Conventions nationales des Acadiens (Robidoux) - 1881 - p123-124

Year
1881
Article Title
Troisième commission. De l'agriculture et des moyens de la faire progresser au milieu des Acadiens
Author
Rév. M. F. Richard
Page Number
123-124
Article Type
Language
Article Contents
Monsieur le Président, Messieurs, L’avancement de l’agriculture au point de vue national est d’une telle importance qu’il convenait de donner à cette question une place d’honneur dans notre première convention. Si nous sommes réunis dans cette belle et florissante paroisse de Memramcook, de toutes les parties de l’Acadie, si nous avons notre collège acadien, nos couvents, des églises, des paroisses, des écoles, en un mot une patrie; c’est à la colonisation et à l’agriculture que nous devons ce privilège, sans l’agriculture, nous n’aurions pas d’Acadie et nous ne serions pas Acadiens. Nos pères auraient dégénéré, ils se seraient fusionnés avec les autres races, et ils auraient perdu les traditions nationales qui font leur gloire. La première occupation de nos ancêtres a été défricher le sol et au retour de l’exil ils ont recommencé sur de nouvelles terres le travail ardu, dont les fruits leur avaient été violemment dérobés par des usurpateurs sans conscience et sans cœur. C’est pas [sic] l’esprit colonisateur et à l’amour de la vie agricole de nos ancêtres que nous occupons une position si enviable dans les provinces maritimes. Si notre passé est si intensément lié à la vie champêtre, laquelle a été parmi nous notre salut national, nous pouvons dire avec vérité que l’abandon de cette carrière, noble parmi toutes les autres, serait notre mort comme peuple distinct. Que je regrette, que je sens mon cœur battre de douleur, en voyant notre jeunesse acadienne rougir de l’emploi qui a ennobli la vie de nos pères! Que mon âme s’attriste lorsque je considère notre jeunesse, arrivée à l’âge de pouvoir rendre de si grands services à la patrie, prendre volontairement le chemin de l’exil et tourner le dos à l’église qui a reçu ses premiers vœux, à ses vieux parents, à ses frères et sœurs, aux amis de son enfance, en un mot à l’Acadie, qui a si besoin de ses services. L’Acadie n’a d’autre avenir que dans l’agriculture. Sa stabilité repose dans cette industrie prémondiale. Attachons-nous au sol national, aimons et soyons dévoués à notre chère Acadie. Une mère qui a tant souffert pour ses enfants mérite l’affection et le dévouement de ceux qu’elle a aimé, d’un amour constant et pour lesquels elle a enduré les humiliations, l’exil, la persécution, l’ostracisme, le mépris, la mort. Pour être véritablement Acadiens, il faut marcher sur les traces des premiers défricheurs et agriculteurs de ce pays. De là dépend la vie ou la mort de la patrie acadienne.