Fête Nationale à Miscouche, Ile Prince Edouard.

Year
1889
Month
8
Day
29
Article Title
Fête Nationale à Miscouche, Ile Prince Edouard.
Author
Communique
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Fête Nationale à Miscouche, Ile Prince Edouard. Le 15 août a été fêté avec enthousiasme par les paroissiens de Miscouche. Sous la direction énergique de leur jeune et zélé curé les MM. du comité d’organisation n’ont rien négligé qui put contribuer à rehausser l’éclat de notre belle Fête Nationale. Il y eut grande messe à 10 hrs. Le R. M. Chiasson, curé d’Indian River, officiat assisté du R. M. McDonald, curé de Miscouche, et de M. S. Arsenault, du collège St. Joseph, comme diacre et sous-diacre. Le choeur, sous la direction de M. Juste DesRoches, a rendu la messe du second ton, en parties, avec beaucoup de justesse et d’entrain. Mlle Eléonore Gaudet présidait à l’orgue avec l’habileté qu’on lui connait. Après la communion, le R. M. Gouin, professeur de théologie dogmatique au Grand Séminaire de Québec, nous a donné un sermon de circonstance dont la beauté de la diction et l’énergie de l’action étaient irréprochables. Je voudrais pouvoir vous communiquer ce chef-d’oeuvre d’éloquence sacrée tel qu’il est sorti de la bouche du savant abbé : qu’il me suffise de vous en donner un court aperçu. Il prit pour sujet la question la plus pratique pour notre jeune nationalité : “En quoi consiste le vrai bonheur d’un peuple?” Il démontra, avec une logique irréfutable, que ce bonheur ne pouvait se trouver ni dans le travail, ni dans les richesses, ni dans la science, et que ces choses, bonnes en elles-mêmes, ne peuvent constituer le bonheur d’un peuple, ni mériter l’éternelle félicité aux individus si elles ne sont jointes à la religion et dirigées par elle. Il cita nombre d’exemples de l’histoire ancienne à l’appui de cette vérité, surtout celle des Grecs et des Romains qui, après avoir attaint l’apogée de la gloire nationale par les bonnes moeurs et la modération sont tombés dans l’esclavage la plus abjecte par le luxe et l’irreligion. Dans le second point il rappela l’histoire du peuple acadien. Il nous montra la fidélité de nos pères à la religion. Quelles souffrances endurées par ces vaillants pionniers pour la foi! Traqués comme des bêtes fauves, dispersés au quatre coins du monde, ils sont cependant restés fidèles à l’Eglise catholique et aux glorieuses traditions de la vieille France. Le savant prédicateur nous parla aussi du respect de nos ancêtres pour les Eveques et les Prêtres. Il nous exhorta à les imiter, car, dit-il, c’est dans cette union intime du peuple avec le clergé que se trouve le secret de l’avancement tant matériel que spirituel d’un peuple. Il termina en nous exhortant à bien conserver la belle langue française dans le sein de la famille, et il prit occasion d’adresser un éloge bien merité à notre digne premier pasteur pour le vif intérêt qu’il prend dans l’instruction de la jeunesse de toute nationalité dans l’Ile du Prince Edouard. Il rappella aussi l’oeuvre des RR. PP. de Sainte Croix à Memramcook. Le Rév. Père Lefebvre a fondé un collège pour les Acadiens. Il encourage les parents à faire instruire leurs enfants, en autant que leur permettent leurs moyens, et, enfin, que si le commerce nous oblige de faire usage de la langue anglaise, au moins sachons parler français entre nous et surtout au sein de la famille. Après la messe on se rendit sur le terrain de l’Eglise, où étaient dressés des buffets de rafraîchissements, jeux de quilles, etc. Dans l’après-midi, salut du T.-S. Sacrement à 3 ½ hrs. Le R. M. McDonald, curé, officia. Les jeunes demoiselles firent les frais du chant qui fut très bien rendu. A 7 hrs. du soir à la salle de Miscouche, il y eut musique instrumentale et vocale ainsi que deux addresses par le R. M. Gouin et M. H. J. Cunningham, qui est dernièrement arrivé de Rome. Le premier nous parla de l’église de N. D. de Lourde et fit une description de ce célèbre sanctuaire. Ce dernier nous lit des notes sur l’Eglise St. Pierre, le Vatican et Rome en général. Tous deux furent bien goûtés, et méritèrent les chaleureux applaudissements de leurs auditeurs. Nos remerciements aux MM. Arsenault, McDougall, Gallant et McNally pour la belle musique qu’ils nous ont donnée. Après le chant de “Ave Maris Stella,” l’on donna trois “hourrahs” pour M. le curé McDonald et chacun se dispersa enchanté du succès de la journée. Le montant des profits réalisés aux tables de rafraîchissements, soit environ $60, sera affecté à l’érection d’un monument sur la tombe du regretté curé de Miscouche, feu M. l’abbé S. C. A. Boudreault. COMMUNIQUÉ