l'Isolement des Acadiens

Journal
Année
1902
Mois
5
Jour
1
Titre de l'article
l'Isolement des Acadiens
Auteur
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Page(s)
4
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
L'Isolement des Acadiens Depuis que les Acadiens se sont choisi une fête nationale; à chaque fois qu'ils réclament leurs droits nationaux; aussi souvent qu'ils refusent de renoncer à leur titre d'Acadien, et s'assimiler aux autres races; on leur jette la pierre, et pour se justifier du refus de justice, à leur égard, on les accablent, en leur disant : vous vous isolez; vous ne voulez pas faire cette acte d'apostasie national; par conséquent restez nos vassaux, nos esclaves. Rien n'est plus indigne, plus injuste, plus provoquant, plus accablant, plus criminel que ce nouveau mode de traiter les premiers défricheurs du pays, les fils des confesseurs de la Foi en Amérique. Toutes les nationalités, et les tributs sauvages ont le privilège d'Être mis sur un pied d'égalité; mais pour les Acadiens, il faut en faire une exception odieuse, et sous le prétexte d'un isolement offensif, on tient les Acadiens éloignés des honneurs et des responsabilités dans l'état, et même dans l'église. Qu'est-ce donc que cette lâche et injuste justification dont on se pare, pour exclure les enfants de l'Acadie des positions auxquelles leur nombre et leur services leur donnent un droit incontestable ? Il faut donc qu'en Acadie, l'Acadien ne peut prétendre être considéré et recevoir sa part de patronage dans l'église et dans l'état, qu'il renie son sang, ses ancêtres et son histoire; et qu'il étouffe dans son cœur et dans son âme le plus noble sentiment que Dieu y a placé, le sentiment de l'amour de la patrie, qui est d'après le plus grand des hommes vivants, le grand Léon XIII, de la même origine que l'amour de Dieu même. Vraiment, c'est ignoble de voir jusqu'à quel point on pousse le fanatisme, le mépris pour une race qui compte aujourd'hui 200,000 âmes en Acadie, au Canada et aux Etats Unis;—laquelle est reconnue, pour avoir planté la croix du Christ en Amérique et y avoir implanté la civilisation ! Si on veut absolument priver les Acadiens des droits, des privilèges, des avantages et des honneurs accordés aux autres races, et favoriser des survenus de préférence aux enfants de l'Acadie, que l'on en prenne la responsabilité, et que l'on ajoute pas le mépris à l’insulte, en alléguant comme prétexte, que puisque les Acadiens ne veulent pas se confondre, s'assimiler, s'engloutir avec les autres races, ils n'ont pas de droit de cité chez eux—On ne demandera pas aux Irlandais, aux Ecossais, aux Canadiens-français de renoncer à leur nationalité et à leurs traditions; mais on fera alliance pour forcer les enfants de l'Acadie à capituler et à abandonner et leur fête nationale et leur drapeau—"Non possumus." Efforts inutiles, vains complots et rêves frivoles. Les Acadiens ne sont ni des lâches, ni des traîtres ni des ingrats, ni des renégats, et ils ne sont pas d'un sang mort et dégénéré. Leurs conventions, leurs démarches, leur organisation attestent qu'ils veulent rester ce qu'ils ont le droit d'être sur le sol de leurs nobles ancêtres; c'est-à-dire, "Acadiens Catholiques et français" comme le disait si bien, naguère, le digne président de notre Société Nationale, "l'Assomption." Le cri, que les Acadiens, restant isolés, resteront privés des honneurs, des positions et des dignités, ne saurait changer leur disposition et leurs sentiments. Dans la fournaise ardente ils diront: "Acadiens nous sommes, Acadiens nous resterons, Acadiens nous mourrons."