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Je regrette vivement, dit-il, de ne pouvoir m’exprimer avec toute la correction voulue dans la langue française, mais j’espère qu’on me tiendra compte de mon bon-vouloir, et qu’on me pardonnera mes fautes de grammaire. Je n’en suis pas moins représentant acadien, pas moins dévoué aux intérêts de notre chère Acadie. Dans mon temps, nous n’avions pas les facilités d’aujourd’hui pour nous instruire, et quand on pouvait fréquenter l’école un ans, six mois même, c’était l’exception. Je vieillis, la barbe me grisonne, mais le cœur est toujours jeune, toujours frais, et il bat aussi fort que jamais pour la patrie. Messieurs, dans la question qui nous occupe, j’ai des opinions tranchées, et mes sympathies sont pour l’Assomption, pour le 15 août. Où sera le nom acadien dans vingt ans d’ici si nous adoptons la Saint-Jean-Baptiste? Demandez-vous cela, vous, messieurs du nord qui, pour venir ici, avez passé par l’Intercolonial sur les ossements de nos ancêtres dévorés par les bêtes féroces en fuyant la cruauté de leurs persécuteurs; pensez-y aussi, vous messieurs de l’Ile Saint-Jean, dont les sillons du vaisseau qui vous a traversés a fait tressaillir les ossements de vos aïeux relégués au fond de l’abîme par la fureur de leurs vainqueurs!
On parle de ce que nous devons au Canada. Les Canadiens n’ont-ils pas reçu les secours de la Propagation de la Foi? Les Canadiens sont-ils venus parmi nous la bourse pleine pour répandre l’éducation, ou ne sommes-nous pas ceux qui la leur ont remplie, qui leur ont fourni les moyens? Les collèges canadiens n’ont-ils pas eu du support de l’Acadie? Nous sommes reconnaissants aux Canadiens pour ce qu’ils ont fait pour nous, mais d’un autre côté il faut connaître et reconnaître ce qui en est.