Adresse de bienvenu du rev. F. X. Gallant aux Instituteurs et Instructrices acadiens reunis a Bloomfield pour célébrer leur cinquième convention.

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Year
1897
Month
7
Day
22
Article Title
Adresse de bienvenu du rev. F. X. Gallant aux Instituteurs et Instructrices acadiens reunis a Bloomfield pour célébrer leur cinquième convention.
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4
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ADRESSE DE BIENVENUE DU REV. F. X. GALLANT AUX INSTITUTEURS ET INSTRUCTRICES ACADIENS REUNIS A BLOOMFIELD POUR CELEBRER LEUR CINQUIEME CONVENTION. M. Le Président, Instituteurs et Institutrices. An nom des bons paroissiens de Bloomfield, dont j'ai l'honneur d'être le Pasteur, je vous salue. Soyez les bienvenus et jouissez de notre hospitalité cordiale. En ce moment que de pensées s'emparent de mon esprit. En la présence de cette noble et intelligente armée d'instituteurs réunis ici dans l'intérêt de l'éducation française, je présage pour la jeunesse présente une nouvelle confiance dans les destinées futures de notre peuple toujours croissant. De nobles aspirations surgiront d'honnêtes émulations rivaliseront, de douces espérances naîtront, qui inspireront le courage à occuper les premières places d'honneur dans le pays. Maîtres et Maîtresses, c'est vous, qui en grande partie façonnez et veillez sur les destinées de notre peuple; parce qu’à vous est confiée l'éducation des enfants, cette pierre fondamentale et essentielle au bien être de toute nation. C'est elle qui empêche sa décadence, lui donne la force, lui sauve l'honneur et lui assure la gloire. Je vous parle de cette éducation qui embrasse l'homme dans l'étendue de ses perfections et l'âme avec ses facultés, celle qui cultive l'esprit et le cœur, celle qui développe l'intelligence et la volonté, celle, enfin, qui enseigne la science et la morale; parceque entre l'intelligence et la volonté il y a des rapports coordonnés, des relations mutuelles, des correspondances réciproques qu'on ne saurait négliger sans préjudicier grandement aux intérêts de l'une et de l'autre. Oui, donnons et à l'intelligence la vérité pour l’éclairer, et à la volonté une morale pour la guider. Pour la définir selon ces données, l'éducation est le développement simultané de l'intelligence et de la volonté de l'homme par rapport à sa cause première et finale. C'est la connaissance de la vérité et l'amour de la bonté rapportées à leur première et dernière fin. Pour nous convaincre de cette vérité et la poser sur de solides fondements il suffit de savoir que l'homme appartient à trois ordres : à l'ordre intellectuel, à l'ordre social, et à l'ordre moral. D'abord comme être essentiellement intellectuel il faut lui donner les arts, les sciences, les mathématiques, la physique, la chimie, la philosophie, etc. En un mot, il faut lui enseigner la vérité, l'objet formel de son intelligence. Comme le poisson nage dans l'eau, comme l'oiseau vole dans l'air, aussi l'intelligence vit de la vérité. C'est l'élément essentiel de son existence actuelle. Comme être naturellement social l'homme a besoin de la parole, du langage et il faut lui enseigner les lettrés, la grammaire et la rhétorique qui sont l'art de bien parler. Le rayon qui s'échappe du soleil cherche un autre monde sur lequel il puisse tomber pour l'éclairer; ainsi la pensée, ce rayon lumineux de l'intelligence cherche à se communiquer à des êtres intellectuels pour les éclairer et leur apporter les lumières de la vérité. La parole est ce fil merveilleux – plus étonnant encore que le fil électrique – sur lequel les pensées, les idées se coulent, se rencontrent, se croisent, se saluent et se connaissent et par ce commerce admirable s'établit la vie sociale. La parole, ou le langage étant le moyen dont se sert l'intelligence pour communiquer aux autres ses conceptions, ses pensées, ses idées, il s'en suit que la pensée est la chose principale, et que la parole est la chose secondaire. Toutefois, quoique secondaire, la parole ou le langage est d'une nécessité naturelle, et pour nous est nécessaire non seulement l'anglais, mais aussi le français, parce que la population du pays où nous vivons est en grande proportion française. Il faut donc le moyen naturel pour communiquer et conserver avec cette nationalité, avec ce peuple. Si les circonstances dans lesquelles nous, sujets loyaux de la couronne britannique, vivons, demandent de nous une connaissance parfaite de la langue anglaise, et que mieux nous la connaîtrons mieux nous réussirons, aussi les circonstances demandent également de nous une grande connaissance de la langue française notre langue maternelle universellement vivante et parlée. Pour cela nous applaudissons vivement et chaleureusement aux efforts faits dans les intérêts de l'éducation française. C'est un avantage, c'est une perfection, c'est un honneur que de la connaître, de la posséder. Enfin comme être religieux l'homme vient de Dieu et retourne à Dieu, il lui faut, donc la foi, et la religion qui le relient à son Créateur et à son Sauveur. Comme les étoiles brillent de la lumière du soleil aussi les sciences, doivent puiser leurs lumières dans les splendeurs d'en Haut. Ce moment n'est pas le temps opportun, ni l'occasion favorable pour donner toute l'attention que l'importance de cette grande vérité demande. M. le président vos conventions ont déjà sonné l'appel à l'œuvre de l'éducation, et à en juger par ceux qui ont obtenu des certificats d’instruction, cet appel a déjà réveillé la jeunesse acadienne pour combattre dans cette arène. Que votre cinquième convention, ici, à l’ombre du clocher, à l’abri de la croix, embrasse ces trois ordres dont je vous ai parlé afin que vos délibérations puissent contribuer à l’avancement intellectuel social et moral du peuple acadien. Encore une fois, salut et hospitalité.