A propos d'un livre acadien

Journal
Année
1888
Mois
7
Jour
25
Titre de l'article
A propos d'un livre acadien
Auteur
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Page(s)
3
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
A PROPOS D’UN LIVRE ACADIEN Le comte Toulouse-Lautrec publie dans le Correspondant une très intéressante et très éloquente étude sur les acadiens, qui porte le titre : A propos d’un livre canadien, et qui a été inspiré par les récents travaux de l’abbé Casgrain. “Un amiable et touchant volume paru à la fin de 1887, a ramenée ma pensée, dit l’auteur, vers le pays lointain où je compte de bons amis : Un pèlerinage au pays d’Evangéline…. “Où est situé, ajoute-t-il, le pays d’Evangéline? Nul ne l’ignore d’un bout de l’Amérique à l’autre, pas plus qu’on na à apprendre à personne en Europe quel est le pays de Paul et Virginie, celui de René, de Werther, de Mignon, de Graziella, Mireille…. Evangéline est une de ces créations poétiques, à qui le génie a donné une telle intensité de vie, qu’elles semblent comme des êtres réels, avoir une patrie, et qu’elles ont illustré les lieux où l’écrivain les a fait naître, vivre et mourir. C’est à l’Acadie : une terre à laquelle l’étranger à tout pris, jusqu’à son vieux nom français, et dont il a fait la Nouvelle Ecosse, New Scotland. C’est là que Longfellow a placé les premières scènes de son ravissant poème.” Après avoir cité pour peindre la dispersion des Acadiens, cette touchante image de Longfellow : “Leur habitants sont partis pour toujours, dispersés comme la poussière et les feuilles, quand les violentes rafales d’octobre les saisissent et les font tourbillonner dans l’air et pleuvoir au loin sur l’Océan,” il ajoute: “L’abbé Casgrain a voulu rechercher dans ce charmant pays, ces souvenirs douloureux : il a voulu connaitre ces descendants obstinés et vivaces des proscrits, revenu peu à peu dans leur terre paternelle. Il les a visités en patriote, en historien et en poète, et pour notre grand plaisir, il a saisi au vol de la pensée ses notes de voyage “comme les gibiers qu’il voyait abattre par les chasseurs dans les joncs de la rivière Gaspareaux.” Pour notre grand plaisir encore, pour notre vive et profonde satisfaction, l’abbé Casgrain a inspiré cette belle étude du comte Toulouse-Lautrec, écrit avec une chaleur de cœur une sincérité et une éolquence d’accent, qui nous ont remué. Elle s’ouvre par une page magistrale sur Jacques Cartier et Montcalm, le grand marquis, que l’espace dont nous disposons aujourd’hui nous empêche de reproduire. Mais on le lira dans le Correspondant; on lira l’article tout entier : c’est une de ces études toutes pleine d’émotion passionnate, qu’on n’abandonne pas lorsqu’on l’a commencée, et qu’on lit d’un trait, le cœur touché. C’est ainsi, du moins que nous l’avons lue et c’est l’effet qu’elle produira certainement sur toute âme patriotique. – Le Paris(illisible) -Canada.