Honi soit qui mal y pense

Année
1892
Mois
11
Jour
10
Titre de l'article
Honi soit qui mal y pense
Auteur
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Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
HONI SOIT QUI MAL Y PENSE M. Faucher de Saint-Maurice vient de publier une brochure de 85 pages, consacrée à une étude philologique qui intéresse la langue française et surtout la langue française parlée au Canada. Certaines gens ont prétendu ou sont encore sous l’impression que le français parlé au Canada est un patois. Le fait est que lorsque l’on demande à des Anglais ou à des Anglaises de causer dans notre langue ils ou elles s’y refusent par timidité, en disant : je n’ose pas, je parle habitant. Eh bien! avec M. Faucher de St-Maurice, nous croyons devoir leur dire que l’habitant qu’ils parlent est passablement correct, et si les mots, les expressions ne sont pas tous d’hier, il n’en sont pas moins tout ce qu’il y a de plus français. Si d’autre part l’accent n’est pas celui de Paris ou de Marseille, il est de la Normandie, là franchement du pays du cidre. M. Faucher démontre que la langue que les Anglais parlent aujourd’hui, n’est qu’un patois français défiguré. L’Anglais s’est composé une langue dont une foule de mots qu’il prononçait en les mangeant, trahissent l’origine gauloise. Voltaire a fait la remarque un jour que les Anglais gagnent deux heures par jour en parlant, parce qu’ils mangent la moitié de leurs mots. Ainsi, ils ne disent pas gouvernement, mais governement, jugement, mais judgment, capitaine, mais captain. M. Faucher intercale dans son opuscule un tableau comparatif de mots français anciens et de mots anglais, pour démontrer le fait que la langue française est la mère nourricière de la langue anglaise.