Appel au peuple

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Year
1899
Month
2
Day
16
Article Title
Appel au peuple
Author
----
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
APPEL AU PEUPLE. ELECTIONS GÉNÉRALES DANS LE NOUVEAU-BRUNSWICK.—VOTATION, SAMEDI LE 18. Tout l’électorat du Nouveau-Brunswick a dû être grandement surpris de la proclamation inattendue dissolvant le présent parlement et faisant appel au peuple. Pourtant il devait encore faire une session. C’est plus que surprenant. Mais, M. Emmerson veut en appeler à la province avant l'expiration de son terme d’office pour juger de la vérité des allégations criardes de l’opposition. Il veut savoir si la présente administration mérite la confiance ou le discrédit du peuple. Les trigauderies, les harcèlements, de l’impuissante opposition actuelle, les cris sourds de quelques fanatiques, de ses adversaires, l'étroitesse de vue de quelques uns des hauts-gradés orangistes, haineux de le voir prendre l’intérêt des nôtres lui font une campagne en dessous. De temps en temps ils font entendre leurs gémissements, ils font déclaration de leurs prétendus griefs. Voilà, lecteurs de L’EVANGELINE, électeurs, nos amis, ce qui pousse M. Emmerson à s'adresser au peuple. Il pourrait bien passer outre, faire une autre session, mais sa grandeur d’âme, son désintéressement le poussent à faire un nouvel appel au peuple. Voilà pourquoi, nous élevons aujourd’hui la voix, et la plus forte que L’EVANGELINE peut élever, pour montrer à ses lecteurs qu’ils doivent se faire un devoir et un honneur de le rappeler à la tête de leurs affaires gouvernementales, et mépriser avec courage et conviction, les manigances d’une opposition jalouse et généralement privée de la confiance du public. * * * Il y a déjà plusieurs années, électeurs du Nouveau-Brunswick, que vous jouissez d’un gouvernement de coalition. Il y a déjà plusieurs années que vous avez l’avantage de ressentir les fructueux effets de l’administration de M. Blair. Est-il nécessaire de vous rappeler, surtout à vous Acadiens, conservateurs comme libéraux, son dévouement envers vous? Faut-il encore vous dire la sympathie, la considération et l’estime qu’il s’est attirées de la part des français et des catholiques? Faut-il vous faire souvenir de l'impartialité et du dévouement qu’il a montrés envers nos compatriotes? C’est une chose inutile à redire, vous le savez tous. Eh bien! M. Emmerson, son successeur, marche exactement sur ses traces. Plus peut-être. Car il se sert de ce qu’il a acquis de connaissance et d'habileté sous son prédécesseur. Nous n’avons pas besoin de passer en revue les œuvres de ces deux hommes. L’EVANGELINE a tenu ses lecteurs au courant de ce qu'ils ont fait, au jour le jour, depuis leur accession au pouvoir. * * * Maintenant, Acadiens et catholiques, en face de ce que ces deux hommes ont fait pour nous et notre cause, en présence de ce que la dernière administration-coalisée, composée de français influents, et d’anglais, tels que les Emmerson, LaBillois, Richard, etc., que vous faut-il faire? Faut-il être ingrat. Non, certes. Libéraux comme conservateurs, puisque son gouvernement est de coalition, il faut s’unir, Acadiens, et prêter notre concours reconnaissant à ceux qui nous veulent du bien et s’occupent sincèrement de nos intérêts. Il ne faut pas ici dire que M. Emmerson en faisant appel aux deux partis politiques, a abdiqué dans son âme et conscience les principes libéraux qu'il a toujours eu en respect. Non. Mais, 1a nécessité de sa province l'a forcé de continuer l’application des principes que son hon. prédécesseur avait établis, c’est-à-dire, nous unir, être plus indépendants de l’esprit de parti. Tâcher de pouvoir reconnaitre le bon des deux côtés, conservateur comme libéral, les unir et eu faire un tiers-parti plus fort et plus à même de répondre aux besoins de la province. Il en agit ainsi pour promouvoir les intérêts de ses électeurs, il veut tenir le Nouveau-Brunswick à tous les points de vue, de niveau avec les provinces sœurs. * * * Qu’est-il pour advenir si nous, Acadiens et catholiques ne nous unissons pas autour du drapeau de nos compatriotes français qui brigueront les suffrages des leurs? Allons-nous constater encore le triste état de choses qui a jeté tant de discrédit sur notre race, pendant la dernière campagne, où nous avons vu les prétendus leaders, ou qui auraient dû l’être se mettre à la tête d’un mouvement patriotique et éclairé? Allons nous encore voir susciter, dans des comtés français, de l’opposition française à un français, dans le seul but de le faire battre et par là donner à leur adversaire anglais la chance d’être élu? Nous voulons ici vous mettre sur vos gardes, amis conservateurs comme libéraux. Peut-être encore, M. Robidoux, avec ses belles paroles, ses belles démarches, ses fortes influences, voudra-t-il au moyen de son Moniteur, vous jouer le truc qu’il avait si bien agencé lors de la dernière lutte. Peut-être voudra-t-il encore monter son ami l’hon. M. Richard aussi haut que les étoiles, et là lui vouloir casser les ailes en lui amenant un adversaire, comme il l’a déjà fait. Sans doute, M. Robidoux, L’EVANGELINE ne vous fera pas l’honneur de toute cette influence. Mais dans vos petits comités, à Shediac, à Moncton et ailleurs, aidé de vos affidés et collègues ultra-conservateurs, avant, tout et contre tout, vous en avez pris une part assez considérable de la responsabilité. Notre politique à nous, c’est d’être catholique et français d’abord, ensuite libéral ou conservateur. Puis si nous avons, même parmi de nos adversaires des candidats que nous savons être qualifiés pour sauvegarder nos intérêts nous ne dédaignons pas de nous rallier avec eux. * * * Lecteurs de L’EVANGELINE, au risque de susciter la colère noire de nos adversaires orangistes, il nous faut vous mettre sous les yeux, vous rappeler à la mémoire ce que M. Pitts a fait à Bathurst. D’abord vous savez comme nous ce que sont les orangistes. Ce fameux leader de l’opposition, qu’a-t-il fait il y a 3 ans. Il s’est jeté dans la mêlée avec étendard : les principes orangistes. Lisez et relisez ce qui est advenu. Un de nos candidats a été battu par sa seule influence fanatique. Dans d’autres comtés, où il se sentait trop faible, il a appelé à son aide le grand Manitou de l’Ordre, le Grand Passé Maître, CLARKE-WALLACE!!!! Le mal que leur influence nous a faite, nous entendons parmi ceux qui se sont laissés prendre, est très grand. Nous vous le demandons. Etait ce votre bien et vos intérêts que ces fanatiques, adversaires jurés de notre foi, de notre nationalité et de M. Emmerson, avaient en vue? Et leur campagne dans Gloucester, dans Kent et Westmoreland surtout? Que voulaient-ils, ces adversaires, qui à notre honte avaient réussi à ranger sous leur étendard jaune, un certain nombre de nos bons acadiens? Vous voulaient-il du bien? M. Pitts au pouvoir, vous aurait-il accordé ce que nous avez eu sous le dernier gouvernement? Nous ne craignons pas de répondre dans la négative. Allaient-ils, ces orangistes, comme leurs chefs, accorder à nos catholiques, dans leurs écoles, par exemple, ce qu’ils ont aujourd’hui. Non, leur ordre leur défendait. Et leur grand chef les aurait bien fait revenir à résipiscence. * * * Et maintenant un mot du fameux conciliabule qui eut lieu, un certain jour, à Moncton, sous les auspices de M. Foster, toujours sous la férule adoucie de M. Clarke-Wallace. On annonce ce meeting, ce pow-wow, même dans le Moniteur Acadien, pour fins politiques, pour éclairer l’électorat, pour en venir à une entente. Voilà que trois de nos bons mages de Shédiac, guidés par l’étoile “Foster” s’y rendent par le premier train. L’assemblée est au complet. Chefs et sous-chefs, cabaleurs et runners, tout est présent. Nos trois mages, français et catholiques, ne l’oubliez pas, prennent leurs sièges!!! Parmi cette aristocratie, ils sont bien surpris; ils sont à peu près seuls de leur race et de leur croyance! Croyez-vous qu’ils avaient vos intérêts en vue? Avaient-ils acheté leur billet de passage à Moncton pour vous représenter dans ce fameux comité? Croyez le si vous le voulez. Mais l’expérience de la votation vous prouvera le contraire. Eh! Bien! Arrêtons cet envahissement. Il vous faut supporter ceux qui ont si bien prouvé leur habileté dans le gouvernement actuel. Il faut montrer aux autres provinces que vous êtes assez éclairés pour voir à vos intérêts les plus chers : patrie, religion et prospérité matérielle. * * * Il est un cri général dans les journaux fanatiques, disant que M. Emmerson favorise trop les catholiques, trop les français qu'il fait même des passe-droits. Qu’il maintienne nos droits, qu'il continue à s’ailier des hommes comme les La Billois, les Richard, les Veniot et les Johnson. Les Anglais n'en souffriront aucunement et vous, électeurs du Nouveau-Brunswick, n’en serez que mieux. * * * Nous ne voulons pas ici susciter aucune animosité de race. A Dieu ne plaise. La présente administration, sous la sage conduite de M. Emmerson et de son cabinet, n’a fait que sceller plus fort l’alliance amicale qui doit régner entre les deux nationalités. Ses vues larges nous ont mis à même d’aspirer vers des jours meilleurs. Nous sommes heureux de constater, que depuis son avènement au pouvoir, le bien qu’il a fait aux nôtres, les procédés courtois et francs dont il a usé envers notre race, nous portent et doivent tous vous porter, lecteurs de L’EVANGELINE, conservateurs comme libéraux à le supporter an prochain scrutin. Prouvons lui qu’il n’y a pas de lâches parmi nous. Prouvons lui que s’il y a parmi les Acadiens,—les catholiques,—quelques partisans de Pitts, qu’ils se sont fourvoyés....par mégarde....! * * * Acadiens, conservateurs comme libéraux, soyez unis! Samedi, le 18, n’oubliez pas de déposer vos votes pour les Richard, les LaBillois, les Johnson, les Veniot, etc. Mais, c’est le doyen de vos dépotés français, Urbain Johnson, un homme qui a blanchi dans la lutte. Un député qui mérite votre bulletin avec votre estime, amis électeurs de Kent. Que dire de Richard? Ses œuvres sont là pour vous engager à le supporter. N'eut-il que sa plume patriotique pour vous encourager à lui attirer vos suffrages, que c’en serait assez. Et LaBillois ce champion, ce protecteur de la classe agricole, que vous avez entendu par toute la province, donnant un nouvel essor à vos industries domestiques. N’avez vous pas vu de vos yeux, la peine et le tourment qu’il se donnait pour vous aider à promouvoir dans votre province : l’industrie laitière, l’élevage des bestiaux et surtout l’an dernier, la semence du blé. Et Veniot, un antre lutteur instruit qui peut vous faire honneur par sa plume et sa parole patriotiques. * * * Samedi prochain, M. Emmerson, nous en sommes convaincus, sortira, vainqueur de la lutte. Maintenant, soyez unis. Ne donnez pas aux adversaires fanatiques, l’occasion de vous jeter à la figure, que vous êtes unis à vos ennemis. N’allez pas ajouter foi aux allégués menteurs de ces hâbleurs de hustings qui vous feront un faux exposé des dépenses publiques, telles que dépenses pour ponts, etc. Nous vous prions de vous en tenir à ce qui vous est placé sous les yeux et à ce que vos connaissances vous fournissent pour former votre opinion.