Dans le comté de Gloucester

Journal
Année
1894
Mois
4
Jour
26
Titre de l'article
Dans le comté de Gloucester
Auteur
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Page(s)
2
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DANS LE COMTÉ DE GLOUCESTER. L’heure approche. Encore quelques jours et les électeurs de Gloucester seront en pleine campagne électorale. A propos, donc, l’EVANGÉLINE serait heureuse qu’un électeur de l'école libérale libre-échangiste se présentât dans Gloucester, et qu’il eut, comme homme du peuple, toutes les multiformes qualités qui inspirent la confiance et, comme candidat, des titres réels à la représentation du beau et vaste comté de Gloucester. Mais nos libéraux de Gloucester ne se sentent point mûrs pour l’occasion, ou pour d’autres raisons, ils ont apparemment décidé de laisser le champ libre à un vieux lutteur, un fils du sol qui a rendu et qui peut encore rendre de grands services à son comté. Ne pouvant cependant rester neutre dans une circonstance où les intérêts de la nationalité sont en jeu, I’EVANGÉLINE, quoique libérale en politique, approuve du choix des conservateurs de Gloucester, et, pour cette raison, elle ne fera point la guerre. M. Théotime Blanchard n’est pas le choix de M. K. F. Burns, mais le choix du comté. Si le nouveau sénateur approuve du choix, c’est seulement en autant que ce choix est celui de ses anciens amis, les électeurs de Gloucester. L’appui du nouveau sénateur, l’hon Kennedy F. Burns, sera, sans aucun doute, doublement utile au candidat des acadiens de cette région. Nous disons le candidat des acadiens, et pour cause. M. Blanchard, qui est aujourd’hui l’acadien le plus en vue du comté, est, croyons-nous, le premier fils de l’Acadie qui ait eu des chances réelles de passer de la chambre des représentants provinciaux a la chambre des représentants fédéraux, et, comme tel, il sera le premier citoyen français natif de Gloucester aux communes du Canada. M. Théotime Blanchard a des droits réels à la représentation de Gloucester. Sans compter ses états de service, il a le droit de naissance : il est originaire de Caraquet, dans le centre du comté, par conséquent: de plus, il est de ceux qui se font naturellement tout à tous et, depuis des années, il est avantageusement connu et estimé d’un bout à l’autre de la côte. Les acadiens de ce comté avaient des vues sur ce compatriote et, aujourd’hui que l’élévation de M. Burns enlève tout empêchement, ils se proposent, un et tous, de porter leur homme sur cette sommité d’où il pourra veiller sur leurs intérêts et prêter le concours de sa voix contre l’injustice faite aux seins, et pour le triomphe de tout ce qui les concernera comme peuple, eux et leurs compatriotes du pays. En chambre, M. le député de Gloucester aura dans la personne du Sénateur Burns un ami influent, comme ceux de Victoria et d’ailleurs ont depuis des années dans la personne de M. John Costigan. Car, quoique nous ne puissions approuver des vues politiques du brave député Irlandais, il ne suis pas que nous ne puissions reconnaître et dire franchement, la main sur la conscience, que, comme citoyen et même comme député, M. Costigan est, même aujourd'hui, sympathique aux acadiens. Car, rien n’empêche que nous ne lui fassions de cœur-joie l’hommage de la gratitude que nous lui devons, aujourd’hui. Et M. Burns? Les acadiens de ce vaste littoral ne le considèrent point comme un être inférieur et jamais n’ont ils voulu, tenté même de faire croire que leur ancien député leur était antipathique. Ils l’ont élu et réélu et cela en dit assez sur le chapitre de leurs sentiments. Le Sénateur Burns pourrait aujourd'hui suggérer la candidature d’un étranger, mais il ne le fait point ; au contraire, les acadiens lui proposent un des leurs, font retentir tout le comté de son nom, et le sénateur applaudit. Les électeurs de Gloucester en masse veulent M. Blanchard. Pour les acadiens en particulier, c’est une question de patriotisme dont il s’agit en ce moment. C’est uniquement, aussi, pour le triomphe d’un sentiment que l’EVANGÉLINE exprime ses vues aujourd’hui. L’élection de M. Blanchard, un fils du sol, un sujet digne de confiance en qualité d’homme public, ne pourrait signifier autre chose que le patriotisme des acadiens de Gloucester n’est pas mort. Ils vont s’unir, se donner la main et prouver à leurs insulteurs que, quand le temps est opportun, ils sont à la hauteur des exigences nationales et qu’ils ont conscience de leur position, des obligations qui leur incombent. Les acadiens de Gloucester ne sont pas oublieux. * * * La lutte qui va se faire dans Gloucester n’est pas pour le triomphe du parti. Le fait que M. Blanchard est conservateur lui méritera sans doute des sympathies de ce côté, mais qu’à cela ne tienne! c’est le patriotisme qui s’impose aujourd’hui. Et le patriotisme, grand, éveillé, hardi, le patriotisme raisonnable, bien éclairé va triompher. * * * Quelques électeurs ont suggéré la possibilité d’élire un candidat indépendant. C’est une chimère. D’ailleurs, admettant le fait pour l’amour de l’argument, cet indépendant ne pourrait inspirer au peuple la moindre confiance. Un Turc qui ferait soudainement son apparition dans Gloucester serait moins à craindre, et partant beaucoup plus digne du respect de la foule. Telle quelle, la situation est claire. Le champ est ouvert à un patriote. C’est cet homme qu'il faut, qu’il convient d’élire. Et cet homme du peuple choisi par le peuple sera élu.