1883-1884

Année
1884
Mois
1
Jour
3
Titre de l'article
1883-1884
Auteur
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2
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1883-1884 Nous aurions voulu faire une revue des principaux évènements de l’année qui se termine; mais les circonstances nous l’en ont empêché. Jetons, cependant, un rapide coup d’œil sur cette année 1883 qui, dans quelques heures, ne sera plus. Les principaux actes de Léon XIII, pendant l’année 1883, ont été la remarquable lettre aux cardinaux de Luca, Pitra et Hergonanther recommandant de fortes études historiques afin de mettre en lumières les bienfaits sans nombre que la société doit à l’Eglise et à la papauté; son admirable encyclique du mois de septembre ordonnant des prières publiques à la Sainte Vierge pour obtenir sa puissante protection; et son discours aux 26,000 pèlerins italiens dans lequel Sa Sainteté s’est élevée avec une grande vigueur contre l’envahissement des Etats de l’Eglise. Les négociations entamées entre le gouvernement allemand et le Vatican n’ont pas produit tous les fruits qu’on pourrait en espérer, bien que M. de Bismark ait fait voter une loi qui tempère quelque peu les rigueurs du Kulturkampf. Mais le chancelier de fer a voulu exiger du l’ape des concessions incompatibles avec le gouvernement de l’Eglise et, comme tous les persécuteurs, il s’est trouvé en face du nous ne le pouvons pas apostolique. Tout dernièrement encore, le prince impérial de l’Allemagne a visité Rome et a eu une longue entrevue avec le Saint-Père. En France, au commencement de l’année, un manifeste du prince Jérôme a causé un vif émoi dans les cercles politiques. A la suite de cette agitation, le cabinet Duclerc a donné sa démission et a été remplacé temporairement par le cabinet Failières, lequel a cédé bientôt le pas au cabinet Ferry. Le cabinet Ferry a continué la persécution religieuse inaugurée depuis quelques années. Les autorités religieuses ayant porté à la connaissance des fidèles un décret de la S. Congrégation de l’Index condamnant un manuel impie de Paul Bert et d’autres mauvais livres de classe, le gouvernement maçonnique a soumis les évêques et les prêtres à une foule de mesures vexatoires, suppressions arbitraires de traitements, etc. La générosité des catholiques est venue au secours des ministres de la religion ainsi frappés. Au mois de mars, les socialistes de Paris et d’autres grandes villes de France ont fait des manifestations tapageuses. Au mois de juin, le St Père a écrit une lettre paternelle au président de la République dans laquelle il déplore amèrement la guerre injuste et déloyale faite à l’Eglise. Le gouvernement français a répondu par une lettre insolente et mensongère où le clergé français est accusé d’être la cause de toutes les difficultés survenues en France entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux. La France catholique a eu à déplorer la mort du grand journaliste Louis Veuillot, et celle du comte de Chambord en qui les amis de l’ordre comptaient. Aujourd’hui, notre ancienne mère patrie est privée de tout espoir humain. En Belgique, la persécution religieuse continue toujours. Le gouvernement radical de Frère-Orban, docile instrument des loges se montre de plus en plus hostile à la religion. Les chambres ont voté cette année une loi imposant le service militaire aux séminaristes, malgré les protestations de l’épiscopat. L’Autriche-Hongrie a été bouleversée cette année par des émeutes contre les juifs et aussi par un soulèvement de C[illisible]. La Rassieest toujours minée par le nihilisme, malgré les rigueurs dont le gouvernement [illisilble] pour extirper ce terrible fléau social, produit de l’affreuse tyrannie des czars. La pauvre Irlande est toujours bouleversée par l’agitation politique. Malheureusement, ce peuple si catholique est fortement travaillé par les sociétés secrètes qui poussent leurs affiliés à commettre les crimes les plus horribles sous prétexte de patriotisme. Le monde entier sympathise avec l’Irlande mais ces crimes, commis en son nom pas des enfants dévoyés, font un tort incalculable à la cause de cet infortuné pays. L’Espagne, comme les autres pays de l’Europe, est en proie au mal révolutionnaire qui s’est traduit cette année par des soulèvements partiels. En Afrique, le choléra a fait d’affreux ravages, l’été dernier, dans les principales villes de l’Egypte. Dans le Soudan, au sud de l’Egypte, le faux prophète, El Madhi, à la tête d’une nombreuse armée, a tenu les troupes égyptiennes en échec pendant toute l’année, et leur a finalement infligé une défaite sanglante. Cette révolte inspire de vives inquiétudes aux autorités du Caire. Dans l’île du Madagascar, la France a eu des démêlés sérieux avec les Hovas. Ces troubles ne sont pas encore terminés. Dans l’Afrique méridionale, il y a eu guerre chez les Zoulous et parmi les Basutos et les Boers du Transvaal. En Asie, le principal événement de l’année a été la guerre entre la France et le Tonkin. Cette difficulté menace de dégénérer en une guerre avec la Chine. A la fin de l’année 1883, on peut dire qu’un affreux malaise se fait sentir en Europe et dans le monde entier. L’univers est miné par l’action des sociétés secrètes et des erreurs modernes; rien n’est stable, rien n’est assuré. Les bases même de l’édifice social, qui ne repose plus sur l’ordre chrétien, sont profondément ébranlées, et les hommes vivent, inquiets, dans l’attente de quelque grande catastrophe. Au Canada, il est vrai, nous sommes moins battus par les tempêtes que les peuples des autres pays. Toutefois, nous entrons incontestablement dans le tourbillon qui emporte le genre humain tout entier. Nous avons chez nous les germes de toutes maladies sociales qui désolent le vieux monde, et ces germes produiront infailliblement leurs fruits si on ne les arrache, dès à présent, d’une main vigoureuse. Chaque année les symptômes deviennent de plus en plus alarmants. Sur le terrain de l’éducation, on a pu voir le travail secret de la franc-maçonnerie dans ces tentatives réitérées d’introduire dans notre pays les idées les plus subversives. Tantôt c’est l’instruction obligatoire prônée ouvertement dans des discussions publiques; tantôt c’est la centralisation qui fait de nouveaux progrès, le prétendu droit de l’Etat sur l’éducation de l’enfance qui s’affiche plus hardiment; tantôt c’est la mauvaise humeur que suscite chez plusieurs l’affirmation courageuse des droits de l’Eglise et des parents en matière d’enseignement. Autant de symptômes du mal qui nous ronge.–La vérité.