Une appréciation du livre de M. Richard

Journal
Année
1898
Mois
12
Jour
1
Titre de l'article
Une appréciation du livre de M. Richard
Auteur
M. l'abbé H. R. Casgrain
Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
UNE APPRÉCIATION DU LIVRE DE M. RICHARD. Nous extrayons d’une lettre écrite ces jours derniers par M. l’abbé Casgrain à M. Valentin A. Landry, Editeur-Propriétaire de l’Evangeline, le passage suivant qui ne manquera pas d’intéresser nos lecteurs. ...De tous les livres publiés par les auteurs français, canadiens et acadiens, sur la Nouvelle-Ecosse et la question acadienne, aucun n’a eu une influence aussi décisive que celui de M. Edouard Richard : Acadia, missing links of a lost chapter in American History. La raison de ce succès est d’abord que son livre est très documenté, ensuite qu’il est écrit en anglais, ce qui lui a donné l’avantage d’atteindre la classe de lecteurs dont la conviction était la plus difficile à emporter. M. Richard est doué d'un talent de narration fort remarquable; son style se distingue surtout par la vigueur et l’entrain. Nul historien n’a exposé avec plus de clarté et de force la situation de la colonie acadienne sous le régime anglais. L’attitude prise par ce vaillant petit peuple est présentée avec une saisissante vivacité. Les droits et les privilèges derrières lesquels il s’était retranché, sont établis avec une abondance de preuves qui n’avaient jamais été accumulées à ce point, ni avec autant de logique et d’habileté. Depuis l’apparition du livre de M. Richard, il s’est produit une véritable évolution dans l’opinion anglaise; on a pu le constater par les critiques qui en ont été faites, tant aux Etats-Unis qu’au Canada. Mais ce qu’il y a de plus remarquable et de plus étonnant, c’est que M. Richard a rencontré un puissant écho là où il était le plus inattendu, je veux dire dans la Nouvelle Ecosse, l’antique foyer de la lutte, où l'adhésion à ses idées semblait devoir être la plus tardive. L’auteur conjoint de Calnek's Hitstory of the County of Annapolis M. le Juge Savary, n’a pas craint de déclarer qu’il avait modifié son jugement après avoir lu le livre de M. Richard. On va voir par ce qui suit avec quelle franchise et quelle loyauté il se rend à ses preuves convaincantes et se rallie à son opinion. La savante dissertation faite par M. le Juge pour motiver ses conclusions, est à lire et à méditer avec soin. Il n’y a pas de lecteur impartial, qui, après s’en être bien pénétré, ne se range à son avis. Il conclut ainsi : “From these utterances, it is abundantly clear that the Lords of Trade understood Lawrence as proposing only to put effect the migration contemplated by the Treaty of Utrecht; it never entered into the hearts or brains of any of that body to conceive or imagine the unique scene of woe and horror, upon which, in the king’s name, he was about to lift the curtain. .King George and his councilors knew nothing whatever of the diabolical scheme of their representative in Nova Scotia; and before Secretary Robinson's dispatch had time to reach Halifax, the appalling purpose had been successfully accomplished, and a stain left on the escutcheon of Nova Scotia that can never be effaced.” Tous les Acadiens et leurs amis ne doivent avoir et n’ont qu’une voix pour féliciter M. Richard de son beau livre et de l’éclatant triomphe qu’il lui a valu et qui rejaillit sur tout le peuple acadien. Après tant d’épreuves et de désastres séculaires dont ce brave peuple a été victime, il lui est donné de compter aujourd’hui des victoires, et celle-ci est une des plus glorieuses et des plus encourageantes.