Avis à nos abonnés des Étas-Unis

Année
1909
Mois
4
Jour
1
Titre de l'article
Avis à nos abonnés des Étas-Unis
Auteur
Gustave LaPrade
Page(s)
3
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
Avis à nos abonns des Étas-Unis *Afin d’obvrier à toute méprise ou fausse interprétation, nous tenons à rappeler à nos abonnés que pour les Etats-Unis le prix d’abonnement au Moniteur Acadien est de $1.25 par an, invariablement payable d’avance. Le tarif postale mis en vigueur l’été dernier entre les deux pays exige l’apposage d’un timbre d’un centin pr sque sur chaque copie que nous adressons aux Etats-Unis, mais nous nous imposons quelque sacrifice pour adoucir quelque peu la rigueur imposée à nos amis de là-bas par le nouveau traité.* Si nos compatriotes s’appliquaient autant à l’agriculture ou développer les ressources de leur pays qu’ils se dépensent pour enrichir nos millionnaires des Etats-Unis, s’ils donnaient, dis je, la même mesure de travail et de dévouement qu’ils sont obligés de donner pour gagner leur pain quotidien dans les filatures de la Nouvelle-Angleterre, ils trouveraient autant de gain et beaucoup plus de satisfaction qu’ils en ont dans un pays étranger dont la masse du peuple leur est indifférente, où leur travail et leur zèle ne comptent pour rien au point de vue de leur nationalité. Un grand nombre savent ceci, mais n’ayant aucune ressource et ne recevant aucun encouragement à se rapatrier, sont forcés de continuer à se sacrifier pour gager le nécessaire à la vie de leurs familles et d’eux-mêmes. Jusqu’ici l’Acadie n’a rien fait de pratique pour encourager ou appeler ses enfants à l’étranger de revenir à elle. On se plaît à débiter de beaux discours dans nos Conventions ou encore dans nos comices nationaux, mais ces discours, comme tant d’autres, quoique bien agréables à entendre et à lire, font peu de bien pratique et sont vite oubliés. Ce qu’il y aurait à faire serait de fonder une société de rapatriement et de demander aux gouvernements provinciaux et fédéral de contribuer l’argent nécessaire pour offrir des terres ou de l’emploi aux Acadiens des Etats-Unis et du Canada, qui aussitôt s’embarqueraient pour aller revoir leur pays. Malgré que ces compatriotes qui sont établis aux Etats-Unis ont su garder leur foi et leur langue assez bien, il faut avouer en toute sincérité et avec regret que plusieurs, un bon nombre, s’américanisent et la génération qui pousse ne peut avoir les mêmes sentiments pour l’Acadie que s’ils avaient vu le jour en ce pays au lieu d’ici. Nous perdons de tout côté en laissant nos compatriotes émigrer, et il faudrait non seulement agir pour enrayer ce grand mal national, mais aussi pour inviter les nôtres a revenir dans leur Patrie. Gustave LaPrade.