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Journal
Année
1889
Mois
8
Jour
14
Titre de l'article
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Auteur
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Page(s)
02
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
Selon les remarques faites par un gentilhomme influent de cette localité, il semble que l’impression que l’on ne peut pas se fier aux Français de Clare, qu’on ne peut avoir foi en leur parole, en matière politique, est accrédité jusqu’à un certain point; que pendant qu’ils promettent de supporter un candidat, ils supportent très souvent son adversaire politique. Est-ce une exagération pure, ou il y a t-il des raisons à l’appui de cet opinion? Le sage Salomon a dit qu’un bon nom est préférable aux richesses, et nous savons de quelle hauteur est l’homme dont on peut dire, “ Sa parole est aussi bonne que sa note.” D’un autre côté, un gentilhomme public de véracité bien connu, à Yarmouth, nous a dit, à propos de la question à savoir s’il était ou non facile d’influencer les Français pour obtenir leur suffrage, que quand on pouvait ainsi acheter trois votes des anglais, on ne pouvait n’en obtenir qu’une des Français, par le même procédé. Ce gentilhomme a également dit qu’il était surprenant de voir qu’il y avait tant des nôtres (Anglais), hommes généralement instruits et aisés, qui se laissent vendre pour quelques deniers, car les candidats pouvaient acheter leur suffrage plus facilement que celui des plus pauvres des Acadiens, qu’il était très rare de constater qu’un Français manquât à sa parole quand il promettait son support à un candidat particulier. Nous voyons par là, si ces rapports sont marqués au coin de la vérité, que nos frères les Acadiens de Clare diffèrent moralement des Acadiens de Yarmouth. Ces Français sont comme ceux de Clare et il nous semble qu’il y a contradiction dans ces rapports. Nous pouvons dire sans crainte de nous tromper que les Acadiens d’un comté sont aussi intègres et consciencieux que ceux de l’autre en ce qui concerne leur fidélité en matière politique. Nous avons jugé l’occasion favorable pour renvoyer cette calomnie et laver l’insulte ainsi faite trop gratuitement à nos Acadiens. Avant de jeter la pierre aux Français, il serait bon que nos frères les Anglais, s'examinassent eux-mêmes. Le scrupule sied bien quand on vit dans des châteaux de caries, et il se trouve de ces gens dans toutes les nationalités. Les Acadiens n’ont pas que nous sachions l’habitude de transiger avec l'honneur de leur parole, et nous ne croyons pas qu’on puisse en ce pays comme ailleurs, leur faire l’injure d’une accusation dont ils ne se sont jamais mérité la honte. Soyons un peu plus sur nos gardes! Les élections pour la chambre des députés en France auront lieu en octobre. Beaucoup sont sous l’impression que le pays est à la veille d’une crise, ou, peut-être d’une série de crises. Des hommes d’importance, cependant, pensent que malgré qu’il y ait des raisons d’alarme que la république passera sûrement à travers l’orage. Apparemment, le danger, réel ou imaginaire, qui existe à cause du boulangisme, sera prévenu pendant le temps, au moins la presse boulangiste le déclare, par un procédé qui ne sera pas démocratique tant s’en faut. Les ennemis du républicanisme sont nombreux en France, et les républicains eux-mêmes sont tellement divisés en partis qu’on doit considérer l’avenir aussi incertain qu’en aucun temps pendant les dix dernières années.