l'Attitude de nos representants

Année
1892
Mois
4
Jour
28
Titre de l'article
l'Attitude de nos representants
Auteur
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Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
L’ATTITUDE DE NOS REPRESENTANTS. Dans nos articles précédents touchant la nomination d’un juge catholique à la cour suprême, nous avons voulu mettre la responsabilité non pas sur les épaules de la majorité protestante du Nouveau Brunswick mais là où elle devait être : les électeurs français du nord de la province sont responsables de l’échec que vient de subir la cause de la minorité -- responsables non seulement de ce que la nationalité acadienne ne peut aujourd’hui obtenir justice aux mains de nos gouvernants, mais ils ont été la cause que les droits de la population catholique sont à l’heure qu’il est foulés aux pieds et complètement ignorés. En lançant une accusation semblable contre nos compatriotes nous reservons les quinze cents nobles cœurs qui ont combattu pour le droit lors de l’élection dans Gloucester le 5 mars, 1891. Nous sommes convaincu de la gravité de nos accusations, mais pourquoi se fermer les yeux à la vérité et, de crainte de blesser quelques esprits sensibles, permettre sans mot dire que l’injustice et l’ingratitude aient libre cours au milieu de nous. Nous ne nous sommes pas trompés dans nos conclusions touchant l’attitude des députés catholiques élus par les votes français, car voilà qu’un ami autorisé -- parlant avec connaissance de cause -- nous envoit d’Ottawa -- du champ même de la bataille où MM. Burns et Adams ont fait ouvertement leurs vœux d’hostilité aux droits acadiens -- un exposé complet de la conduite tenue par ces messieurs. Cette correspondance, qui se trouve dans une autre colonne, ne peut qu’intéresser nos lecteurs et démontrer aux catholiques en générai qu’ils ont besoin de cultiver un esprit de notice entre les différents éléments qui composent leur population avant de pouvoir obtenir la justice pour laquelle ils combattent aujourd’hui. Les faits que révèle cet écrit ne nous étonnent pas. Des amis sincères de la cause acadienne ont voulu avertir nos compatriotes du nord du danger auquel leur indifférence et leur manque de patriotisme exposaient la barque nationale. De suite le cris s’est répandu que ces personnes ne prêchaient que la désunion, qu’elles ne cherchaient qu’à soulever des préjugés de race afin d’en retirer un profit personnel. Veillant de près toutes les questions publiques et se tenant au courant de la conduite de nos députés, ces amis ont pu prédire, avec une précision le plus remarquable en face des derniers événements, quel serait le résultat de ce système de confier nos intérêts à des personnes étrangères à notre nationalité et hostiles à nos ambitions légitimes. Les Acadiens qui ont supporté M. Burns dans ses luttes et ceux d’autres nationalités qui ont dénigré les amis qui ne travaillaient que pour le bien-être de leur pays, sont coupables d’un acte d’imprudence. Ils reçoivent aujourd’hui leur punition. Ils ont abandonné leurs compatriotes, foulé aux pieds les ambitions nationales, sacrifié les droits d’un peuple qui se relevait peu à peu de dans l’obscurité, et ils ont en retour l’humiliation de voir que leur conduite a été la cause de l’échec que vient de subir la population catholique de Nouveau Brunswick. Les députés catholiques irlandais de Gloucester et Northumberland, élus par les votes français catholiques, ont carrément refusé de reconnaître les droits catholiques et de prendre connaissance des nombreuses requêtes de nos hommes de profession, clergé, etc., parce que celui qui devait représenter leurs coreligionnaires était français. Quelle humiliation pour notre nationalité, elle qui a tant souffert de persécutions pour protéger les droits catholiques, de contempler que par l’action d’un certain nombre d’entre nous ces droits sont ignorés! Et quelle doit être la pensée de ceux qui ont dénigré les vrais amis de la cause catholique pour supporter des hommes qui se laissent guider par un esprit de vengeance et d’injustice. En face d’un pareil état de choses pouvons nous, avec justice, jeter aucune responsabilité sur nos frères protestants? Non! Cessons donc de les accuser d’injustice et tâchant de réparer le dommage causé par cette indifférence qui élève au pouvoir des hommes qui ne cherchent que l’accomplissement de leurs désirs personnels sans regard à la justice ou la prudence.