le Rapport annuel des écoles Acadiennes par l'Inspecteur Arsenault

Journal
Année
1901
Mois
5
Jour
2
Titre de l'article
le Rapport annuel des écoles Acadiennes par l'Inspecteur Arsenault
Auteur
Jos. Oct. Arsenault
Page(s)
5
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
Le Rapport Annuel DES ECOLES ACADIENNES Par l’INSPECTEUR ARSENAULT D. J. McLeod. Ecr. Surintendant d’Éducation. Monsieur : Je vous soumets respectueusement mon Neuvième Rapport Annuel sur la condition des Écoles Acadiennes de cette province. Environ soixante départements pourraient être rangés dans cette catégorie, quoiqu’il y en ait six où le français ne soit pas enseigné de manière à les distinguer des écoles anglaises. Il y a 2292 élèves enrôlés dans les cinquante quatre écoles, montrant une moyenne de 43 dans chacune. Il y a dix écoles graduées de deux départements et une école de première classe de trois départements. Il m’est agréable de constater que vous avez réglé d'une manière satisfaisante les disputes qui existaient dans les districts de St. Chrysostome, St. Nicholas et Cap Egmont, et que le résultat a été que chacun de ces districts a maintenant une école graduée au lieu d’être divisé en petits districts. L’école de St. André, (Rustico- Nord), où il y a 112 élèves enrôlés, devrait avoir un troisième département. De grandes améliorations ont été faites sous le rapport d’agrandir les cours des écoles et de les renfermer ainsi que dans la plantation d'arbres et d’arbrisseaux. Je suis d’avis que les arbres les plus convenables pour l'embellissement des cours d’école sont l’érable, le chêne, le tilleul, la châtaigne, le frêne et l’ormeau. C’est avec un légitime orgueil que je puis rapporter que dans nos écoles acadiennes les enfants parlent l’anglais aussi bien que le français, et qu’un progrès apparent se manifeste sous ce rapport, d’une année à l’autre. Cet heureux résultat est, sans contestation, dû à l’encouragement de la part des maîtres d’avoir leurs écoles examinées dans les deux langues, mais plus particulièrement par les conventions annuelles et locales. L’opinion générale émise dans nos conventions est que le cours français par Duval, quoiqu'étant bien propre aux écoles anglaises, est pour ainsi dire inutile dans nos écoles acadiennes, et qu’il est désirable que la grammaire française, prescrite soit enseignée aux élèves acadiens, même à ceux qui se préparent pour les examens au collège Prince de Galles. L’idée erronée qu’un instituteur, pour prouver qu’il réussit dans sa profession, doit avoir des élèves dans les classes avancées, disparait rapidement, et l’on constate qu’il est plus difficile d'enseigner les premiers principes de la bonne lecture, de l'écriture, etc. que d'enseigner les rudiments du latin, de la géométrie et du grec. Dans plusieurs écoles, j'ai remarqué que les plus jeunes enfants ont besoin des choses requises pour apprendre l'écriture, le chiffre et le dessin. C'est certainement une grande erreur, sinon, un crime, de contraindre de jeunes enfants à s'asseoir pendant quatre ou six heures avec un abécédaire, seulement, et bien souvent, privé de ce petit livre même. Les instituteurs devraient travailler de concert avec les commissaires afin de remédier à ce triste état de chose. L’année dernière la Convention des instituteurs acadiens a eu lieu dans la jolie et spacieuse salle de Mont-Carmel, les 30 et 31 août. Tous les instituteurs excepté un, retenu par la maladie, étaient présents ainsi qu’un grand concours de parents et amis. Ci-suit le sommaire du programme suivi à cette convention : 1-Discours et remarques par plusieurs personnages distingués. 2-Un papier : Les Parents et les Instituteurs. Par André Doiron. 3-La Croix, la Plume, et la charrue. Par Bruno Martin. 4-L’Economie dans l’éducation. Par Jos. Gallant, B. A. 5 -Leçon pratique de Lecture, (une classe présente). Par Jos. Blanchard. 6-L’Enseignement, Par Filias LeClerc. 7-Suggestions pratiques sur la manière d’enseigner la Grammaire Française. Par Jos. Oct. Arsenault. 8-L’Arithmétique. Par Zacharie Buote. 9-Questions et Discussions sur divers sujets importants. Durant la Convention, cinq séances furent tenues, toutes très intéressantes et instructives. Tous les papiers lus et toutes les discussions se firent en français. Les quatre instituts locaux ont eu des assemblées fréquentes pendant l’hiver, et ont concouru immensément à créer chez les parents un intérêt plus actif dans l’avancement de leurs écoles. Il ne serait pas mal à propos d’attirer l’attention des instituteurs sur la convenance d’embellir leurs départements respectifs de quelques dessins au crayon, soit sur les murailles ou sur le tableau noir. Les instituteurs obtiendraient des renseignements précieux à ce sujet en visitant les écoles de la capitale. Ceux qui n’ont pas d’expérience dans l’art du dessin trouveront que les modèles Kellogg et cie. New-York, leur viendront puissamment en aide. Je me propose de faire une exposition de ces modèles à notre prochaine Convention annuelle. Les portraits de quelques célébrés auteurs et artistes produiraient aussi un bon effet. La "Perry Pictures Co." vend ces portraits au prix de 1 ou 2 cents. M. Charles J. Mitchell de Charlottetown est leur agent. Dans chaque école il devrait y avoir une boite contenant des échantillons de minéraux, de bois, de plantes, etc. le tout tenu dans un état propre et toujours prêt à être utilisé pour expliquer les leçons. Les instituteurs devraient s'efforcer d’enseigner des leçons pratiques sur les plantes, les minéraux et les animaux—leçons qui tendraient fortement à développer les facultés d’observation des élèves. Ils devraient aussi s'appliquer à implanter dans l’esprit de leurs élèves un amour plus ardent pour le Canada et tout l'empire britannique, leur démontrant combien fiers et reconnaissants nous devons tous être de jouir si amplement d'une atmosphère de liberté- liberté de religion, de langage et d'expression de nos pensées. En terminant, le devoir m’incombe, au nom des instituteurs acadiens de vous exprimer mes sentiments d'appréciation pour votre bienveillance, votre impartialité et vos vues larges, en notre faveur dans l'accomplissement de vos fonctions, et aussi de vous de vouloir bien accepter cet hommage de notre affection et de notre gratitude. J’ai l'honneur d'être Monsieur Votre obéissant serviteur Jos. Oct. Arsenault Charlottetown, 26 jan. 1901