Conventions nationales des Acadiens (Robidoux) - 1884 - p177-178

Année
1884
Titre de l'article
3ième commission - Du Drapeau National
Auteur
A. D. Cormier, Ptre, C.S.C
Page(s)
177-178
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
Il me fait plaisir, messieurs les délégués, en ma qualité de rapporteur de cette commission, d’être le premier appelé à vous faire connaître mes vues par rapport au drapeau national. Je l’avouerai franchement, je n’ai guère mûri cette question, me doutant nullement que les rôles seraient intervertis de manière à m’amener à agir comme rapporteur dans cette importante commission. Cependant, aujourd’hui même, en traitant l’affaire en question avec quelques amis, un plan, parmi tous les autres mis en avant, m’a singulièrement plu, et ne manquera pas, j’en suis sûr, de produire sur vous, messieurs, la même impression. Permettez-moi de vous dire qu’à mon sens ce serait une erreur d’adopter un drapeau qui semblerait afficher trop de prétentions; car inutile de le dire, notre petit peuple acadien, cette humble colonie, qui ne commence qu’à secouer la torpeur dans laquelle elle a été si longtemps plongée, n’a d’autres ambitions que celles de vouloir occuper la place qui lui a été assignée par la divine Providence et qui lui est dévolue en raison du nombre de ses habitants, de leur intelligence, leur industrie, leur loyauté, et surtout leur désir de promouvoir, à l’instar des autres races, les intérêts généraux de leur pays. En un mot, sans être taxés de prétention, nous voulons avancer dans la voie du progrès avec les autres, de manière à ne pas perdre de vue nos concitoyens d’origine étrangère et qu’eux non plus ne nous perdent pas de vue. Ainsi un drapeau trop à part sur un plan trop tranché ne rencontrerait peut-être pas le but que nous nous proposons, et en nous faisant dommage interpréterait mal nos idées et nos sentiments aux yeux des races étrangères. En ceci, comme dans toutes les choses louables, imitons nos voisins: les Anglais des colonies arborent le drapeau de leur mère-patrie comme leur étendard national; les Irlandais de l’Amérique saluent le drapeau de la Verte-Erin comme étant leur, et les Canadiens nos voisins, nos amis, nos frères, qui en ceci comme sous bien d’autres rapports devraient être nos dignes modèles, ne regardent-ils pas le drapeau actuel de la France comme leur propre drapeau? Oui, messieurs, le tricolore, sans discuter les motifs politiques qui l’ont amené, flotte sur le Canada français. Ainsi il est proposé par le secrétaire soussigné, appuyé par M. l’abbé M. F. Richard, que: *Le drapeau tricolore soit le drapeau national des Acadiens-français. Comme marque distinctive de la nationalité acadienne on placera une étoile, figure de Marie, dans la partie bleue, qui est la couleur symbolique des personnes consacrées à la sainte Vierge. Cette étoile, Stella Maris, qui doit guider la petite colonie acadienne à travers les orages et les écueils, sera aux couleurs papales pour montrer notre inviolable attachement à la sainte Église, notre mère.+ De plus il est proposé et secondé que l’insigne qui se portera à la boutonnière aux jours de fêtes, sera une bandelette de soie bleue sur laquelle sera frappée une étoile entourée de rayons. Au-dessous un vaisseau voguant à pleines voiles avec le mot Acadie écrit sur son pavillon. La devise au bas sera; *L’union fait la force.+ Le tout couronné d’une rosette en ruban rouge et blanc. Ces deux motions furent soumises aux suffrages de l’assemblée et remportées à l’unanimité et au milieu de vifs applaudissements.