Un poête

Journal
Année
1893
Mois
8
Jour
17
Titre de l'article
Un poête
Auteur
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Page(s)
2
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UN POÊTE. Nous venons de feuilleter un poète. Il a intitulé son livre The Marshlands.— Nous oublions de vous dire que l’écrivain s’appelle J.F. Herbin et qu’il réclame le titre d’Acadien. Acadien, peut-être, Français, il ne l’est plus, mais, nous lui pardonnons d’être devenu Anglais avec tant d’esprit. Mr. Herbin habite Wolfville, c’est un voisin; de plus, il a tiré le sujet de ses chants, de ses bluettes, des scènes variées de l’ancienne Acadie. A ces deux titres, Nous voudrions vous le faire connaitre et tracer de son œuvre l’esquisse qu’il mérite. Les premières pièces, Acadia et Nova-Scotia, nous implantent au pays qu’il chante. Nous n’entreprendrons point l’analyse de chacune des inspirations de Mr. Herbin. Plutôt juge de l’idée que du mot, nous lui devons des félicitations. Ce qu’il a fait est sain; notre tempérament personnel eut désiré plus d’émotion dans des compositions comme celles-ci —An Acadian at Grand-Pré —Mr. Herbin est un poète rustique. A cette expression nous n’attachons que le bon sens de chantre des choses de la campagne, les Foins, les Blés, les Regains—de la mer, comme le Flux et le Reflux, les Varechs et les Digues— enfin, les Saules. Nous ne citons pas tous les noms, mais en dehors de ceux-ci il n’y en a pas qui ne soient que des sous-titres. Du reste, cet écrin poétique ne comprend que trente trois pages, sur papier glacé et artistement revêtu d’un superbe papier-raisin. Il serait trop long de traduire quelques unes de ces poésies. Nous craindrions de les amoindrir en les transportant dans notre langue, nous nous permettrons, toutefois, de cueillir parmi les plus belles la mieux sentie— THE RETURNED ACADIAN Along my fathers’ dykes I roam again, Among the willows by the river-side. These miles of green I know from hill to tide, And every creek and river’s ruddy stain. Neglected long and shunned, our dead have lain. Here where a people’s dearest hope has died. Alone of all their children scattered wide, I scan the sad memorials that remain. The dykes wave with the grass, but not for me; The oxen stir not while this stranger calls, From these new homes upon the green hill-side, Where speech is strange and a new people free, No voice cries out in welcome; for these halls Give food and shelter where I may not bide. L’espace nous manque aujourd’hui, mais nous y reviendrons. Après le chantre d’Evangéline, Longfellow, il est difficile sans doute d’aborder l’épopée des Acadiens, mais les aigles, bien qu’ils planent haut ne voient pas tout et il n’y a pas qu’eux qui volent sur les sommets! Mr Herbin est à louer d’avoir osé.