Correspondance

Année
1898
Mois
9
Jour
8
Titre de l'article
Correspondance
Auteur
Bons-Sens
Page(s)
3
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
CORRESPONDANCE M. LE RÉDACTEUR, Permettez moi de vous féliciter de la manière dont vous avez relevé l’insulte lancée à la face des français du comté de Gloucester par les soi-disants gens de tempérance dans leur appel pour appuyer la prohibition. Vous avez bien fait de leur répondre dans les deux langues, c’est là la maniêre la plus certaine de faire comprendre aux anglais quels sont nos besoins et quelle est notre manière d’agir. Quand vous avez commencé à faire paraître le COURRIER dans les deux langues, j’étais du nombre qui croyaient qu’une pareille chose ne devrait pas exister, que ce serait un danger peut être pour notre race. Mais je comprends maintenant quel était votre but, et quel grand bien vous pouvez accomplir en discutant dans les deux langues les droits de nos compatriotes. C’est de cette manière que les anglais viendront à comprendre nos aspirations légitimes et nos besoins. Toujours leur prêcher dans un langage qu’ils ne comprennent pas, n’aura pas le résultat voulu. Quant à la prohibition, M. le Rédacteur, je suis convainçu que les gens de tempérance vont trop loin en disant que c’est un crime de vendre le boisson. Ce n’est certainement pas plus un crime que l’est la vente d’aucune autre marchandise, mais c’est l’abus que l’on fait de l’usage de la boisson qui constitue le péché. L’usage modéré de la boisson n’est pas un péché! Donc, en vertu de quel principe de droit naturel peut-on me défendre de faire un usage modéré des dons de Dieu? Est-ce parce que mon voisin en fait un abus? N’est-ce pas vrai que certains hommes abusent plus ou moins tous les dons du Créateur? C’est infreindre à la liberté du sujet de lui défendre l’usage de ce qu’il veut, pour la simple raison que son voisin en fait un abus. En terminant, je demanderai à ces prohibitionnistes de Gloucester comment peuvent-ils penser à influencer le vote français en faveur de ce grand mouvement, quand ils n’ont pas un seul français, pas même un catholique sur leurs comités d’organisation? Le jour est-il arrivé quand les français seront supposés de prendre leur direction sur des questions soi disant de conscience, des hommes qui ont toujours prêché contre la domination française et catholique, et qui sont prêts à prendre tout le crédit pour le bien accompli par une loi de prohibition et continuer, à l’avenir comme par le passé, vilipender leur frère catholique sur la question de la temperance? La prohibition est une farce et l'œuvre d’un certain nombre de fanatiques. Français, tiennez-vous sur vos gardes et soyez contre. BONS-SENS.