Correspondance

Journal
Année
1894
Mois
6
Jour
7
Titre de l'article
Correspondance
Auteur
Acadien Français
Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
CORRESPONDANCE (POUR L’IMPARTIAL) M. le Rédacteur; La discussion qui se continue depuis quelque temps à l'égard de la compétence des maîtres anglais d’enseigner dans nos écoles françaises m'a donné occasion de remonter à l’origine de cette affaire. Je m’en serai pas donné la peine si je n'eusse observe dernièrement dans les colonnes de quelques journaux anglais des remarque à ce sujet qui tendent à semer le désagrément parmi nous, et contre lesquelles nous devons nous tenir en garde. Ces remarques étant portées directement contré notre journal français, j'ai revu les différents numéros de l'IMPARTIAL depuis la première fois que le rédacteur a fait allusion au rapport de l'inspecteur des écoles acadiennes jusqu'aujourd’hui et je n'y trouve rien qui puisse donner à ces feuilles anglaises raison de s'exprimer comme ils l'ont fait. Maintenant pour venir au fait, il est inutile de soutenir que l'inspecteur n'a pas laissé un coté ouvert aux commentaires par la manière dont il s'est exprimé dans son rapport. Ainsi, si l'IMPARTIAL, a saisi l'idée, et disons en passant qu'il n'est pas le seul qui ait saisi cette idée, est-ce un cas d'en faire à l'IMPARTIAL, un crime d'en avoir parlé? Je ne le crois pas. D'ailleurs, il n'y a pas à s'y méprendre; car en lisant la lettre qui a paru dans l'IMPARTIAL en date du l0 mai, nous trouvons que M. l'inspecteur explique en termes formels ce qu'il avait dit, d'une manière assez ambiguë, il est vrai, dans son rapport. Lisons cette partie de la lettre de l'inspecteur qui a rapport à la question : "Je suis à même de dire aussi que plusieurs d'entre eux (les instituteurs anglais) se dévouent beaucoup à l'enseignement du français dans leur école et sont en effet aussi capables de l'enseigner que leurs confrères acadiens. Quoique difficile à croire c'est néanmoins le cas. Quant au dévouement j'y crois; quant à être aussi capables d'enseigner le français que les maitres français, ah ! Cela, c'est une autre affaire. Je ne crois pas errer en disant que c'est sur ce point que l'IMPARTIAL a différé avec l'inspecteur. Mais, l’IMPARTIAL lui en a-t-il fait un crime ? Non. Il a simplement différé d'opinion - privilège bien légitime, selon moi. Selon quelques uns, l'IMPARTIAL a eu tort de passer cette remarque. D'autres vont jusqu'à dire que nous ne devons pas même nous expliquer entre nous et s'écrient: Soyons unis : ne disons non qui pourrait froisser nos amis anglais. Soyons unis, je suis avec vous messieurs; mais un peu moins de vanité peut-être le mot servilité serait-il plus approprié-nous voudra mieux. Nous pouvons très bien être unis tout en nous parlant les nus aux autres. Quant à nos amis les anglais, ils ont leur langue; ils ont leur département: il n'est pas à nous de les juger là-dessus, mais qu'on soit aux moins assez franc pour avouer qu’ils ne sont pas les gens qu'il nous faut dans nos écoles française; on s'il faut absolument nous servir d'eux, admettons que ce n'est que pour enseigner l'anglais et non le français. Si je ne me trompe, c'est ce qu'a soutenu en tout temps l'IMPARTIAL. Et pour cela ou vient lui reprocher d'être trop patriote. Supposons un instant, que le jeune rédacteur de l’IMPARTIAL, se soit montré un peu bouillant eu parlant à notre faveur, allons- nous pour cela lui en faire un reproche? Si oui, reconnaissons au-moins que c'est un reproche qui fait son meilleur éloge. Nous avons raison d'être fier de notre organe français sous plusieurs rapports. Par son entremise, nous avons découvert de jeunes plumes acadiennes qui ne sont pas à dédaigner. Dans les correspondant qui paraissent de temps à autre dans l'IMPARTIAL nous trouvons des talents d’un vrai mérite. Dans les petites polémiques, qui sont amicales, je l’espère, nos jeunes Acadiens ont prouvé que l'intelligence ne fait pas défaut chez-nous. Je vous en félicite, jeunes Acadiens et je vous engage à continuer. Mais soyons unis; soyons français Supportons-nous de toutes nos forces et laissons dire les autres. Supportons nous dis-je, et supportons notre journal français qui s'est toujours montré notre ami dévoué Que est ce qui a été le premier à élever la voix pour l'organisation de la Convention des instituteurs acadiens ? N'est-ce pas L’IMPARTIAL? Et n'a-t-il pas gagné l'approbation de notre dévoué inspecteur des écoles acadiennes et de tous les hommes marquants, de quelque nationalité qu'ils soient, qui prennent nos intérêts en considération ? Qui a été le premier a réclamé nos droits pour avoir un sénateur français? N'est-ce pas l'IMPARTIAL? N'a-t-il pas eu l'appui unanime de nos nationaux ? Que faisaient dans le temps les journaux anglais, notamment le "Summerside Journal" qui ces jours derniers, insinuait que l'IMPARTIAL faisait fausse route en se montrant trop patriote ? Le 'Journal' n'ignorait-il pas les droits indéniables de l'hon. J 0. Arsenault pour un des siens? Je ne le blâme pas. ‘Blood is thicker than water". "Le Journal" est anglais. Naturellement, il supporte l'anglais. Eh bien, par la même règle, l'IMPARTIAL étant français, le devoir lui incombe d'être français et toujours français, et en agissant ainsi il mérite notre approbation, notre appui. Encore, aux temps turbulents des dernières éjections, L’IMPARTIAL n'a- t-il pas été un des premiers à faire prévaloir nos droits en demandant un-représentant acadien? Maintenant qu'on dit qu'avant longtemps nous aurons les élections fédérales et que probablement nous aurons un Acadien sur les rangs, que va faire I’IMPARTIAL? Sans connaître ! Ses intentions intimes à cet égard, j'oserais croire que l'IMPARTIAL., comme toujours, se montrera encore français. Dans ce cas, il fera encore son devoir comme organe de notre population française. Je disais tantôt que nous devions nous tenir en garde contre certaines gens qui se posent dans les feuilles anglaises, nos prétendus défenseurs. Oui je le répète, Méfions-nous de ces écrivailleurs qui feignent d'être nos amis dévoués, mais qui intérieurement brûlent de zèle de semer la chicane parmi nous en frappant tantôt l’un tantôt l'autre pour satisfaire une petite haine implacable, parce qu’il ne peuvent mener les choses à leur guise et selon leurs caprices. Vous priant bien de m'excuser M- le Rédacteur, pour avoir abusé trop fréquemment du nom de l’IMPARTIAL dans le cours de ma lettre par beaucoup trop longue, je me souscris votre tout dévoué, ACADIEN FRANÇAIS