Correspondances

Year
1881
Month
9
Day
22
Article Title
Correspondances
Author
variés
Page Number
2, 3
Article Type
Language
Article Contents
Correspondances Dupuis Cormier, 17 septembre, 1881 M. le Rédacteur, Le vénérable prélat qui gouverne le diocèse de Saint-Jean est toujours et partout l’objet de grandes démonstrations chaque fois qu’il fait sa visite pastorale. Cette année encore, comme toujours, les paroissiens du Cap-Pelé ont témoigné la grande vénération qu’ils ont pour leur dévoué pasteur. Ils se rappellent encore sans doute que Mgr Sweeney fut jadis leur curé et celui du Barachois; aussi, chérissent-ils sa mémoire, et chaque fois qu’il vient au Cap-Pelé, Mgr est certain de trouver des anciens amis, des amis sincères et reconnaissants. Le 10 de ce mois avait lui la confirmation au Barachois. Après la cérémonie et le dîner, Mgr de Saint-Jean se mit en route pour le Cap-Pelé, accompagné du Très Révd Père Lefebvre, supérieur du collège Saint-Joseph, et du Révd. Père Dousset, curé du Barachois. Les paroissiens du Cap-Pelé étaient venus attendre Sa Grandeur à la ligne qui sépare la aproisse du Barachois de celle du Cap-Pelé, distance de trois milles; Arrivée là, Sa Grandeur prit place dans la voiture du Curé du Cap-Pelé avec le Révd. M. Hébert, qui remplace ce dernier, actuellement absent, en vacances. On avait batissé la route tout le long de ce parcours. De nombreux drapeaux que la brise légère fesait à peine flotter, se fesait voir le long de la route. Des arches de verdure avaient été érigées, dont une, tout près de l’église, portait en anglais et en français : « Soyez le bienvenu. » Une troupe de cavaliers précédait Sa Grandeur, qui arriva à l’église Sainte Thérèse du Cap-Pelé, où une foule de peuple l’attendait, suivie d’une longue file de voitures, et au son argentin de la cloche qui sonnait à toute volée. Sa Grandeur était à peine débarquée de voiture, qu’une foule d’amis se pressèrent autour d’Elle, contents et heureux de pouvoir encore une fois lui baiser la main. Vint ensuite l’entrée solennelle à l’église, dans laquelle Mgr Sweeney était accompagné des Révérends Pères ci-dessus mentionnés, et de Messire Hébert, remplissant l’office de curé. L’église était ornée de verdure à l’intérieur, et les autels de leurs plus belles fleurs. Sa Grandeur adressa la parole en français aux enfants qui devaient être confirmés, et donna ensuite la bénédiction pontificale. Le lendemain, dimanche, la grand’messe eut lieu à neuf heures et fut chantée par le pro-curé du Cap-Pelé. Sa Grandeur occupait un fauteuil au côté de l’Evangéline. Le Très Révd Père Lefebvre, qui l’assistait, fît le sermon et sut, dans des termes les plus appropriés à la circonstance, faire connaître la grandeur du sacrement de confirmation, et les cérémonies si significatives qui l’accompagnent. Sa Grandeur donna ensuite la confirmation à 135 enfants, et fit une allocation des plus paternelles aux enfants et aux parents, ainsi que plusieurs remarques aux paroissiens fort appropriés aux circonstances. L’église était remplie de monde. Vers une heure de l’après-midi, Mgr s’embarqua pour l’église Saint-Barthélemi du Cap Tourmentin, accompagné du Révd. M. Hébert, d’une troupe de cavaliers et d’une longue suite de voitures qui l’escortèrent jusqu’au Shemogue, et quelques-uns même jusqu’au Cap-Tourmentin. Les paroissiens de cette mission, tous Irlandais, attendaient Sa Grandeur à Port Elgin, distance de dix milles de leur église, et tous, formant une longue suite de voitures, suivirent Monseigneur jusqu'à l’église où une foule de peuple l’attendait. Rien n’avait été épargné pour embellir l’église, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Allée d’arbustes à l’extérieur, fleurs naturelles à l’intérieur, et sur l’autel des fleurs à profusion. Comme quelques chantres étaient venus du Cap-Pelé, Sa Grandeur put faire l’entrée solennelle à l’église. Elle donna ensuite une petite instruction, pour la bénédiction pontificale. Le lendemain, 28 enfants reçurent la confirmation. Monseigneur est revenu au Cap-Pelé le même jour, et le lendemain, après avoir dit la messe, s’est rendu à l’église du Sacré-Cœur de Jésus en Haut de l’Aboujagane, via St André et Kouchibougouac. Sa Grandeur a visité en passant la chapelle et l’école de cette dernière place. La, les paroissiens de l’Aboujagane attendaient Monseigneur qui se remit en route précédé de cavaliers, et suivi d’un grand nombre de voitures. Arrivés à l’église vers les dix heures, le R. P. Dousset et les paroissiens reçurent Sa Grandeur avec tous les honneurs possibles. Vint ensuite l’entrée solennelle qui fut suivie d’une instruction donnée par le Révd M. Hébert. Monseigneur donna ensuite la confirmation à 63 enfants et fit une allocution des plus suaves aux nouveaux confirmés en leur enjoignant de conserver tous les jours de leur vie le souvenir de leur confirmation et aux parents de veiller soigneusement sur ces chers enfants pour les préserver de tout danger. Monseigneur devait se rendre le même jour à Grand’Digue pour y administrer là comme ailleurs le sacrement de confirmation. La visite du digne prélat a produit partout une impression qui ne s’effacera pas de si tôt. Agréez, M. le Rédacteur, les civilités de votre, etc., L. P. Monsieur le directeur du Moniteur Acadien, Evidemment, je suis tombé dans une grenouillère. Après un Touriste, un Benedict. Touriste a l’avantage sur Bénédict de parler français; Bénédict a sur Touriste celui de se croire homme d’esprit. Pauvre Touriste n’a pas même cette illusion. Au reste, deux frères de lait. Même courage pour rencontrer un homme en face, même goût pour écorcher un homme ………. par derrière. Depuis que les Acadiens, réunis en convention générale, se sont choisi une fête nationale, l’Assomption, les principaux avocats de l’idée, MM. les abbés Richard, Doucet, Belliveau, les curés acadiens de l’Ile du Prince-Edouard, M. Urbain Johnson et moi, nous devenons la proie d’une nuée de jeunes porte-plumes qui s’abattent dans tous les trous pour nous éclabousser sur notre passage. A part la boue, il y a les accusations graves. Moi, par exemple, j’ai troqué mon vote contre le mandat de député du comté de Kent. Un des curés que j’ai nommés plus haut a été obligé de se justifier du haut de la chaire de certaines accusations sérieuses et, il va sans dire, mensongères, que certains touristes étaient allés répandre contre lui dans sa propre paroisse. Moi-même j’ai vu ici, à Shédiac, un personnage que j’ai connu autrefois sous un autre nom, et que je croyais depuis longtemps renvoyé dans sa province et pour cause, venir tout récemment encore faire de la propagande contre l’Assomption de la Très Sainte-Vierge, accoster ce marchand et lui dire : « Vous n’êtes pas en faveur de l’Assomption, vous? Unissez-vous aux Canadiens et fêtez avec nous la St Jean-Baptiste, » abordez cette autre personne et lui insinuer que tous ceux qui ont parlé en faveur de l’Assomption s’étaient vendus, que moi, par exemple, j’étais arrivé à Memramcook pour la convention avec un plaidoyer manuscrit en faveur de la St Jean-Baptiste. Jusqu’ici tout cela se disait dans les carrefours et dans les boutiques, mais à présent ces messieurs ont trouvé un organe : ces choses-là vont être imprimées dans le Moniteur Acadien. Chacun d’eux fera sa longue satire contre chacun de nous; ce qui se disait dans le fossé va se dire dans le journal; à moi l’on va étaler sur le papier, toute ma vie de collégien, que l’on semble bien connaître; le peuple acadien sera persifflé et insulté dans des conventions et son clergé; et, comme chaque satire, revue et corrigée par le professeur de chinois, sera signée d’un nom de plume, personne ne sera responsable, pas même le directeur propriétaire du Moniteur Acadien. Tout ce petit monde grouillant part du même lieu et se répand, depuis la convention du 20 et 21 juillet, dans nos paroisses acadiennes, avec des injures, des mensonges et des menaces à la bouche. Hier encore je les entendais se vanter qu’ils allaient convoquer, l’année prochaine, une autre convention acadienne (?) et se choisir la Saint Jean-Baptiste. Ce monde-là, dans une convention acadienne, n’aurait pas droit de vote. Ne sachant plus sur qui mordre, ils s’en prennent au président même de la convention, l’honorable P. A. Landry, qu’ils accusent de partialité et qu’ils dénoncent comme ne sachant pas diriger une assemblée délibérante. Mais vous qui avez autorité sur ces gens-là, gardez-les donc chez vous, et empêchez les ainsi de nuire aux belles et grandes institutions que vous avez fondées ou que vous dirigez, et de vous nuire à vous-mêmes auprès des personnes qui ne connaissent pas tout votre dénouement, tout votre grand mérite! Ces individus-là par eux-mêmes ne peuvent grand’chose, parcequ’ils sont généralement plus ou moins connus; mais étant canadiens, ils finiraient par nous faire prendre en grippe tout le peuple canadien, si celui-ci n’était profondément aimé de nous et depuis longtemps connu dans ses missionnaires et curés qui ont tant fait et qui font encore tant de bien parmi nous, dans ses fondateurs et professeurs de collège, dans ses saintes et désintéressées religieuses, dans les hommes de profession et autres excellents citoyens que le Canada nous a envoyés et nous envoie encore. « Qu’est-ce que ce fretin-là a affaire de venir provoquer des attroupements de passants aux portes des magasins et ailleurs, pour dégoiser contre M. l’abbé Richard, contre l’hon. P. A. Landry et tous nos hommes respectables et respectés? M. Landry a demandé que, sur la question de la fête nationale, la minorité s’engageât à accepter le patron qui serait choisi par la majorité, et a voulu que les délibérations fussent dirigées selon la coutume parlementaire, mais en cela il a agi avec intelligence et patriotisme. M. Landry avec le Très Révérend Père Lefebvre, l’hon. Jos. Arsenault et plusieurs d’entre les principaux Acadiens et d’entre leurs plus grands amis et beinfaiseurs, était d’abord en faveur de la Saint-Jean-Baptiste. Il s’est engagé à accepter la décision de la majorité, nous nous y sommes engagés également; maintenant il tient son engagement, nous tiendrons aussi le nôtre si la St Jean-Baptiste eût été choisie. Vous ne comprenez pas cela, vous, M. Touriste. Et M. Richard? Un Acadien ne saurait-il fonder un collège, en fait quelque chose de méritant, sans devenir en butte aux injures et aux persifflages des Touriste, des Bénédict et autres anonymes, sortis du même lieu, parce que tous ces oiseaux de passage là ont trouvé et ont à leur disposition un journal selon leur cœur? Car maintenant, tout le monde le sait, Touriste n’est pas de Québec. En signant Québec, il a voulu faire porter à messieurs les délégués Canadiens l’odieux de ses lettres. C’est-à-dire qu’il joint à cette lâcheté, se cacher pour salir ceux qui se montrent à visage découvert, cette autre lâcheté : essayer de faire croire au public, au moyen d’un mensonge qu’il entreprendra, sans doute, de justifier, que les messieurs de Québec sont des insulteurs de bas étage qui écrivent dans le Moniteur Acadien. Et c’est ce triste personnage qui termine sa dernière lettre, en nous disant que l’anonyme derrière lequel il se blottit, nous « honore encore beaucoup trop », et qui, pour faire croire, non pas au public intelligent, lequel n'a rien de commun avec lui, mais aux badauds, que je fausse ses paroles et son intention, affirme cyniquement que j’ai écrit ces paroles comme venant de lui : « les députés acadiens, à la convention, ne sont que des faiseurs d’élucubrations », lorsque je n’ai pas écrit cela. Il ment pour faire croire que j’ai menti. Pour ce qui est de Bénédict, sa satyre n’est qu’une plate amplification, passable peut-être chez un élève de troisième, mais certainement très médiocre pour un professeur. Cet innocent-là écrit deux colonnes de mauvais français et de plates injures contre M. l’abbé Richard et moi pour dire au public que nous devrions cesser d’écrire. La semaine prochaine ou dans quinze jours, car ces gibiers-là pondent laborieusement, les quatre faces du Moniteur Acadien seront couvertes des productions de Touriste, de Bénédict et de l’autre frère de lait qui leur reste au pays. Ils jetteront l’injure et le sarcasme à la face du peuple acadien; ils mentiront pour dénigrer nos prêtres et nos hommes publics, et cela honorera tout ce monde-là, et ils trouveront, même parmi nous, des badauds pour crier : Oh! que c’est beau! Permettez-moi, M. le directeur du Moniteur Acadien, de regretter que votre journal, qui a toujours été le nôtre et qui sous votre direction et celle de vos prédécesseurs, a tant fait de bien au milieu de nous, suive aujourd’hui d’autres inspirations que les vôtres, lesquelles ont toujours été pour nous celles d’un ami et d’un compatriote. Je vous tire ma révérence, à vous, M. le directeur du Moniteur Acadien, et à toute votre compagnie. PASCAL POIRIER Shédiac, 19 sept. 1881. Monsieur le Rédacteur, Différents personnages se servent de votre journal pour injurier notre convention Acadienne tenue à Memramcook le 20 juillet dernier : Un Touriste, XXX, Bénédict, etc., etc. Ne serait-ce pas ce touriste qui a déserté du pénitencier de Kingston, il y a quelques années et qui change de nom afin de faire son chemin. Un homme qui a honte de signer son nom et qui fait usage d’un simple nom de plume pour insulter nos prêtres et d’autres personnes, ressemble merveilleusement à un déserteur de prison! Un ignorant peut être instruit; mais un tat double d’un polisson deviendra-t-il jamais sage? Je n’en dis pas davantage, Touriste a trop besoin de son temps pour méditer ses prochaines insultes! Il pourra les lancer en toute liberté, je ne prendrai pas la peine de lui répondre. URBAIN JOHNSON, M. P. P. St. Louis, le 14 septembre 1881.