la langue française

Newspaper
Year
1890
Month
8
Day
28
Article Title
la langue française
Author
P. St-Ives
Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
LA LANGUE FRANCAISE M. le rédacteur du St. John Globe est sans aucun doute un journaliste qui sait distinguer entre blanc et noir, mais dans ses vues sur l'opportunité du choix des langues, il ne semble pas s’être pénétré du véritable esprit de nos conventions. D’abord, les Acadiens ne nient pas l’importance de la langue anglaise en ce pays et ils ne refusent pas de se l’assimiler. Mais mieux que le faux sage du Globe et certains dignitaires de ce pays, les Acadiens savent que leurs langue maternelle est un trésor auquel ils ne sauraient attacher trop d’importance. Que les Acadiens s’assimilent la langue commerciale du Canada sans cesser pour cela l’étude sérieuse de la langue de leurs pères, très-bien : ils ne perdront rien par le temps ainsi doublement mis à profit. Mais qu’ils abandonnent le culte de la langue française, leur belle langue, de ce moment datera pour eux le commencement d’une chute dont la postérité acadienne n’aura pas à s’enorgueillir. Le Globe dit dans son sérieux imperturbable, que les Landry, les Poirier, les LeBlanc, doivent leurs hautes positions à leur connaissance de la langue anglaise. Est-ce que cela veut dire que ces hommes ne seraient jamais monté sur le Banc, au Sénat, à l’Exécutif s’ils n’eussent pu s’exprimer en Anglais ? ou cela veut-il dire que nos gouvernements ne respecteront les droits des Acadiens qu’en autant que ces derniers se seront plus ou moins anglifié la langue ? Contes en l’air! Sir Hector Langevin, Ministre des Travaux Publics du Canada, donne un meilleur conseil aux Acadiens. Il ne leur conseil pas de réleguer l’étude de la langue commerciale du pays à l’arrière plan, mais il les engage surtout de ne pas abandonner le culte de leur passé, de leur belle langue, us et coutumes. Voici un extrait de la lettre de Sir Hector à l’hon. P. S. Poirier, de Shédiac : “J’aurais voulu, leur parler des Canadiens-Français qui, por leur union et leur attachement à leur langue, à leur sang, à leur religion, ont pu “se maintenir et transmettre à leurs descendants l’héritage qu’ils occupent encore et occuperont toujours, je l’espère dans le Canada. Et je leur aurais dit d’en faire autant, de rester attachés à leurs institutions, à leur langue, à leur religion, comme moyen le plus sûr de prospérer et d’être heureux. “Mais j’aurais ajouté que tout en étant attachés à notre langue, cela ne devait pas nous empêcher d’apprendre aussi de parler dans l’occasion la langue anglaise, afin de pouvoir communiquer avec nos compatriotes de langue anglaise les comprendre et être aussi en état de lutter avec eux en affaires publiques et privées. “Je leur aurais dis aussi que nous devons tous vivre en bons rapports avec les autres races qui habitent le Canada. A quelques nationalité que nous appartenions, quelque soit le culte religieux qua nous pratiquions, quelque langue que nous parlions, nous sommes tous Canadiens, loyaux sujets de la reine, et notre devoir et notre ambition de doivent être vivre en paix et en union, faire prospérer notre pays et former la grande nation canadienne, à laquelle la Providence à accordé un des plus beaux et des plus grands pays de la terre, des institutions libres, et la protection du plus grand empire du monde.” Ainsi le Globe ne dit pas aux Acadiens de rester fidèles à leurs coutumes : il leur conseille l’étude sérieuse de la langue anglaise sous prétexte qu’ils ne réussiront pas sans cela. Mais Sir Hector dit que s’il eut pu assister à la convention, il aurait dit aux Acadiens de rester attachés à leur langue, à leur religion, COMME MOYEN LE PLUS SUR DE PROSPÉRER ET D’ETRE HEUREUX. Nous espérons que les Acadiens sauront distinguer entre les propos exhilarants et les avis basés sur l’expérience et la raison. Inutile de dire que les bons conseils de Sir Hector Langevin méritent leur plus sérieuse considération. P. ST-IVES.