Pour l’Histoire du Canada en Langue Française

Année
1909
Mois
2
Jour
25
Titre de l'article
Pour l’Histoire du Canada en Langue Française
Auteur
Patriote
Page(s)
02
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
Pour l’Histoire du Canada en Langue Française Monsieur le Rédacteur, Permettez moi de stimuler de toutes mes forces le mouvement mis en branle récemment afin d’introduire, dans les écoles française, une histoire du Canada écrite dans la langue que comprennent nos enfants. Les écoles anglaises ont leurs textes d’histoire du Canada, et les élèves anglais, depuis trente a quarante ans, apprennent l’histoire de leur pays sur les bancs de l’école dans les livres des Harper, des Caikin, des Hay et autres. Les milliers d’enfants acadiens qui fréquentent nos quatre cents écoles françaises des provinces maritimes sortent, grandiront et vivront sans avoir jamais entendu parler des pionniers qui ont fondé notre pays et de ceux qui, après la conquête, l’ont développé et organisé jusqu’à nos jours. La question est une de celles auxquelles il suffit de réfléchir seulement pendant quelques instants pour que nous soyons persuadés de sa souveraine importance. Cependant, ce dont ils s’agit plus particulièrement maintenant, ce n’est pas tant de faire comprendre la grande utilité d’une histoire française dans les écoles – chose tout à fait admise – que de convaincre les Conseils de l’Instruction Publique que nous voulons en introduire une sans retard dans nos écoles, puisqu’il y en a une de prête, qui est déclarée excellente, et qui est mise à notre disposition. Individuellement, les surintendants de l’Education ne paraissent pas avoir la moindre objection à présenter à l’Histoire Elementaire Bourgeois. J’ai eu l’occasion dernièrement de voir les lettres reçues par l’auteur depuis qu’il a soumis son manuscrit d’histoire, en juin dernier, à l’examen des Bureaux de l’Education des trois provinces maritimes. J’ai pris la peine de relever en traduisant ce que dit, par exemple, le Dr. Inch, le surintendant de notre province du Nouveau Brunswick. “J’ai lu, dit il, votre manuscrit d’histoire attentivement et, autant que je puis en juger, votre manuel est bien en accord avec les faits de l’histoire et ne contient rien qui puisse déplaire à aucune race ou à aucune croyance. Le style est bon et j’ai la conviction que votre manuel ne saurait laisser d’être utile. Il va sans dire que je ne suis point en situation de dire quelle chance il y a de le faire introduire comme livre de texte autorisé pour les écoles acadiennes.” Le Dr. Mackay, surintendant de l’Education à la Nouvelle-Ecosse, et le Dr. Anderson surintendant de l’Ile, parlent à peu près dans le même sens et ils finissent tous par dire qu’ils se reconnaissent incapable par eux-mêmes de faire adopter ce livre. Il faut donc que la voix du peuple se fasse entendre; il faut que le sentiment des contribuables français se manifeste ouvertement par des pétitions, par des signatures nombreuses. J’ai la conviction que l’auteur n’aurait pas recours à une telle mesure s’il n’eut été lui-même convaincu que ce referendum devenait nécessaire pour assurer l’autorisation de son livre aux Conseils de l’Instruction Publique. Il est donc urgent que dans toutes les paroisses françaises l’on s’empresse de signer la pétition qui est devant le public actuellement, en vue de faire adopter cette histoire, dès cette hiver, et pendant que nos députés siègent ou vont sièger à la Chambre de leur province respective. Patriote. Moncton, 20 février 1909