Nos legislatures

Newspaper
Year
1899
Month
1
Day
19
Article Title
Nos legislatures
Author
----
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
NOS LEGISLATURES La législature de Québec a repris ses sessions la semaine dernière. Le parlement de la Nouvelle Ecosse commencera ses travaux sous peu, ainsi que celui du Nouveau-Brunswick. Il a été fort question d’élections générales dans cette dernière province, mais, nous n'y avons jamais crû, parce qu’il n’y a, en ce moment sur le tapis, aucune question qui nécessite l’appel au peuple. Nous ne voyons qu’une question propre à faire le sujet d’une élection et ce n’est ni une question populaire, ni une question sage, ni une question à laquelle les Acadiens désireraient voir prendre de l’importance, encore moins de la consistance. C’est une question qui ferait la joie des torys d’Ottawa uniquement ; une question à laquelle il nous fait peine de voir le “Globe" de Saint-Jean donner son approbation : La Division des partis politiques : La mort du gouvernement de coalition. La campagne de l’hon. M. Foster en faveur de la division des partis nous suffit pour nous la rendre suspecte. Nous Acadiens n’avons rien à y gagner, et beaucoup à y perdre. De plus nous ne nous éloignons pas de la politique générale des Hons. MM. Blair et Emmerson en restant fidèle au principe du gouvernement de coalition ; ils l’ont tous deux accepté comme le meilleur, le plus conforme aux besoins de la province ; et s’il eût été sage, nous avons la ferme confiance qu’ils eussent provoqué cette scission que nous voyons aujourd’hui réclamée à hauts cris par M. Foster. Voici d’ailleurs pourquoi, à part des raisons données plus haut, nous nous opposerions à aucun changement dans la formation du gouvernement. Nous avons neuf Acadiens à la chambre dont deux sont ministres, l’hon. C. H. LaBillois de l’agriculture et l’hon. A. D. Richard ; ils sont membres du cabinet et leurs collègues acadiens les supportent tous et supportent le gouvernement en tant que gouvernement de coalition, donnant aux catholiques justice et liberté. M. Emmerson est personnellement libéral et nos deux représentants du cabinet conservateurs. Supposez qu’on divise les partis ; il est possible que les conservateurs montent au pouvoir, mais il est très possible aussi que les libéraux prennent le Nouveau Brunswick comme toutes les autres provinces, et du coup nous perdons nos hommes du cabinet et le concours efficace des autres. Que nos amis Acadiens ne se lais sent pas emporter par l’attraction de la nouveauté où la cajolerie de politiciens en quête de fortune ; c’est un conseil sage et désintéressé que nous leur donnons et dans lequel nous faisons volontiers le sacrifice des vues libérales à outrance d’un petit nombre, car, songez bien que sous cette rose il y a une épine, et cette épine c’est l’orangeisme de la province représenté par M. Pitts qui n’est pas même un chef accrédité. Le cas du Nouveau-Brunswick est tout différent de celui de la Nouvelle-Ecosse où tous nos représentants sont libéraux et partisans du gouvernement qui du reste n’a pas d’opposition depuis la dégelée d’il y a deux ans, quand les conservateurs disparurent de la face de notre province comme la neige sous les rayons du soleil.