Correspondance

Year
1881
Month
8
Day
11
Article Title
Correspondance
Author
Un citoyen
Page Number
1
Article Type
Language
Article Contents
Correspondance. M. le rédacteur, Le 14 juillet de cette année sera un jour mémorable pour les citoyens de Bathurst. La visite de Sir Hector Langevin a laissé dans les esprits acadiens-français, de même que chez nos concitoyens d’origine et de langue différentes, une impression profonde et toute favorable au chef des Canadiens-Français de la Puissance. Sir Hector fut rencontré à la gare de l’Intercolonial par un nombre considérable de citoyens venus de toutes parts saluer la bienvenue à ce visiteur distingué. Le sénateur Ferguson et l’hon. Robert Young, président du conseil exécutif provincial l’introduisirent aux citoyens. De là on se rendit au quai de MM. Stewart, où le bateau-remorqueur de M. Burns attendait Sir Hector avec un certain nombre de citoyens. Sir Hector fut heureux d’avoir une si belle occasion de visiter et de connaître notre hâvre. On débarqua au quai de M. Burns, et de là la foule se rendit au palais de justice où deux adresses furent présentées à Sir Hector Langevin. L’une, en anglais, fut lue par M. John Sivewright, l’autre, en français, au nom des Acadiens, par M. Onésiphore Turgeon. Sir Hector répondit heureusement aux deux adresses. Ci-suit une copie de l’adresse française, que vous aurez la bonté de reproduire : A l’Honorable Sir Hector L. Langevin, Compagnon du Bain, Chevalier de l’Ordre de St-Grégoire, Chevalier Commandeur de l’Ordre de St-Michel et St-George, Membre du Conseil Privé et Ministre des Travaux Publics. Honorable Monsieur, C’est pour nous, Acadiens-Français, un sensible plaisir de pouvoir aujourd’hui vous souhaiter la bienvenue dans le comté de Gloucester. Pendant qu’il nous était donné de veiller la carrière de nos hommes d’état privilégiés qui, de temps à autre, ont pris une part active dans l’administration du gouvernement de cette Puissance, ça été pour nous, Acadiens-français, un sujet d’enthousiasme et de légitime orgueil de vous voir occuper, avec une capacité distinguée, un succès indéniable, un des premiers rangs parmi les plus habiles et les plus capables. En vous, nous sommes heureux de reconnaître le digne successeur de ce père chéri de la patrie, Sir George Etienne Cartier, dont la perte fut si vivement regrettée, et dont la mémoire grandit encore tous les jours. Il fut votre chef, comme il fut votre ami. Formé à l’école de cet homme supérieur, et partageant avec lui les mêmes idées, vous avez été appelé à lui succéder dans la direction de la chose publique. Et, rare bonheur, dû en partie à votre habileté et à votre énergie, le même succès vous accompagne et vous réaliserez, dans un avenir prochain, les projets gigantesques que le grand patriote avait conçus et mûris avec vous. Bien que membres d’une population mixte, et animés de cet esprit de liberté égale à tous, nous n’avons pas cru inconvenant d’éprouver un certain sentiment d’intérêt et d’orgueil personnel envers vous, vu les liens intimes de nationalité qui nous unissent. Veuillez le croire, ce que les Français du Canada pensent de vous, les Français de l’Acadie le pensent de concert avec eux. Vous vivez loin de nous, mais nos pensées sont avec vous, nos espérances sont en vous. C’est donc avec un double bonheur que nous vous souhaitons la bienvenue au milieu de nous. Nous vous félicitons de l’honneur distingué et bien mérité que notre Très-Gracieuse Souveraine a bien voulu nous conférer, et nous prions Dieu que vous et Lady Langevin, puissiez jouir pendant de longues années d’une bonne santé, et de tout le bonheur possible dans cette vie, et que vos qualités et vos talents éminents puissent, pour longtemps, être consacrés au service et au progrès de cette Puissance. Signée par un grand nombre d’Acadiens-français de Bathurst et des autres paroisses du comté, venus pour souhaiter la bienvenue à Sir Hector. Sir Hector Langevin répondit à cette adresse dans les termes les mieux appropriés et les plus chaleureux. Son discours dut souvent interrompu par des bruyants applaudissements. Il a déclaré sa sympathie pour les Acadiens français des provinces maritimes, et tout en leur recommandant de demeurer loyaux sujets de Sa Majesté la reine de l’empire britannique, il leur a aussi demandé de se montrer français, de ne pas oublier leur langue, ni leurs institutions. Son discours a laissé une profonde impression chez les Acadiens français. Après les réponses aux adresses, Sir Hector fut invité à un dîner offert par les citoyens de Bathurst et des autres paroisses du comté. Le dîner fut donné à l’hôtel Wilbur. Inutile de dire que M. Wilbur accomplit sa tâche avec distinction. En réponse à la santé de notre hôte, proposée par M. Burns, Sir Hector fit un de ses heureux discours, qui fut d’autant plus applaudi qu’il termina en promettant que le livre bleu de l’année prochaine donnera satisfaction aux partis intéressés au dragage de notre havre, commencé l’année dernière. Plusieurs autres santés de convenance furent proposées. L’hon. R. Young, président du Conseil exécutif, répondit à la santé du lieutenant gouverneur ; le sénateur Ferguson, à la santé du sénat et de la chambre des communes, etc. M. McAnnus, M. P. P., se leva pour présenter un toast aux promoteurs de l’adresse française, dont il fit plusieurs remarques très bien senties, et invita M. Turgeon à répondre. Ce dernier se leva au milieu des applaudissements et parla pendant dix minutes avec sa chaleur ordinaire sur un sujet semblable. Il démontra la loyauté des Français-Acadiens, à la couronne d’Angleterre et fit l’éloge de l’hôte distingué, qui se trouva prêt, comme providentiellement, à remplir la place laissée vide par la mort de Sir George Etienne Cartier. Comme son prédécesseur, il a su mériter la confiance et l’estime de ses compatriotes. A 2 heures du matin les convives se retirèrent enchantés de leur soirée, et Sir Hector parut très satisfait de son séjour à Bathurst. UN CITOYEN. Bathurst, 16 juillet 1881.