l'Assomption à Moncton

Année
1909
Mois
8
Jour
26
Titre de l'article
l'Assomption à Moncton
Auteur
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Page(s)
03
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Langue
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L’ASSOMPTION A MONCTON Nous l’avons déjà dit, les Acadiens de Moncton ont tenu à honneur de célébrer avec le plus d’éclat possible la fête de l’Assomption. Le sermon de circonstance à la grand’messe solennelle a été prononcé par le R. P. Chiasson, supérieur des Eudistes de Church Point. Il y a eu des offices religieux à 9h., à 11h. de l’avant-midi, et à 7h. du soir, dans l’église S-Bernard. Le soir, une grand réunion patriotique eut lieu à la salle Saint-Bernard sous la présidence de M. Antoine J. Léger, avocat, et les orateurs furent le Rév. M. LeBlanc, vicaire, M. D. T. Robichaud, le Rév. M. Robichaud, de Fox-Creek, le R. P. Chiasson, et l’hon. sénateur Poirier. Tous les discours roulèrent sur la grande fête du jour, sur notre histoire, nos aspirations pour l’avenir. Celui du sénateur Poirier fut des plus éloquents et vigoureusement applaudi. Il parla de l’harmonie qui existe, particulièrement dans les Provinces Maritimes, surtout entre les Anglais et les Français. “Nous, Acadiens-français, a-t-il dit, nous n’avons que des éloges à adresser à nos frères protestants. Qu’ils soient orangistes, francs-maçons, ou qu’ils ne le soient pas, ils nous traitent toujours avec esprit de justice et libéralité. Nous n’avons pas non plus de reproche à faire à nos compatriotes irlandais catholiques. En somme, nous ne sommes pas meilleurs qu’eux et ils ne sont pas meilleurs que d’autres. Sur cette terre libre sous le drapeau britannique – source de toute liberté moderne – nous demandons d’avoir dans l’Eglise ce que nous avons dans l’Etat, la reconnaissance de nos droits, qu’on nous refuse encore. “On a donné comme raison du refus de nous reconnaître dans la hiérarchie, notre pauvreté qui nous empêchait, dit-on, d’avoir un évêque de notre nationalité. Apparemment, d’après ces vues, ce qui donne la qualification pour devenir évêque, c’est (illisible). Un autre argument apporté contre nous à Rome, comme justification de l’opposition venant de certains quartiers irlandais, c’est que le français n’est pas parlé, particulièrement dans les couvents, et que pas un évêque acadien ne pouvait être nommé parce que l’avenir de l’Eglise catholique en Amérique appartient à la race irlandaise et que l’élément français recule, et que dans un avenir prochain il est appelé à disparaître.” L’orateur a donné des statistiques depuis 1881, comparant les progrès accomplis par les catholiques français et irlandais dans tous le Canada et dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre. Les chiffres donnés démontrent que l’augmentation est beaucoup plus en faveur de l’élément français, et que la race français, loin de perdre du terrain, en gagne toujours sur les irlandais.—Dans le diocèse d’Halifax, les français dépassent en nombre les irlandais et les écossais réunis laissant de côté les italiens et les immigrants. Dans le diocèse de St-Jean, le nombre des français catholiques et également divisé avec celui des irlandais. Dans le diocèse de Chatham, les français comptent trois contre un irlandais. Dans les derniers 28 ans, les français ont augmenté dans les provinces Maritimes d’environ 40,000, quand les irlandais n’ont augmenté que d’environ 3 à 4,000. L’hon. Poirier parla ensuite des Etats de la Nouvelle-Angleterre, et termina son discours en assurant son auditoire qu’il n’existe aucun ressentiment, que l’harmonie doit être basée sur une justice réciproque et que dans ce pays qui est le nôtre, le peuple d’une religion et d’une nationalité ne doit pas avoir la part du lion, s’attendre de priver les autres de leurs droits et privilèges sans qu’ils élèvent la voix; nous demandons des droits égaux pour tous dans l’Eglise comme dans l’Etat, a demandé M. Poirier.