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Fête Splendide au Cap-Pelé
La fête nationale est célébrée avec un éclat extraordinaire. Réception digne et chaleureuse donnée en honneur du Juge Landry, du président-général et du secrétaire-général de la Société Mutuelle.
Jamais le Cap-Pelé n’a été témoin d’une démonstration patriotique aussi enthousiaste et aussi réussie. La distinction des visiteurs, le temps idéal du jour, surtout le sentiment éveillé de patriotisme qui règne au cœur des braves paroissiens du Cap-Pelé ont ensemble contribué à donner à la fête nationale un cache de splendeur et de solennité que n’ont jamais vu les ours d’autrefois.
Samedi soir, la veille, les quatre succursales de l’Assomption de la paroisse et la succursale de la C. M. B. A. se réunirent sous la présidence le l’Abbé Collerette, et donnèrent une réception digne au juge Landry et aux grand officiers de la société mutuelle, M. Clarence Cormier, président-général, et M. Jean LeBlanc, secrétaire-général. Une adresse de bienvenue leur fut lue par le Dr LeBlanc, dont ci-suit le texte :
A Son Honneur M. le Juge Landry, à messieurs les membres du Grand Conseil, Société l’Assomption, à nos amis MM. les étrangers.
Les cinq succursales du Cap-Pelé et de Port Elgin, et celle de la C. M. B. A., ont l’honneur de vous souhaiter la bienvenu, au milieu de nous, pour nous aider à célébrer la fête nationale.
Nous sommes vraiment touchés de l’empressement que vous nous montrez, et des sacrifices que vous avez dû vous imposer pour répondre aussi généreusement à notre humble appel.
Oui, nous sommes touchés et émus de vous serez fraternellement la main; mais aussi nous sommes reconnaissants envers vous pour votre sympathique présence au Cap-Pelé, et parmi les frères, auxquels vous avez légué le plus beau joyau de patriotisme que possède aujourd’hui notre chère Acadie : nous nommons la Société l’Assomption.
Oui, nos très honorables frères, nous l’avons vu, cette société, surgir, pionniers, des rives jadis si inhospitalières de la Nouvelle-Angleterre. Vos efforts, votre énergie, votre zèle persévérant l’ont fait grandir; l’ont développée, et aujourd’hui nous nous réjouissons avec vous, les fondateurs de la Société l’Assomption; nous nous réjouissons avec les pères de la patrie (et nous avons l’honneur insigne de saluer ici l’hon juge Landry); oui, nous nous réjouissons de voir que la Société l’Assomption se ramifie, se propage, s’en va prospérant, étendant déjà, de loin et de près, ses racines et ses rameaux, rafraîchissant d’espérance, dans tous les coins de l’Acadie.
Il nous sera peut-être permis de remarquer, qu’il nous semble, que si la fête nationale est si généralement acclamée, cette année, nous le devons à l’énergie et à l’élan patriotiques, que l’on déploie nulle part mieux que dans chacune des branches de la Société l’Assomption.
Honneur à vous, donc, vaillants fondateurs de la Société l’Assomption! A la parade éclatante de nos grandes conventions nationales, vous avez ajouté le travail qui construit, qui édifie, qui assure à une nation sa stabilité. De plus, vous avez fourni à notre chère patrie, pour l’avenir, une recrue toujours renaissante de jeunes hommes, qui, chaque année, viendront, par leur haute et chrétienne éducation, s’enrôler dans l’armée des défenseurs de nos droits et assurer à notre belle Acadie l’avenir auquel elle aspire si noblement.
Bienvenue à tous et cordialement sous les plis du drapeau acadien! Nous saluons aussi notre patronne bien aimée par l’Ave Maris Stella.
Son Honneur le juge Landry fut le premier à répondre. Il est facile de deviner l’enthousiasme que souleva les premières paroles de ce vétéran de nos luttes, qui, en dépit de son âge avancé, se prête avec tant de complaisance à nos démonstrations nationales. Le juge parla du temps de jadis, du premier congrès de 1881, retraça succinctement l’histoire de la société nationale, ses difficultés du début, son progrès d’aujourd’hui, puissamment réalisé par la société mutuelle de l’Assomption, dont il était heureux de saluer et de féliciter les premiers officiers. Le juge Landry conserve encore sa facilité étonnante d’expression et sa verve inépuisable, si chaude et si entraînante.
M. Clarence Cormier lui succéda. Bien que son discours fût improvisé, il sut donner une réponse digne de la haute position qu’il occupe. Après avoir exprimé les sentiments d’émotion qu’il ressentait de revoir sa paroisse natale après une absence de treize années, il repassa de façon vigoureuse les avantages de la société mutuelle de l’Assomption. M. Cormier semble synthétiser en sa personne les vertus et les qualités proverbiales de la race acadienne. Stature haute et forte carrure, visage aux traits énergiques, qui annoncent un caractère fort et confiant, des dispositions viriles, que tempère une gentillesse toute française, en un mot, tant au physique qu’au moral, c’est un type acadien vrai. Au point de vue intellectuel, il reflète encore les dons de sa race. M. Cormier n’a point eu l’avantage d’une instruction classique dans un collège et en dépit de ce désavantage, tout involontaire, il a pu, grâce à son travail, sa sobriété, nous le voulons bien, mais aussi grâce à ses brillantes facultés intellectuelles, se conquérir, en dépit de son jeune âge, une belle place dans la phalange de nos patriotes distingués. Nous le félicitons donc et formulons des vœux pour que son action bienfaisante se continue longtemps pour le plus grand bien de la cause acadienne.
M. Jean LeBlanc fut le troisième orateur. M. LeBlanc est trop avantageusement connu du public acadien de nos provinces pour que nous le présentations avec de longs commentaires. C’est lui qui a, pendant de longues années, travaille à fonder des nouvelles succursales et c’est à son travail qu’est due, en grande partie, cette magnifique floraison de succursales qui s’étend partout où il y a des Acadiens. Son discours fut donné avec la vigueur et la conviction qu’on lui connaît et produisit sur l’auditoire une impression des plus satisfaisantes. Après avoir, lui aussi, exprimé le bonheur qu’il ressentait de revoir sa paroisse natal, il vanta, à bon droit, les avantages de la société mutuelle, félicita les paroissiens du Cap-Pelé d’avoir compris ces avantages e établissant quatre succursales dans le paroisse. Il termina en adressant un fervent et éloquent appel à la jeunesse de s’enrôler dans la société mutuelle l’Assomption.
Le Révérend E. Mondou, C. S. C., et M. l’abbé Philippe Hébert eurent des paroles pleines d’apropos, qui furent suivies par un fort bon discours de M. Henri P. LeBlanc. L’assemblée se termina par quelques du chapelain, M. l’abbé L. G. LeBlanc.
Le lendemain, avant la messe, les membres de l’Assomption défilèrent en procession, fanfare en tête, et vinrent prendre les premières places de l’église. Le chœur de chant, sous la direction de MM. le Dr LeBlanc et Raphael Léger, exécuta la messe du second ton, avec accompagnement d’orchestre. A l’offertoire, l’Ave Maris Stella fut chanté avec entrain, et le solo, donné par Mme Clarence Cormier, fut admiré. A l’autel, l’abbé Philippe Hébert, enfant de la paroisse, officia, assisté du Révérend E. Mondou, C. S. C., et de M. Frs. Bourgeois, sém. Le sermon de circonstance fut donné par le Rév. E. Mondou, qui développa de façon éloquente ces paroles : “Celui-là seul sera couronné qui aura vaillamment combattu.” Il raconta les douleurs de la Vierge et sa glorieuse Assomption, parce qu’elle avait bien combattu; ainsi l’individu qui souffre et qui combat sera-t-il couronné. Il montra la convenance du choix de la Vierge des douleurs pour la patronne des Acadiens, peuple de douleur et de résignation. Il exhorta le peuple acadien à continuer de combattre, de sanctifier ses souffrances pour mériter une assomption glorieuse. Et pour continuer le combat des ancêtres, il signala deux vertus qu’il fallait maintenir à tout prix, l’attachement à la foi et l’attachement au sol. Ce sermon s’attira les commentaires les plus flatteurs, même l’admiration des connaisseurs.
Il y eut ensuite dîner dans la salle l’Assomption et, à une heure et demie, vêpres du bénédiction du Saint Sacrement. Après les cérémonies religieuses, virent les discours prononcés en plein air par MM. Clarence Cormier, le juge Landry, Jean LeBlanc, Nap. Landry, le Dr. Bourque et F. Sweeny. Si l’espace nous le permettait, nous donnerions une analyse fidèle de ces morceaux d’éloquence. Le président général fit un discours solide, bien raisonné, où se résumaient bien le rôle de la société mutuelle et les aspirations de la race acadienne. Le juge Landry qui se fait vieux, avait écrit son discours pour la circonstance, mais devant la foule, il ressentit l’enthousiasme de sa jeunesse, jeta son manuscrit dans les mains du président et donna libre cours aux accents patriotiques dont sa belle âme vibrait. Il était en verve et donna, sur les principales questions de l’Acadie, des opinions pleines de justesse et des revendications sincères et modérées, qui ne peuvent pas ne pas être entendues avec respect, sinon être accordées. M. LeBlanc émerveilla ses amis du Cap-Pelé par sa forte pièce d’éloquence sur la patrie, le drapeau, les traditions, la langue française. M. Nap. Landry chanta, dans une langue fleurie, les beautés de la langue française et les belles vertus des ancêtres. Enfin le Dr. Bourque et M. E. Sweeny. M. P. P., adressèrent quelques remarques d’intérêt général de façon éloquente. En somme, la célébration, sous le rapport des discours comme sous les autres rapports, fut un succès complet.
Des félicitations sont dues au comité d’organisation, MM. Wm. P. Forest, dée Bonnevie. sec., Willie Babineau, très., et à l’abbé L. G. LeBlanc, pour le succès obtenu, ainsi qu’à la fanfare de Shédiac pour le succès de la partie musicale.
Il est à souhaiter que cet élan de patriotisme se maintienne et se traduise d’abord par la célébration fidèle de la fête nationale et ensuite en vivant de cette vie sobre et vertueuse, tant vantée par les orateurs de notre fête et qui est le cachet particulière et honorable entre tous de la race acadienne.
Le Secrétaire.