Acadiens

Journal
Année
1899
Mois
2
Jour
2
Titre de l'article
Acadiens
Auteur
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2
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ACADIENS. Dans la nuit du 16 janvier dernier, une épouvantable catastrophe venait fondre sur l’une de vos œuvres nationales, bien jeune encore, il est vrai, mais qui croyait toucher au terme de ses légitimes espérances. Le collège Sainte-Anne, dont les premières assises avaient été jetées il y a huit ans, devenait la proie des flammes. Si grâce au ciel, les vies étaient sauves, en revanche tout était consumé par l’incendie : le corps du premier bâtiment, la nouvelle chapelle dont nous étions si fiers ainsi qu’un mobilier considérable et de la plus haute valeur. En présence de cette terrible calamité, nous avons versé des larmes amères. Mais nous pouvons du moins nous rendre cette justice que nous ne nous sommes pas découragés. Notre première pensée a été une pensée de résignation et de soumission à la volonté de Dieu qui nous éprouvait, et nous avons répété avec amour : Dominus dedit, Dominus abstulit, sit nomen Domini benedictum. “Le Seigneur nous avait tout donné; Il nous a tout ravi,—Que son nom soit béni." Oui, que le nom de Dieu soit béni et glorifié! Cependant, devions-nous, après un tel malheur, nous croiser les bras et nous dire en contemplant les ruines de notre collège de Clare : “Comment pourrons-nous jamais réparer un si grand désastre? Où trouver les ressources suffisantes pour relever Sainte Anne?" Non, nous n’avons pas tenu un seul instant un pareil langage, mais nous confiant à Dieu qui donne la lumière, l’énergie et le courage, nous avons résolu de marcher de l’avant et de rebâtir l’Institution incendiée. De toutes parts d’ailleurs arrivaient aux RR. PP. Eudistes et à leur vénéré supérieur, le R. P. Blanche, de nombreuses lettres empreintes de la plus cordiale sympathie. De plus, dans les paroisses de la baie Sainte-Marie, s’organisait, sur une vaste échelle, l’apostolat de la charité et tout cela était comme un immense frisson d’espérance, passant sur l’âme des directeurs de Sainte Anne, pour leur dire que l'Acadie n’abandonnerait jamais une œuvre ayant pour but son relèvement national par l’éducation. Comment! Sainte-Anne tomber et disparaître à jamais? ah! il eût fallu se trouver là, dans la réunion générale tenue à Sainte-Marie, le 23 janvier dernier, pour comprendre ce qui s’agitait dans les cœurs de nos Acadiens qui s’inscrivaient, avec tant de générosité, sur la première liste de souscription ouverte au profit de l’œuvre. Non, non, Sainte Anne ne doit pas périr mais se relever encore plus prospère qu’avant l’incendie. Certes, le comité nommé pour envisager les moyens les plus propres à son relèvement ne se fait aucune illusion. Il lui faudra des sommes énormes pour arriver au but désiré. Aussi voilà pourquoi ne s’adresse t-il pas seulement à vous, Acadiens de Clare, mais à vos frères de l’Acadie tout entière ainsi qu’à vos compatriotes de langue anglaise qui ont toujours fait preuve de la plus grande bienveillance à l’égard du collège de la baie Sainte-Marie. Puisse donc l’appel des membres du comité trouver un écho dans tous les cœurs généreux. Qu’on y réponde sur toutes les plages acadiennes avec empressement et patriotisme. Pauvres, donnez-nous l’obole de votre pauvreté. Riches, puisez largement dans votre abondance pour nous aider à réédifier une œuvre si pleine d’intérêt et d’un caractère exclusivement national. Que toutes les âmes soient unies, toutes les bourses ouvertes et de nouveau brilleront pour Sainte Anne les beaux jours dont nous avons déjà entrevu la radieuse aurore d’espérance. A l’œuvre donc toutes les bonnes volontés, toutes les générosités et tous les dévouements! Dieu est avec nous et nous n’avons qu’un but, travailler pour la belle et noble cause de l’éducation et la plus grande gloire de la Patrie! Les membres du comité d’organisation : Rev. G. Blanche, président; Hon. A. H. Comeau, M. P. P., vice-président; Rev. A. Breau,secrétaire; Pierre Bourneuf,des Grosses Coques, Louis Melançon, de Church Point, Jean C. Comeau, de Comeauville, Mandé Bonanfant et François Comeau, de Saulnierville, Maximin Comeau et Lézin LeBlanc, des Concessions.