Un Collège français a l'Ile du Prince-Edouard

Journal
Année
1905
Mois
4
Jour
6
Titre de l'article
Un Collège français a l'Ile du Prince-Edouard
Auteur
----
Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
Un Collège français a l'Ile du Prince-Edouard Depuis une couple d’années, "l’IMPARTIAL" a donné publication à plusieurs correspondances, à propos d’un collège français, à l'IIe du Prince Edouard. La proposition a été discutée et examinée à plusieurs points de vue et même avec beaucoup d'apropos. Dernièrement, cependant, les eaux de l’oubli semblent s'être refermées sur cette question ce premier ordre qui, il faut l’espérer, ne dort pas son sommeil de mort, elle est seulement à l’état lithologique. Qui sait, l'organisation désirée est peut être sur le métier, ou est peut être résolument à l'œuvre : car, souvent, ce ne sont pas les plus grands bruits qui produisent les plus grandes [illisible]. Certainement, notre province sœur possède des hommes dont les capacités et la renommée sont amplement capables de nous inspirer la plus entière confiance. Que n'ont pas fait déjà les prêtres français de l'Ile, aidés comme ils l'ont toujours été d'une généreuse phalange de laïques éclairés? N'a-t-on pas vu, sous l'impulsion de ces hommes d'élite, les immenses progrès qu'a faits notre belle langue dans leurs écoles, progrès qui font vite pâlir les piètres succès obtenus, en ces dernières années, dans nos écoles du Nouveau Brunswick. Maintenant, que le mouvement national gagne du terrain, que la langue française, au moins quant à sa partie élémentaire est enseignée et avec succès, me dit on, dans toutes les écoles acadiennes de cette belle province, je soumets, encore une fois, et toujours avec confiance, la question vitale qui ne me laisse jamais, celle d'une éducation française supérieure pour nos frères de l'autre côté du Détroit. Le Nouveau Brunswick a deux Collèges français, la Nouvelle Ecosse en a un, le Cap Breton aura certainement le sien plus tard, l'Ile St. Jean devrait nécessairement en posséder un. Rien ne manque à la possibilité de la chose ; les Acadiens y sont en nombre suffisant, ils ont la richesse voulue, ils ont aussi, comme je l'ai déjà dit, les hommes d'initiative et d'intelligence qu'il faut. Déjà quelques plans d'organisation ont été proposés ; un entre autres, celui de coopération, le seul, selon moi, qui soit pratique. Pour ma part, par coopération, j'entends l'union des paroisses dirigées par un comité central composé de prêtres et des laïques les plus éclairés et les plus dévoués à la grande et noble cause de l'éducation. Ce comité pourrait s'adjoindre des délégués ou zélateurs nommés dans chaque localité, et ceci à seule fin de collecter des fonds pour l'entreprise future. Je ne connais pas parfaitement toutes les paroisses où les Acadiens sont nombreux, mais je sais suffisamment qu'il y a plusieurs cantons français desservi par des curés écossais et irlandais. Et dans cette charmante province—tout est intéressant sur l'Ile—et c'est à leur louange que je le dis, les prêtres français, écossais et irlandais, ainsi que les laïques, s'entendent si bien, fraternisont d'une manière si parfaite que l'on peut, à coup sûr compter sur leur entier dévouement pour la cause commune de l'éducation. Donc, fonder, premièrement, un capital ad hoc, tel serait mon idéal. Il doit y avoir au moins une dizaine de paroisses où les Acadiens sont nombreux et prospères. Serait ce bien difficile, pour chacune de ces paroisses, de fournir un cent dollars par an? il me semble que non, d'après ce que je connais: car les Français, en général, y sont plus fortunés que ceux des autres Provinces Maritimes. Je connais là des paroisses qui bien aisément, pourraient donner deux et trois cent dollars : de plus combien de particuliers à l'aise, la chose étant bien et dûment organisée, donneraient gaiment de fortes sommes. A toute éventualité, un mille dollars peut, par toute l'Ile, être réalisé annuellement et sans trouble. Avec ce moyen que j'appellerai co-opératif, en l'espace de huit ou dix ans, voilà le comité central avec un douze mille dollars en banque et prêt, par conséquent, à jeter les bases du nouveau collège français. On ne fait pas autrement, quand on veut construire une église : on ramasse des fonds par avance. Le curé, aidé de ses paroissiens, utilise tous les petits moyens à sa disposition et, dans l'espace de cinq ou six ans, cette paroisse laissée, pourtant, à sa propre initiative, est fière de montrer aux visiteurs étrangers une belle construction achevée et toute payée et qui vaut quelque fois dans les vingt mille. Ce qu'une paroisse, disons de deux cents familles, peut faire, naturellement et à plus forte raison, plusieurs paroisses réunies ensemble, par un but commun et patriotique, le peuvent. Je me rappelle très bien, quand le bon Père Lefebre prit charge de la fondation du collège St. Joseph, combien de cent dollars les paroisses françaises de Westmorland et Kent ne lui ont ils pas donnés, et ceci tout en continuant les œuvres de leur localités respective. "Quod isti et istae, cur non ego?" L'article qui précède était destiné à l'IMPARTIAL, mais ce journal ne devant pas, pour cause de réparations, paraître d'ici à quelques semaines, l'auteur a eu l'amabilité de le faire parvenir à nos compatriotes insulaires par le canal du Moniteur.