Notre prochaine convention nationale

Journal
Année
1890
Mois
7
Jour
31
Titre de l'article
Notre prochaine convention nationale
Auteur
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Page(s)
2
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NOTRE PROCHAINE CONVENTION NATIONALE Il n’y a plus que deux semaines à s’écouler jusqu’aux jours de notre célébration nationale, à Church Point. C’est dire qu’il nous faut, sans retard, consacrer toute notre attention, tous nos efforts et tout notre loyal patriotisme à rendre cette fête digne des acadiens et telle qu’en tous points, elle nous fasse honneur dans l’esprit des étrangers, et dans l’opinion des représentants des autres nationalités qui viendront prendre part à notre solennelle manifestation. Nous aimons, à ce propos, de repéter ce que nous avons déjà dit. Si nous nous rassemblons, nous acadiens, en une convention, le 15 d’Aout, ce n’est pas pour prêcher à nos compatriotes d’origine française les doctrines d’exclusivisme national, pas plus que pour resusciter des malaises et les torts d’un autre siècle. Et c’est ce que nous prions la presse anglaise qui crée, dans sa sphère, l’opinion publique autour de nous, de vouloir bien remarquer, lorsqu’elle fera ses commentaires à l’endroit de ce prochain congrès des acadiens. Nous voulons purement aviser aux moyens les plus efficaces et les plus prompts qui sont à prendre pour diriger nos nationaux dans la voie du progrès, pour les élever à la hauteur de leurs voisins des autres races, dans l’état. Nous publions ci-après le programme de la Convention tel que préparé et publié par le Comité Exécutif. Comme on le voit, la convention veut limiter ses travaux à l’étude des deux grandes questions qui sont d’importance et de nécessité primordiales pour nous, l’éducation et la colonisation. Cette dernière commission aura pour rapporteur le Rev. Curé Richard, de Rogersville, qui depuis près de vingt ans s’est occupé de colonisation pour ses compatriotes. Le jeune et dévoué zélateur de l’éducation acadienne française à la Nouvelle Ecosse, le Rev M. Parker qui, depuis deux ans, s’est intéressé si activement et si ardemment à la construction d’un collège à la Baie Ste Marie, sera rapporteur pour la commission de l’éducation. Si ces deux corps délibératifs font leurs devoirs à la convention du 15 d’Août, il est permis d’attendre de grands fruits de ces décisions de notre peuple. La cause et le succès de l’éducation sont en danger réel, chez les acadiens. Ces dangers peuvent être encore conjurés et évités, en partie, si on introduit, en lieu convenable, les réformes qui, depuis nombre d’années, étaient devenues nécessaires, mais qui, dernièrement, sont de la dernière urgence, si nos institutions veulent nous être chères et nous faire accroire qu’elles chérissent nos intérêts. Traitons cette question sans crainte. Qu’on l’examine à la lumière des faits actuels, des progrès accomplis autant par les autres nationalités que par le nôtre. Surtout qu’on ne craigne pas d’y toucher par crainte ridicule de déplaire à des hommes qui ne veulent, décidément, que notre bien et qui ne retarderont pas, assurément, à employer les moyens voulus pour nous procurer ce bien, si nous avons assez de fermeté et de confiance en eux pour les leur indiquer. Enfin, cette réunion aura pour effet, espérons-le, de faire mieux respecter une portion de la population des provinces maritimes qui a été humiliée mais non vaincue, qui a été malheureuse mais qui compte encore sur la justice des hommes pour lui donner sa place légitime parmi les autres fractions de peuples qui l'entourent.