Correspondances

Journal
Année
1890
Mois
6
Jour
26
Titre de l'article
Correspondances
Auteur
Simon P. LeBlanc
Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
CORRESPONDANCES (Nous ne nous tenons nullement responsables des opinions de nos correspondants.) Dans notre dernier numéro, nous avons accusé réception d’une lettre du capt. S. P. LeBlanc, envoyée de Souris, Ile du Prince Edouard, et dont les extraits suivants seront intéressants pour un grand nombre de nos lecteurs : “Je vous écrivis, en Décembre dernier, de Cayenne, une lettre vous donnant un aperçu de mes voyages et une description des lieux où je me trouvais : J’étais loin de croire dans le temps que j’étais à la veille d’un accident qui devait mettre ma vie en danger et m’exposer à beaucoup de désagréments. C’est pourtant ce qui arriva quelques jours après. Je laissais le havre de Cayenne, le 21 Décembre, en route pour “Miracaibo”, au Vénézuéla, mais les tempêtes et les vents contraires furent tels que notre navire furent désamparé et que nous fûmes obligés de nous réfugier dans un des ports de Cuba, pour le faire réparer. C’est là où je passai le premier de l’an 1890, demandant à Dieu que cette nouvelle année me fut plus prospère que la dernière n’avait fini par l’être. J’eus beaucoup de peine à faire entendre raison à mes affréteurs de New-York qui me voulaient tenir sous obligation de rendre la cargaison jusqu’au Venezuéla. Cependant ils finirent par me libérer sous protêt, et je pris un chargement pour “Delawarare Breakwater,” en Pensylvanie. Je croyais de là être envoyé à Philadelphie, et je l’aurais beaucoup désiré, ne fut-ce que pour voir les bâtisse : de notre grand-grand oncle, aux coins des rues Pine et Walnut, le fameux LeBlanc dont il a été si longtemps question et dont l'héritage a été tant convoité. J’aurais été près de la tombe “ d’Evangéline” également, au moins si Longfellow dit vrai. Mais, au lieu d’être envoyé à Philadelphie, je dûs partir pour Boston, non pour y retrouver les tombes des parents et des ancêtres décédés, mais pour y rencontrer trop d’acadiens bien connus et désappointés de se trouver ainsi sur la terre étrangère sans y goûter tout ce qu’ils avaient rêvé d’y avoir. Cependant, je n’avais reçu ancune nouvelle de mon pays depuis de longs mois et je fus heureux de connaître le résultat des dernières élections provinciales. Plusieurs s’empressèrent de me raconter toute la lutte électorale et me dirent que les conventions des électeurs avaient assuré l’élection du capt. Abram LeBlanc. Pour ma part, si j’eusse dressé mes plans de campagne électorale sur le système de conventions préliminaires, j’aurais mieux réussi aux dernières élections fédérales. Mais je suis content que quelqu’un aît profité de la leçon que j’ai reçue dans le temps et j’espère que les Acadiens qui ont su si bien se rallier dans la dernière élection, sauront se tenir en corps, à l’avenir, pour travailler dans l’intérêt de leurs nationaux…………………… Après avoir déchargé ma cargaison à Boston, j’ai passé un contrat pour prendre des chargements de bois et les transporter de la Baie des Chaleurs à Boston, me réservant le privilège, au retour, de porter du fret aux ports que je voudrais. J’arrivai à Arichat Ouest, le 2 du présent mois. J’assistai, le 5, à la procession de la Fête Dieu, et j’eus le plaisir de faire connaissance avec notre curé, le révd M. Mombourqnette, un Acadien de l’Ardoise auquel les paroissiens semblent être déjà beaucoup attachés. Je partis dans l’après midi avec mon équipage et en plus avec ma femme et ma fille adoptive “Lilly” nous dirigeant vers Charlottetown et Souris. C’est dans ce dernier port que nous sommes retenus maintenant par les vents contraires. Cette localité a appartenu autrefois aux Acadiens et je puis encore montrer aux gens d'équipage l’emplacement de certains édifices, appartenant à nos ancêtres. J’ai eu l’occasion de lire ces dernières années, plusieurs ouvrages historiques au sujet des Acadiens, surtout Beamish-Murdoch et les connaissances que j’y ai peuiées me serviront beaucoup et me rendront les localités que je visite beaucoup plus intéressantes …………………… Maintenant, M. le Rédacteur, si dans cette longue lettre, il y a des passages que vous croyez être d’intérêt à vos lecteurs, vous pouvez les publier, Votre tout dévoué, SIMON P. LEBLANC. Souris, I. P. E. 10 Juin, 1890