Article Contents
Ce que l’on pense de nous.
Nous lisons dans le Capital de Frédéricton :
Avant 1870, aucun représentant de la population français n’avait été admis au Barreau de cette province. Il y a aujourd’hui cinq ou six avocats français. Ils sont encore en plus grand nombre dans la profession médicale. En général le niveau de l’éducation chez les Acadiens s’est considérablement élevé depuis quinze ans. Pour la deuxième fois dans l’histoire de la province, un Français occupe un siège dans le gouvernement, et pour la première fois nous en voyons un à la tête d’un département. Nous avons un professeur français et des étudiants français à l’Ecole Normale, et tout un essaim d’instituteurs français. Cela promet beaucoup pour l’avenir. Pendant cent ans, un sixième de la population a été pratiquement sous le coup de la proscription. La suprématie anglaise, affirmée avec tant de rigueur en 1755, s’est perpétuée dans toute sa force, sinon avec autant d’âpreté, et par là non seulement le Nouveau-Brunswick a perdu les bienfaits qui auraient été le fruit de la jouissance de privilèges co-égaux par ces concitoyens, mais encore l’état d’ignorance dans lequel une si grande partie de la population a été forcément–M. A., reléguée a entravé la prospérité générale. Bien entendu, nous ne voulons pas dire par là que les Français étaient frappés de proscription politique. Il y a longtemps heureusement que ces choses sont inconnues parmi nous ; mais, sous bien des rapports ils étaient placés dans une position désavantageuse, inférieure. Plus on connaît nos Français, plus on les estime. A part le crime de n’être pas anglais–ce qui n’est assurément pas leur faute–ils soutiendront avantageusement la comparaison avec n’importe quel peuple du monde placé comme ils l’ont été. On a maintenant assez d’expérience de ce que peut faire l’éducation parmi eux pour se convaincre que l’Acadien a l’esprit pénétrant, logique, original. Il possède bien des qualités précieuses dans une province comme celle-ci, ce qui ne doit pas surprendre si l’origine vaut quelque chose, puisque l’Acadie a été établie par le meilleur sang français aux jours les plus chevaleresques de la France.
Rien n’a plus contribué à cette heureuse révolution dans le [illisible] de ce peuple que l’établissement du Collège de Memramcook par le Révd. M. Lefebvre en 1864. Une institution qui, dans une province comme le Nouveau-Brunswick, répand tous les ans une centaine d’élèves pourvus d’une bonne éducation, accomplit une œuvre dont on ne saurait trop dire la grandeur et la durabilité. Conjointement avec l’Ecole Normale–et l’avantage de la fréquentation de cette dernière sera de plus en plus apprécié,–elle devra presque révolutionner la génération grandissante de la population française, et nous avertissons les Anglais de s’apprêter à lutter avec de nouveaux et de vigoureux rivaux dans les plus hautes sphères de l’industrie. Nos amis acadiens sont les bienvenus dans les écoles et les collèges, dans les professions et la politique de la province. Leur rivalité stimulera leurs concitoyens.