Conventions nationales des Acadiens (Robidoux) - 1881 - p78-79

Year
1881
Article Title
Discours de l'Hon. S. F. Poirier, Député au provincial
Author
Hon. Stanislas François Poirier
Page Number
78-79
Article Type
Language
Article Contents
Monsieur le président, Messieurs, J’étais loin de m’attendre que la question qui nous occupe créerait un aussi long et vif débat. Pour ma part, messieurs, je regrette profondément la tournure acrimonieuse qu’elle a prise. Personne ne doit craindre, personne n’a raison de craindre le progrès, l’avancement des Acadiens, dont tout le pays en général et toutes les classes de la société devront en définitive retirer des avantages. En 1755, on a vu disperser les Acadiens aux quatre vents du ciel, aujourd’hui nous voyons cette famille éprouvée, dont les malheurs inouïs arrachent des larmes au cœur le plus endurci, se réunir, se donner la main, délibérer en convention sur les moyens les plus propres à asseoir son existence sur des bases solides. Ce fait est bien de nature à réjouir tout cœur français. On a beaucoup parlé de notre manque d’éducation; mais nous pouvons nous glorifier, même sous ce rapport. Les Acadiens sont demeurés, malgré leurs inénarrables infortunes, instruits dans la grande, la principale chose, la religion, à laquelle ils sont restés fidèles et soumis. On objecte contre l’Assomption pour fête nationale, qu’il fait trop chaud à l’époque où elle tombe. Ne pourrait-on pas choisir un jour d’hiver, afin de donner à ceux qui n’aiment pas la chaleur l’occasion de manifester leur ardent patriotisme à la faveur du froid! Je regretterais de voir la politique s’insinuer dans cette convention et en amoindrir les résultats. J’aurais beau à répondre aux insinuations qui ont été faites hier du haut de la tribune, à propos de l’anglification [sic]. On nous a fait reproche de traduire nos noms. Vous le savez, messieurs, il fut un temps où tout ce qui sentait le français dans nos provinces était le point de mire, l’objet de haines et de malveillances auxquelles il n’était pas facile de se soustraire. Il était peut-être nécessaire et utile de s’anglifier [sic] un peu pour se défendre, pour éviter les attaques qu’on nous destinait. Au sujet des alliances, auxquelles il a été fait allusion, je suis plus libéral qu’on ne s’est déclaré, je suis d’opinion que le jeune Acadien doit être libre de prendre sa femme là où il l’entend. J’espère que la prochaine convention aura lieu sur l’Ile Saint-Jean et qu’il nous sera donné à nous, insulaires, de vous rendre l’hospitalité toute fraternelle que Memramcook accorde à nos délégués, qui en remportent le plus précieux des souvenirs.