Correspondance

Journal
Année
1894
Mois
5
Jour
17
Titre de l'article
Correspondance
Auteur
Un instituteur Acadien
Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
CORRESPONDANCE. M. le Rédacteur, Un petit espace dans les colonnes de votre estimable journal pour demander si M. l'Inspecteur Arsenault est vraiment sincère dans l'avancement des jeunes instituteurs acadiens de cette province. Il semble, par ses écrits, vouloir accorder autant de crédit aux maîtres anglais dans les écoles françaises qu'aux français eux-mêmes. Je n'en dirais rien si cela était possible. Mais c'est une absurdité de la part de qui que ce soit de vouloir mettre les instituteurs anglais au niveau des instituteurs français dans renseignement pratique du français. Il y a sans doute des instituteurs anglais dans cette province qui ont la compétence d'enseigner le français très bien; mais ils n'en geignent pas dans nos écoles, de plus, étant haut licenciés, ils ne seraient pas sous l'inspection de M. Arsenault. Ce serait également une absurdité de croire qu’un maître acadien put enseigner la langue anglaise et de mettre en pratique tous ses idiomes avec autant de succès qu'un maître anglais. Il y en a, mais, comme les maîtres anglais, ils ne sont pas sous l'inspection de M. Arsenault. Lors de la dernière visite de l'inspecteur à mon école, j'ai eu occasion de lui présenter des élèves qui certainement avaient fait des progrès dans la lecture anglaise. Je remarquai que M. Arsenault lui-même n'était pas maitre de la prononciation anglaise. Ainsi, si notre inspecteur français n'a pas l'habilité de prononcer correctement l'anglais, comment pouvons-nous, nous jeunes instituteurs, le faire, et comment voulez-vous que de jeunes instituteurs anglais qui au dernier jour de leur éducation anglaise, n'ont appris qu'un échantillon de la langue française, puissent enseigner la langue française avec le même succès que les maîtres français ? C'est encore une absurdité. J'ose croira que M. Arsenault veut plaire à quelques amis anglais en nous parlant ainsi. Vous remerciant M. le Rédacteur pour votre espace. Je suis votre etc. Un instituteur Acadien.