Les grandes fêtes de Church Point

Année
1910
Mois
9
Jour
1
Titre de l'article
Les grandes fêtes de Church Point
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5
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Les grandes fêtes de Church Point M. le maître de cérémonie précise le but de l’assemblée qui n’est point, nous dit-il, de soulever des cris de races mais bien de parler de nos affaires nationales. Il rappelle la convention de ’90 où fut décidée la création du collège Ste-Anne, il parle des bienfaits rendus par ce collège aux Acadiens et il souhaite la bienvenue aux gens des provinces maritimes de la Nouvelle-Angleterre et de la province de Québec. Ce sont les sentiments de tous les habitants de la Baie Ste-Marie qu’il transmet ainsi à tous ses frères d’Amérique. M. Clarence F. Cormier, président de la société l’Assomption, est le second orateur. Il parle au nom du Conseil Exécutif et il remercie. Il parle au nom des Acadiens-français de la Nouvelle-Angleterre et il se fait leur éloquent interprête. Il parle au nom de la société mutuelle l’Assomption et il demande qu’on l’encourage, car son but est noble. Elle est une œuvre d’éducation, une œuvre d’action sociale, ses aspirations sont celles du peuple acadien et ses progrès constants prouvent son utilité. Son dernier souhait : l’Acadie vivra avec le dernier acadien, est accueilli avec enthousiasme. Le R. Père Chiasson, supérieur du collège Ste-Anne, lui succède à la tribune. Lui aussi, il souhaite à tous la bienvenue, et retrace à grands traits l’histoire du collège Ste-Anne, ses épreuves et ses succès grâce au dévouement de Mgr Blance et du Père Dagnaud, grâce aussi à l’esprit de sacrifice et d’abnégation de Monsieur Gay et des Pères Eudistes. Il termina en invitant les Acadiens à revenir dans cinq ans célébrer les noces d’argent du collège Ste-Anne qui seront les fêtes du souvenir en même temps qu’elles chanteront les bienfaits de l’œuvre éminemment patriotique de l’éducation acadienne. Le discours de M. Sormany serait à reproduire en entier, tout y vibre le souffle du patriotisme le plus ardent en face de l’augmentation des forces acadiennes destinées, semblait-il, à disparaître lors de la dispersion de 1755, en face aussi de l’indignation la plus vive à l’égard des assimilateurs à outrance et de ceux qui voudraient nous ravir notre langue et notre foi. M. Sormany exprime délicatement de nobles sentiments lorsqu’il rappelle le dévouement du clergé acadien de nos paroisses et des congrégations religieuses qui dirigent nos collèges. Il appartient au supérieur du collège St-Joseph de Memramcook, le Rév. Père Guertin, de nous parler de l’éducation. Il le fait en nous exposant la nécessité d’une éducation catholique et française et la supériorité des institutions qui la donnent. Il fait un appel chaleureux et bien accueilli à la Société l’Assomption, à laquelle il confie le soin de développer en Acadie l’éducation agricole. Jusqu’ici nous avons entendu de beaux discours; on nous a lu également les télégrammes de filiale affection et de respectueuse soumission envoyés à Notre Saint-Père le Pape Pie X et à Mgr McCarthy, archevêque de Halifax; on nous a lu aussi des lettres du Rév. Père Belliveau, de Grand’Digue, et de l’Honorable Juge Landry, offrant leurs excuses à l’assemblée. Et cependant d’heureuses surprises nous sont encore ménagées. C’est d’abord M. F. Gatineau, président de l’Union St-Jean-Baptiste d’Amérique, qui se présente à nous et est accueilli en vrai Canadien rempli qui ne doute pas de voir un jour, d’après la prophétie d’un homme illustre, la race française devenir la maitresse en Amérique si elle conserve intact le patrimoine de sa langue et étant constante dans ses mœurs, elle continue à semer à travers le pays de nombreux enfants qui s’empareront du sol pour le faire fructifier, des carrières politiques et libérales pour diriger la nation entière, comme du commerce pour en faire une arme de civilisation. C’est ensuite le Rév. Père Travert, supérieur du collège du Sacré-Cœur de Caraquet, qui nous donne avec clarté, avec éloquence, avec conviction surtout, le programme de nos collèges acadiens. « Nous voulons faire de nos enfants des hommes qui travaillent, qui luttent, qui ont de l’initiative, des hommes qui ont de l’indépendance, qui ont de l’endurance, des hommes qui aiment leur père et leur mère, qui aiment leur pays. Nous voulons faire de nos enfants des chrétiens qui croient, des chrétiens qui se sacrifient pour leurs croyances, des chrétiens qui ne se confient pas en eux mais prient et qui communient. » C’est là un but noble et élevé et l’assemblée témoigne par ses applaudissements répétés qu’elle approuve ce programme et que c’est cette éducation qu’elle a désirée pour les enfants acadiens lorsqu’elle a fondé la caisse de l’écolier. Le R. Père Travert ne quitte pas la tribune sans encourager le fonctionnement de cette caisse qui jusqu’ici a réalisé de très beaux résultats. M. Henri LeBlanc le remplace pour nous expliquer dans une de ces improvisations auxquelles il est accoutumé le symbolisme de notre drapeau national, le drapeau de la vieille France, bleu de sérénité et d’espérance où brille aux couleurs papales l’étoile de Marie, blanc de pureté, rouge de sang et de vaillance. Il trouve des accents pénétrants pour épancher les sentiments de son cœur dans ceux de ses compatriotes, et il profite de l’emprise sur l’auditoire pour encourager la presse acadienne, le Moniteur, l’Impartial, l’Assomption, et nous présenter la nouvelle Evangéline, qui s’est levée majestueuse sous un ciel serein et qui sera, nous l’espérons, la reine de l’avenir. M. Jean H. LeBlanc, qui se lève ensuite, nous adresse la parole au nom des Acadiens-français de la Nouvelle-Angleterre. Le patriotisme, nous dit-il, c’est le lien qui nous réunit ici, et il nous montre la vivacité de ce sentiment chez nos frères des Etats-Unis. Ils sont fiers du pays qui les a vus naître et ils en parlent souvent. Ils parlent du coin de terre où ils ont joué enfants, de l’église où ils ont prié, des parents et amis qu’ils ont laissés là bas, des grands hommes que leur patrie a enfantés et qu’elle voit surgir chaque jour plus nombreux et plus vaillants. C’est ce sentiment de patriotisme sincère qui a fait naître l’Assomption qui, par sa caisse écolière, seconde les généreux sacrifices que s’imposent les successeurs des Lafrance, des Lefebvre, des Blanche et des LeBastard pour le développement moral et intellectuel de nos enfants. M. Bourassa est accueilli par de longs applaudissements. Avec l’éloquence qu’on lui connaît, il parle des deux rameaux de la belle race française : les Acadiens et les Canadiens-français. L’orateur insiste beaucoup sur l’importance de l’école primaire pour la conservation et de la langue et de la foi. « Si vous voulez rester acadiens, si vous voulez être de loyaux sujets à Sa Majesté Britannique, parlez le Français. » M. Bourassa est d’avis que c’est dans l’agriculture que l’acadien, tous comme le canadien-français, trouvera sa force. « C’est en conservant une race agricole progressive que l’élément français sera fort en ce pays. » M. Bourassa demande de mettre toute haine de côté. « Pas de haine, pas de rancune. Votre vertu c’est la patience dans la fierté. Revendiquez vos droits avec calme, prudence, avec la force qui se continent. » Et l’orateur de continuer à charmer l’auditoire qui lui fait une véritable ovation à la fin de son magnifique discours. On chante « O Canada. » L’hon. D. V. Landry, Ministre de l’Agriculture, est l’orateur suivant. Il appuie sur le côté pratique de nos fêtes. L’hon. Landry rappelle le fait que l’an dernier les bases furent jetées à Québec quant à une fédération des différentes sociétés catholiques et françaises d’Amérique. Il espère que cette fédération sera un succès. L’orateur demande à tous les acadiens de joindre la belle société mutuelle l’Assomption. L’hon. Dr. D. V. Landry est fort applaudi. Nous ne donnons ici que quelques mots des beaux discours qui furent prononcés à cette réunion mémorable. Le congrès de la Société Mutuelle l’Assomption s’ouvrait lundi matin, pour se terminer mercredi matin à une heure. Voici la liste des grands officiers : Président Général – M. W. Comeau, M. P. P. 1er Vice-Prés. – l’hon. Dr D. V. Landry. 2e Vice Prés. – Dr A Sormany, M. P. P. Chapelain Général – Rév. Dr. Gauthier, de l’Ile du Prince Edouard. Médecin Général – Mr L. N. Bourque. Secrétaire-Financier et Organisateur – M. J. H. LeBlanc. Secrétaire-Archiviste – M. Henri P. LeBlanc. Trésorier – M. Hilaire Hébert. La caisse écolière de la Société Mutuelle l’Assomption est assez forte cette année pour tenir 35 élèves au collège. Les noms seront publiés la semaine prochaine.