Un Collège Français à l'Ile du P. Edouard - Pourquoi ne l'aurions-nous pas?

Journal
Année
1903
Mois
2
Jour
12
Titre de l'article
Un Collège Français à l'Ile du P. Edouard - Pourquoi ne l'aurions-nous pas?
Auteur
Un prêtre Acadien
Page(s)
4
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
Un Collège Français a l'Ile du P. Edouard POURQUOI NE L'AURIONS-NOUS PAS? M. le Rédacteur, Vous verrez, par le Moniteur de cette semaine, un article, qui touche une idée qui me hante, depuis les dernières années; je veux vous parler de l'établissement d'un collège-acadien-français, sur votre charmante et si prospère Ile du P. E. A première vue, la chose parait impraticable; pourtant, si nous considérons les circonstances, les conditions, dans lesquelles se trouvait Memramcook, au berceau de St. Joseph, et bien d'autres localités semblables, nous avons matière à réfléchir. Selon moi, tout ce qu'il faut, c'est de bien lancer l'idée, afin que nos bons Acadiens s'en emparent. Vous avez fait un immense progrès, pour le français, ces dernières années; mais que ces progrès seraient centuplés, si vous aviez un collège, où votre jeunesse pourrait puiser, sans trop débourser, à la vraie source d'une éducation soignée et approfondie! Qu'est-ce qui nous a donné, sans orgueil, ce groupe d'hommes, à Westmorland, qui régit, aujourd’hui, nos destinés, si ce n'est le Collège St. Joseph? Supposons, pour le moment, que ce collège fut à l'Ile du P. E.; le rôle serait renversé, la tête laïque de notre Société de l'Assomption, nos conseils, nos encouragements, etc., nous viendraient de l'Ile du P. E. Qu'avaient le Père Lafrance et le Père Lefebvre, pour élever un collège à Memramcook? Rien, absolument rien que leur courage indomptable, et leur foi dans l'avenir du peuple acadien. Dans le temps, le Collège St Joseph semblait suffir aux besoins et aux aspirations de notre race; aujourd’hui, notre nombre s'est accru, notre patriotisme s'est développé, nos ambitions légitimes ont pris de la consistance; notre jeunesse veut se perfectionner, veut s'instruire; allons-nous, en un moment de timidité et de défiance dans la Providence, lui refuser ce qu'elle réclame à grands cris? Impossible. Oui il nous faut agir, ou il nous faut passer pour des cœurs timorés et, je dirai, endurcis. Un certain nombre d'entre nous sont instruits. Nous avons été les privilégiés, soit de la fortune, soit de parents absolument courageux et assoiffés pour l'éducation. Est-ce que tous les enfants acadiens ont des parents de cette trempe? Non, n'est-ce pas? Eh bien! il faut, de toute nécessité, que l'éducation, i-e, une maison d'éducation aille trouver les autres chez eux, les encourager, les flatter même un peu; voici l'orgueil national, ou au moins familial qui s'élève, qui s'oriente; voilà un collège qui s'élève, à Tignish, à Miscouche ou à Rustico, voici notre chère Ile pourvue d'un collège, sans jamais nuire à Memramcook, à Ste. Anne ou à Caraquet; voilà l'Ile pourvue de son collège français et classique, qui sème la haute éducation, qui agrandit notre horizon national; voici un autre essaim d'hommes instruits, capables de seconder leurs ainés, dans nos multiples revendications qui végètent, justement à cause du si petit nombre pour le valoir. La réussite d'une telle entreprise ne tient qu'à notre clergé acadien et à nos hommes instruits de l'Ile St. Jean. Dans deux ans d'ici, avec l'entente voulue, nous avons un collège français en opération, disons à Miscouche, ou à Summerside, le centre de l'Ile. C'est un rêve de patriote, me direz-vous; oui, certainement, c'est un rêve, mais un rêve bien médité, bien rêvé et parfaitement réalisable; il n'en tient qu'aux patriotes de l'Ile de le mettre à exécution. Votre position, par intervalle au moins, votre propre orgueil national, vos propres démarches, ad hoc, veulent cela, sans, peut-être y avoir directement songé. Un collège, à l'Ile du P. E., il nous le faut de toute nécessité, un collège il y aura! UN PRETRE ACADIEN