M. Hazen et les Acadiens

Année
1910
Mois
6
Jour
9
Titre de l'article
M. Hazen et les Acadiens
Auteur
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Page(s)
2
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M. Hazen et les Acadiens L’honorable J. D. Hazen, premier-ministre du Nouveau-Brunswick, ayant accepté l’invitation de porter la parole à une réunion du club international, de Boston, y a prononcé, le 24 mai, un discours digne de note, a cours duquel il a fait une allusion très sympathique aux Acadiens. M. Hazen est un orateur de haute distinction et, s’il faut en croire les rapports des journaux de la Nouvelle-Angleterre, il a parlé avec toute son éloquence accoutumée. « Pour moi, canadien, » a-t-il dit, « l’absence du gouverneur de l’Etat du Rhode Island (M. Pothier) qui a vu le jour à l’ombre du drapeau britannique, au pays de l’érable et du castor, la Providence de Québec, est un sujet de désappointement. Les Canadiens observent toujours avec fierté les succès de leurs fils à l’étranger et ils ont suivi avec un intérêt intense la carrière de l’éloquent et fortuné (successful) canadien-français qui occupe aujourd’hui le fauteuil de gouverneur de son état adoptif. M. Pothier appartient à une race qui a accompli beaucoup pour le Canada, dont les fils et les filles ont obéi avec une admirable loyauté à l’injonction biblique de s’accroître et de se multiplier, etc…. « Environ vingt-cinq pour cent de la population de la province dont je suis le premier-ministre appartient à cette nationalité. Ils sont la plupart des descendants de ces Acadiens dont parle Longfellow ‘who from exile returning wandered back to their native land to die in its shadow.’ Ils sont un peuple progressif, loyal et craignant Dieu, vivant côte à côte en termes d’amitié et de bonne entente avec leurs concitoyens d’origine anglaise; et je compte parmi eux de nombreux et loyaux amis, dont l’un est mon estimé collègue dans le gouvernement de la province. » M. Hazen s’est toujours distingué par la largeur de ses idées, sa grande tolérance et son civisme tout canadien. Il a fait preuve de ces belles qualités en maintes occasions dans ses rapports avec les représentants de notre race. Le généreux, le fier et noble langage qu’il a tenu à Boston lui fait honneur et au nom des Acadiens nous l’en félicitons. C’est en cultivant les bonnes relations entre les différentes races qui habitent ce pays que nous en ferons une grande et prospère nation. Quelle remarquable transformation s’est opérée sous ce rapport dans les dernières cinquante années. Lors de l’apparition du MONITEUR ACADIEN en 1867, aucun acadien n’occupait un poste de confiance dans l’administration des affaires publiques. Aujourd’hui nous rencontrons nos compatriotes dans toutes les branches du gouvernement de ce pays, tant au fédéral qu’au provincial. Tout récemment trois commissions ont été nommées par le gouvernement Hazen : l’hon. Juge Landry présidait la commission du chemin de fer Central, l’hon. Dr. D. V. Landry, celle de l’agriculture et M. O. M. Melanson, notre distingué concitoyen, vient d’être appelé à siéger sur la commission des services publics. * * * Nous avons le ferme espoir de voir le gouvernement Hazen-Landry donner sous peu son attention la plus sympathique à la colonisation. Rome ne fut pas bâtie en un seul jour et il ne serait pas raisonnable d’exiger de nos gouvernants, qui sont d’ailleurs bien disposés, l’accomplissement immédiat de toutes les choses. La colonisation, c’est l’avenir du pays; c’est surtout l’avenir de notre race. Appliquons-nous à conserver à notre province les fils du sol : ils feront de meilleurs citoyens que les émigrés que nous importons des pays étrangers à grand frais. Mr Hazen et ses collègues ont beaucoup fait pour la bonne administration de la chose publique depuis leur avènement au pouvoir. Nous leur en tenons compte, le peuple leur en est reconnaissant. Nous demandons au premier-ministre du Nouveau-Brunswick et à ses amis d’encourager de toutes leurs forces la colonisation. Une vigoureuses et progressive politique de colonisation recevra l’approbation de toutes les gens bien pensants.