Septième congrès de l'association des instituteurs acadiens de l'Ile Prince Edouard

Newspaper
Year
1899
Month
8
Day
3
Article Title
Septième congrès de l'association des instituteurs acadiens de l'Ile Prince Edouard
Author
Philéas L. LeClerc.
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
SEPTIEME CONGRES DE L’ASSOCIATION DES INSTITUTEURS ACADIENS DE L’ILE PRINCE EDOUARD TENU A LA SALLE DE PALMER ROAD LES 20 ET 21 JUILLET, 1899 A 9 a.m. jeudi le 20 juillet les cloches de la belle et spacieuse église de Palmer Road appelaient les fidèles à la prière afin de demander à Dieu de bénir les instituteurs acadiens dans l'œuvre qu'ils se proposaient d'accomplir. Qu'elle dût être agréable au Souverain Seigneur cette prière fervente émanant des cœurs de tant de fidèles réunis et montant comme un parfum délicieux au pied de son trône. Le saint sacrifice fut célébré avec solennité; le Rev. S. Boudreault officiant, les Rev. F. X. Gallant et Lelandais remplissant respectivement le rôle de diacre et de sous- diacre avec le Rev. A. E. Burke comme maitre de cérémonies. Le cœur exécuta la messe du St. Esprit avec un entrain admirable. Le Rev. J. S. Turbide fit une touchante allocution, félicitant les instituteurs de leur dévouement, les exhortant à travailler courageusement pour Dieu pour la patrie et pour notre nationalité. Après la messe on se rendit à la salle ou M. le Président fit l'ouverture de cette convention, la septième de l’association. Le clergé, toujours prêt à seconder les efforts de I'instituteur dans la noble tâche de l’instruction de l’enfance, toujours prêt à lui porter main forte dans sa pénible besogne y était bien représenté. Les RRS. Boudreault, Egmont Bay "M Lelandais, P.S.S. Montreal. "P. Belliveau, Grand' Digue, N.B. "FX Gallant, Bloomfield. "J. Chaisson, Palmer Road. "P.P Arsenault, Mont Carmel "A.E.Burke, Alberton, "J. S. Turbide, Tignish, et les MM. J.A. Ready, Jean O. Arsenault et Philéas Buote occupaient des sièges sur l'estrade. La plupart des instituteurs acadiens, plusieurs instituteurs anglais et un immense concours des braves gens de Palmer Road, désireux de voir la jeunesse acadienne marcher rapidement dans la voie de 1'éducation, résolus de relever le niveau intellectuel de notre race témoignaient par leur présence de l’importance de nos réunions annuelles convoquées dans le but de nous familiariser davantage avec le langage de Shakespeare absolument nécessaire dans un pays comme le nôtre, de conserver notre langue et de nous en rendre maitres, et d'acquérir des connaissances plus étendues dans l'art de l’enseignement. Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière convention, le Rev. J. Chaisson souhaita une bienvenue cordiale aux instituteurs, les remercia d'avoir agréer à sa requête de l'an dernier et de s’être rendus à ses plus ardents désirs en étant venus à Palmer Road, les félicita des efforts qu'ils font pour la cause de 1'éducation. Cette adresse de la part de ce vénérable curé fut suivie d'un discours sur 1'Education Acadienne dans l'Ile Prince Edouard par le Rev. P.P. Arsenault curé de Mont Carmel. II raconta les déboires indicibles de notre race après la dispersion de 1755, leurs privations, leurs souffrances, leurs luttes contre l'Anglais d'alors toujours prêt à les mépriser et à méconnaitre leurs droits. Il fut fort heureux dans le choix des remarques qu'il passa à l’endroit des premiers instituteurs de l'Ile et sut remuer les cœurs en évoquant le souvenir de Feu Le Sénateur J. O. Arsenault et de Feu L'hon. S. F. Poirier deux de nos premiers instituteurs et conjura les instituteurs d’imiter ces deux grandes figures de l'histoire acadienne. Ayant raconté les amertumes des Acadiens du passé il dépeignit d'une manière habile notre situation actuelle, exprima une vive joie en nous rappelant que l’Anglais d'aujourd'hui voit en nous, non un ennemi; mais un puissant rival dans la formation des destinées de notre province, félicita M. l’inspecteur de l’œuvre qu’il accomplit si fidèlement, rendit un témoignage de reconnaissance à l’IMPARTIAL pour ses efforts en matières d'éducation et comme épilogue de cette admirable allocution, invita l'association à tenir sa prochaine réunion à Mont-Carmel. Ensuite M. l’abbé Lelandais dans un langage digne d'un Chateaubriand sut faire vibrer les cordes les plus sensibles de nos cœurs en nous dépeignant les rives enchanteresses de sa chère Bretagne, en nous disant qu’au delà de l’Océan des cœurs acadiens vibraient en unison avec les nôtres, en nous assurant que là-bas on se souvenait de nous. II se dit enchanté de ce qu'il avait vu parmi les Acadiens et nous invita à continuer dans la voie du progrès. Des discours, fort propres à encourager et à stimuler les instituteurs dans leur labeur, à leur inspirer la dignité de leur état, prononcés par les Revs. S. Boudreault, A. E. Burke, F. X. Gallant et M. J. A. Ready B. A. terminèrent cette séance. On ajourna jusqu'à 2.30 P. M. DEUXIEME SEANCE A la dite heure, la salle étant remplie M. L'inspecteur commença cette séance par une leçon sur la Minéralogie, fort bien pensée et rendue intéressante au moyen de divers échantillons minéralogiques. Il fut très clair dans ses explications et son sujet fut agréablement goûté de tous les instituteurs présents. Au cours de son discours il fit connaitre toute l’importance de cette science, exhorta les instituteurs à l'étudier, leur assurant qu’il y prendrait plaisir, qu’il se trouveraient heureux dans l'étude des substances qui composent la surface de notre globe, qu'ils éprouveraient une grande joie en se familiarisant avec des choses qu'auparavant n'avaient aucuns attraits pour eux. M. J. A Ready B. A., complimenta M. l'Inspecteur de son excellente leçon, montra le rapport étroit qu'il y a entre la Géologie, la Minéralogie et la Botanique; à l'étonnement et au ravissement de plusieurs expliqua la formation de quelques-unes de nos pierres par un nombre infini d'animalcules appartenant autrefois à la catégorie des êtres animés. Un vote de remerciment fut présenté à M. L’Inspecteur de la part de l’association. Après quoi la question suivante fut soumise aux délibérations de l'assemblée : Devait-on enseigner l'histoire canadienne en français dans nos écoles? Cette question entamée par M. Arsène Poirier amena une discussion vive et animée. La plupart des instituteurs se déclarèrent en faveur de 1'introduction d'une histoire canadienne en français, alléguant qu'il est très difficile de faire comprendre l'histoire canadienne en anglais aux jeunes enfants français; vu qu'ils ne comprennent pas suffisamment la langue anglaise avant qu'ils soient parvenus aux quatrième livre de la série de Gage et qu'alors ils abandonnent l'école sans connaissance de notre histoire, vu encore qu'il est naturel d'enseigner l'histoire d'un pays aux jeunes intelligences dans un langage qu'ils ont appris à bégayer sur les genoux de leurs mères; l'histoire n'étant que 1'amplification de la tradition que les parents apprennent à leurs enfants en leur faisant contraire les exploits de leurs ancêtres. Il fut proposé par M. Jos. O. Arsenault, secondé par M. André Doiron que les Rev. MM S. Boudreault et J. Chaisson, les MM. Jean O. Arsenault et Gilbert Buote agissent comme comité à fin de choisir une histoire canadienne en français et d'aviser aux meilleurs moyens de son introduction dans nos écoles acadiennes. La séance s'ajourna jusqu'a 9 a. m, vendredi le 21. TROISIEME SEANCE M. Isidore Buote commença cette troisième et dernière séance de la convention par la lecture d’un papier intitulé : Discipline and General Methods in Teaching : Cet essai écrit de main de maitre et dans un style qui ferait honneur au plus ambitieux fils de la fière Albion était une étude approfondie du sujet traité. Il montra la nécessité de la coopération des parents, du bon exemple de l’instituteur tant au dedans qu’au dehors des classes, conseilla les instituteurs de toujours travailler s’ils désirent remplir dignement leur rôle, en un mot nous fit part de conseils très judicieux. Le Rev. J. Chaisson passa des remarques fort élogieuses du papier de M. Buote le félicita de la manière habile avec laquelle avait traité son sujet, avisa les instituteurs de développer les intelligences, non seulement des talents supérieurs, mais aussi des talents médiocres. Il insista sur ce point et dit que nous n'accomplissons pas notre devoir en négligeant de développer les talents médiocres et termina par un chaleureux appel aux contribuables de fournir leurs écoles de cartes, de tableaux et d'autres objets indispensables. II proposa un vote de remerciements à M. Buote pour son excellent écrit et fut appuyé dans sa motion par M. L’Inspecteur et par toute l’assemblée. Alors M. André Doiron lut un papier ayant pour titre “Remarks on the English Language” au cours duquel il montra qu'il attache une importante première à ce que les élèves connaissent la signification des mots dont ils font usage et à ce que 1'instituteur suive la méthode synthétique jusqu'au quatrième livre de lecture. Cet écrit lui valut tin vote de remerciements de la part de l’Association. Après quoi M. Jean O. Arsenault donna une très bonne leçon sur l’analyse française. M. Arsenault fit preuve d'une connaissance étendue de cette partie de la grammaire. Cette leçon lui mérita de chaleureuses félicitations de la part de M. Théodore Gallant, eccl. et les remerciements de tous les instituteurs. Ensuite on discuta la question suivante : Devrait-on enseigner l’agriculture dans nos écoles primaires? Plusieurs instituteurs prirent part à la discussion et furent unanimes à reconnaitre l'importance qu'on devrait attacher à cette partie de l'éducation et démontrèrent l'absolue nécessité de faire connaitre cette science aux élèves dès qu'ils commencent à fréquenter l'école, de leur faire aimer l’agriculture, base du progrès des nations, de leur faire saisir toute la valeur d'une bonne éducation afin de pouvoir cultiver les terres avec connaissance et profit. En rapport avec cette question il fut passé quelques remarques à propos de l’éducation pratique dans nos écoles au cours desquelles il fut allégué que nous enseignons plusieurs matières qui ne seront d'aucune utilité à la majorité de nos élèves. Cette discussion si vive et si bien soutenue mit fin aux délibérations de la convention et on procéda à l’élection des officiers pour l’année 1899-1900. Les personnes dont les noms suivent furent élevés. Président, M. Joseph S. Gallant (ré-élu) ; Secrétaire et Trésorier, Philéas L. Leclerc (ré-élu); Président pour l’arrondissement d'Egmont Bay, Mont-Carmel et Miscouche, M. Joseph Blanchard; pour Rustico, M. Jérôme Gallant; pour Bloomfield, M. Nazaire Doucet; pour Tignish et Palmer Road, M. William Overbeck. Des votes de remerciements aux bonnes gens de Palmer Road pour leur cordiale réception, au Rev. J. Chaisson, le digne curé de cette florissante paroisse pour l'intérêt qu'il montra en assistant à toutes les séances et en nous donnant de précieux conseils, à L’Impartial, au Moniteur, à l' Evangéline et au surintendant du chemin de fer pour divers bienfaits, suivie de la décision de se rendre aux vœux du Rev. P.P. Arsenault en acceptant sa gracieuse invitation, termina cette septième réunion de l'Association. L’Association est composée de 98 membres dont les 14 suivants se sont enrôlés à cette convention. Rev. J. S. Turbide Mlles. Josephine Gaudet Annie McGrath Minnie Fitzgerald MM. Stanislas Pitre Henri Blanchard Joseph Henri Pineau Cyriac Gallant Nazaire Poirier Benoit Doiron Peter Aylward Isidore Gallant Urbain Christopher George Elexander. Philéas L. LeClerc. Sec.