l'Amour de la France en Acadie

Newspaper
Year
1899
Month
4
Day
20
Article Title
l'Amour de la France en Acadie
Author
Pascal Poirier
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
L’AMOUR DE LA FRANCE EN ACADIE (Du Père Lefebvre et l’Acadie.) L'amour de la France est resté un objet de culte pour les Acadiens. Son nom est une musique à leur cœur; et son souvenir, grandissant dans la fantasmagorie du passé, s’élève jusqu’au ciel, semblable à un sommet étoilé. Après Dieu et son Eglise, c’est la France la première. A la Confédération des provinces, dont la plupart des Acadiens ne se souciaient guère, plusieurs pensaient toujours “qu’elle reviendrait.” Plusieurs le pensent encore, s’appuyant sur des prophéties que l'aïeul raconte à ses petits-enfants. On est résigné, on est fidèle à l’Angleterre; mais on aime la France. Il est si naturel, il est si doux d’aimer sa mère, même quand elle n’est plus là, même quand elle ne doit plus revenir! Vers 1864, il s’échappa d’un navire passant près de la dune de Bouctouche, un matelot fatigué- de la mer qui gagna la rive à la nage, ayant appris que cette plage était habitée par des Français. On le recueillit, on l’habilla, et l’on s’aperçut bientôt qu’il savait lire et écrire. Une école fut incontinent ouverte, à laquelle se rendirent tous les enfants du village. A la Confédération (1867), il fut choisi candidat pour la chambre fédérale, et élu, en dépit d’une opposition anglaise acharnée. M. Auguste Renaud, c’est son nom, siégea aux Communes canadiennes, de 1867 à 1872, en qualité de seul représentant acadien, et s’acquitta de ses fonctions avec beaucoup d’habilité et une grande fidélité. Il n’y a que l’anglais qu’il ne put jamais apprendre et qu’il prononça toujours d’une façon réjouissante. McLeod, son concurrent, devenait Maclott; et Kingston, un des centres principaux du comté, faisait Quinze tonnes, ou quelque chose pis encore. Il est mort en juillet 1892. PASCAL POIRIER.