Fausses Interprétations

Journal
Année
1903
Mois
6
Jour
25
Titre de l'article
Fausses Interprétations
Auteur
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Page(s)
4
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
Fausses Interprétations C'est induire en erreur d'essayer à faire croire que ceux qui demandent des prêtres de leur nationalité veulent former une religion à part, une religion nationale. Lorsque les Canadiens-français des Etats-Unis ont demandé des prêtres de leur nationalité qui pussent les instruire et les diriger dans leur propre langue, ils n'ont jamais nourri l'idée de se soustraire à la communion de l'église catholique apostolique et romaine, ni de se former une religion à eux. Il en est de même des Allemands, des Italiens, des Polonais, etc., qui habitent la république américaine quand ils ont demandé d'avoir des leurs pour les desservir. Ces différentes nationalités n'ont pas rompu avec l'église catholique, ni se sont-elles rendues coupables d'aucun péché en revendiquant leurs droits sous ce rapport. Ce qui constate cette vérité, c'est que les autorités ecclésiastiques ont reconnu le besoin qui s'imposait et ont ordonné que chaque nationalité eut ses prêtres qui fussent compétents de les instruire en leur langue maternelle. Les Acadiens ont les mêmes droits, et, tout en restant, comme les gens des Etats-Unis, enfants fidèles à l'église, ils demandent que justice leur soit rendue, eux aussi, à cet endroit. C'est invoquer des raisonnements captieux que d'avancer que les Acadiens veulent s'émanciper, et qu'en demandant des prêtres de leur nationalité, ils étalent aux grand jour leurs sentiments de désobéissance envers les autorités. De tout temps et en toutes les occasions qui se présentent, les Acadiens, en général, peuvent très bien occuper la place d'honneur pour leur fidélité à leur religion. Donc, ceux qui disent que les Acadiens sont dans l'erreur quand ils demandent ce qui leur est légitimement dû, ne sont pas les amis des Français, allez, et ils voudraient nous angliciser. Parce que ces gens là ont perdu leur langue maternelle, ils n'ont cependant aucun droit d'entreprendre de nous faire perdre la nôtre. Justice égale à tous. A César ce qui est à César; à Dieu ce qui est à Dieu; aux Acadiens ce qui est aux Acadiens.