Echos de la Convention

Year
1884
Month
8
Day
28
Article Title
Echos de la Convention
Author
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Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Echos de la Convention L’abstention de la belle et grande paroisse de Tignish, qu’on a tant remarquée et si vivement regrettée à la convention nationale de Miscouche, paraît causer de cuisants remords parmi la généralité des habitants de Tignish même. Les renseignements que nous avons recueillis de plusieurs sources s’accordent à nous montrer que l’on se reproche amèrement d’être resté sourd à l’appel de la patrie, et s’être entêté à faire bande à part en ce beau jour entre tous, où la fraternité la plus franche, l’union de sentiments la plus intime doit exister entre les membres de la famille acadienne. La paroisse regrette fortement d’avoir prêté l’oreille aux conseils qui tendaient–et ont réussi–à l’éloigner de la convention. Outre les nouvelles que nous avons personnellement recueillies de plusieurs amis qui avaient pu constater la chose sur les lieux mêmes, nous avons par devers nous plusieurs lettres exprimant la même chose. On va même jusqu’à placer la responsabilité là où l’on prétend qu’elle doit peser; on nous pardonnera volontiers, espérons-nous, de passer ce point sous silence. Nous voudrions éviter tout ce qui serait de nature à compromettre la bonne entente de l’accord; nous voulons seulement faire ressortir l’erreur qu’on a commise en s’isolant du reste de la nation. * * * On nous écrit de Saint-Paul que les délégués de cette paroisse sont revenus de Miscouche, quelques peu froissés de ce que l’œuvre colonisatrice qui s’est faite depuis vingt ans dans cette colonie essentiellement acadienne, ait été oubliée à la convention au profit de deux autres colonies–Acadieville et Rogersville–qui sont bien dignes de mention et qui méritent bien sans doute les éloges et les louanges qui en ont été faits, mais qui ne devraient pas s’accaparer exclusivement la considération d’une réunion telle que celle de Miscouche. « Le public acadien aime sans doute, nous écrit-on, à entendre proclamer les progrès de la colonisation à Rogersville et à Acadieville, à savoir les sacrifices et les travaux de leur énergie fondateur; qui d’entre nous n’applaudirait au succès de ces entreprises de colonisation? Mais ce même public aimerait aussi–surtout quand c’est sur l’Ile de St. Jean, d’où sont venus un bon nombre des habitants de St. Paul,–avoir des nouvelles du Terrain de l’évêque, livré à la colonisation par le premier pasteur du diocèse de Saint-Jean, entouré de sa sollicitude épiscopale, devant une si large part de sa prospérité au dévouement d’un colonisateur tel que M. l’abbé Ouellet, qui, jusqu’à l’an dernier, a présidé aux destinées de cette vaste colonie, embrassant plusieurs établissements qui ne le cèdent en rien à ceux dont les noms ont à peu près exclusivement retenti aux oreilles de la convention. M. l’abbé Ouellet mérite une grande reconnaissance pour ces travaux de colonisation. M. l’abbé Hébert s’est déjà rendu cher aux colons de la grande paroisse de St. Paul, et les colons eux-mêmes, dont le courage et la vaillance sont au-dessus de tout éloge, méritaient une mention honorable. Ce n’est qu’un oubli, me dira-t-on; j’aime à le croire, mais je dois dire que c’est un vrai oubli malheureux. A chacun son mérite. C’est ce qui me porte à revendiquer ici la place que St. Paul aurait dû avoir dans les éloquentes improvisations consacrées à la colonisation. » La sensibilité manifestée par nos amis de Saint-Paul nous fait plaisir; c’est signe qu’ils sont fiers de leur paroisse et ont confiance dans son avenir et dans les avantages qu’elle offre.