérite pour aucune chose quelconque, s'il n'a pas réellement gagne tout ce mérite. Cette observation nous reporte à l'incident de l'élévation de feu l’hon. J. O. Arsenault à la position de sénateur. C'est à qui, du Moniteur et de l'Evangéline, persuadera au public que M. Arsenault lui a dû la position qu'il a occupé au sénat avec tant d'honneur pour lui-même et pour les Acadiens. Maintenant, nous sous soumettons que l'élévation de M. Arsenault au sénat n'a été due ni aux efforts du Moniteur ni à ceux de l’Evangeline. Quels sont les faits? Aussitôt que ce siège devint vacant par la mort de M. Montgomery, quel fut le premier journal acadien qui demanda un des nôtres pour le remplacer? Est-ce le Moniteur? Non. Est-ce l’Evangéline? Non. Ce fut l’Impartial, le journal acadien de l’Ile du Prince Edouard. M. Arsenault étant de sa province, l’Impartial avait un devoir à remplir chez lui, et avec l'aide et la coopération de tous les braves Acadiens de l’Ile, sans distinction de parti, et ceux des autres nationalités qui croient au principe du "fair play", et aussi avec les bonnes paroles du Moniteur et de l’Evangéline qui nous appuyèrent- acte pour lequel nous leur sommes très reconnaissants – l’ Impartial fut l’instrument au moyen duquel nous pûmes obtenir cette haute et honorable position pour un des nôtres. Mais disons en passant que dans le temps le pouvoir régnant n'ignorais pas les Acadiens des provinces maritimes au même degré que l’ignore l’administration actuelle, un fait qui est peut-être la cause que l’Evangéline n'a pas réussi à obtenir au sénat un siège pour un des nôtres à la Nouvelle-Ecosse. C’est compris que ce qui précède qu’a pas été écrit par aucun sentiment d'animosité contre nos estimables confrères de l’autre côté; c'est tout simplement pour faire voir qu’il est toujours selon la justice d'accorder à chacun le droit qui lui appartient.