A mes Compatriotes, les Acadiens

Journal
Année
1908
Mois
12
Jour
1
Titre de l'article
A mes Compatriotes, les Acadiens
Auteur
François Joseph Buote
Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
A mes Compatriotes, les Acadiens Chers Compatriotes, Depuis trois mois que nous sommes de retour du sixième Congrès Acadien, j’attends, avec impatience, la réalisation des plans formulés lors de cette réunion plenière des nôtres. Voyons ce qu'il y a d'accompli. Jusqu’à présent.... Je veux parler des résolutions adoptées à l’unanimité en plein congrès ; résolutions qui furent accueillies avec enthousiasme et avec des applaudissements réitérés. Ces résolutions sont : "La demande d’un Evêque Acadien." Pour ce qui se rapporte à cette résolution, laissons l'affaire entre les mains de ceux qui se dévouent pour nous, sachant bien qu'à l’heure et à temps, nous aurons notre Evêque Acadien. "Un membre Français dans le bureau des examinateurs des médecins pour la province du Nouveau Brunswick." Est-ce qu’il a eu des démarches à cet égard ? Si des démarches ont été faites le peuple acadien a droit de connaître le résultat. Nos journaux acadiens sont là pour annoncer aucun heureux résultat ; nos journaux acadiens sont encore là pour faire prévaloir nos droits, plus publiquement et plus énergiquement. "Une commission d’état pour la collection des documents historiques concernant l’Acadie." L’hon. Sénateur Poirier, vaillant défenseur de nos droits, s’occupe de l’affaire, et avant longtemps nous aurons la douce satisfaction de posséder les copies authentiques des documents historiques concernant Acadie, qui jusqu’à présent, nous ont été refusées. "L'enseignement du français plus large dans nos écoles." Est-ce qu'il a eu quelque chose de fait à cet égard ? A part les résolutions adoptées au congrès pédagogique, à Mont Carmel, le premier septembre, nous ignorons s’il y a eu aucun effort fait pour remédier à l'injustice qui se pratique, dans certains centres, contre les enfants acadiens. Pourtant c’est un sujet qui doit intéresser tout Acadien. Le français est un peu négligé dans nos écoles. Je veux parler des écoles du Nouveau Brunswick, de la Nouvelle Ecosse et de cette province. Le français est négligé, mais la faute est due en grande partie aux parents, qui ne s’occupent guère si leur langue est parlée dans leur propre famille, sur les rues et dans les écoles. C'est une honte pour ceux qui agissent de la sorte. Si des parents sont si négligeants envers leurs enfants, comment veut-on que les instituteurs s’occupent de l’enseignement du français, quand, souvent, ils entrent dans les logis des élèves qu'ils ont sous leur soin et là ils entendent des conversations, entre pères et mères, frères et sœurs, en anglais? Et: quel anglais!!! C’est bien triste, mais c’est malheureusement trop la vérité. Souvent les maîtres et les professeurs de nos maisons d'éducation prennent avantage de l'indifférence des parents, pour omettre presque complètement l’instruction française dans leurs classe. Le résultat est funeste aux élèves acadiens. Des cas sont assez communs, que les pères et mères, ne sachant pas trop bien l’anglais, ne parlent jamais le français chez eux, et leurs pauvres enfants sont elevés dans l'ignorance de la langue française. Nous en avons des centaines de cas dans l'Acadie, et cela nous brise le cœur, d’entendre ces pauvres enfants, avec de beaux noms acadien, ne parler que du John Bull et cela que bien imparfaitement. Les parents qui agissent de la sorte, ne sont pas patriotes. Encore, si ce malheur existait que parmis la classe ouvrière ou pas instruite, mais c'est le cas contraire. Pour le présent, je n'en dis pas d'avantage, car je crois que tous ceux qui sont intéressés à la race acadienne, à l'avancement de notre belle langue, se feront un devoir de voir à ce que le français soit proprement enseigné dans nos maisons d'éducation. "Enrôlement de tous les Acadiens dans les Sociétés Acadiennes." Cette résolution se réalise aussi rapidement que les moyens le permettent aux gens. La Société Acadienne de Secours Mutuel de l’Ile du Prince Edouard constate, avec plaisir, la réalisation de cette résolution et je ne doute pas que la Société Mutuelle L'Assomption a aussi à se féliciter des Nouveaux sociétaires qui s’enrôlent sous sa banière. "Réformer à l’école normale du Nouveau Brunswick, telles que demandées en 1904, à Moncton." Agit-on sur cette résolution ? Les députés et les hommes publics de la province du Nouveau Brunswick sont à l'œuvre, j'espère, et assurément, avant longtemps, les Acadiens auront le bonheur de voir ces réformes, tant désirées se réaliser. "L’Encouragement de nos journaux acadiens." Cette résolution se réalise certainement. L’IMPARTIAL, a pris un élan de prospérité depuis le 61ème. Congrès, et j'en suis reconnaissant à nos braves Acadiens, qui veulent, à tout prix, soutenir leurs journaux français, les plus grands défenseurs de leurs droits, l’avant garde et le bouclier de la cause sacrée des Acadiens. J’espère que mes confrères du Moniteur Acadien et de l’Evangeline peuvent se féliciter, eux aussi d'un élan de prospérité depuis que nous sommes revenus de St. Basil, où cinq mille Acadiens proclamaient, bien haut que nos journaux acadiens, devaient être patronés, plus noblement que par le passé. Cependant la résolution suivante, adoptée à l’unanimité, n’a pas été suivie par les intéressés. Pourquoi? Je l’ignore. Que chaque Société Acadienne de Secours Mutuel, c-à-d la Société l’Assomption Mutuelle et l’Association de Secours Mutuel de l’Ile du Prince Edouard, s’abonnent aux journaux acadiens pour les bureaux de leur conseil. Adopté Soyons patriotes. Acadiens de cœur et d’action, non seulement les jours de nos grandes conventions, mais en tout temps et partout. Le succès des résolutions adoptées dans ces grandes réunions plénières des Acadiens, dépend de notre sincérité et de notre bonne volonté. Le septième Congrès des Acadiens aura lieu à Tignish, Ile du Prince Edouard. Déjà les insulaires s’en réjouissent ; sont prêts à faire des grands sacrifices pour son succès, mais n’allons pas oublier nos résolutions faites à St. Basil et arriver à Tignish sans être capable de montrer, que nous avons fait tous nos efforts, du moins, pour l'avancement de notre race, la réalisation de nos projets tant désirés. Veuillez me croire, chers compatriotes. Votre serviteur tout-dévoué. François Joseph Buote, Président Général de l’Assomption, Tignish. Ile du Prince Edouard, Ce 30 novembre, 1908.