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Journal
Année
1890
Mois
11
Jour
27
Titre de l'article
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Auteur
G. Blanche
Page(s)
2
Type d'article
Langue
Contenu de l'article
M. l’Editeur, Le concours si intelligent et si dévoué que vous apportez à la cause Acadienne m’engage, en prenant désormais la direction complète du collège que l’on élève dans la ville française ou Baie de Sainte Marie, à réclamer l’hospitalité des colonnes de votre estimable journal, pour mettre toutes les personnes si chaudement intéressées à notre œuvre, au courant de l’état actuel de nos travaux, de nos projets et de nos espérances. Le souvenir du 15 août dernier est encore trop vivace chez les Acadiens pour que j’aie besoin de rappeler les vœux si ardents que les hommes de cœur, inquiets de voir leur pays menacé de perdre la langue française, seul héritage avec la foi que leur avaient légués leurs pères, formirent à la convention et l‘accueil qui leur fut fait. Mais ce que l’on sera heureux d’apprendre c’est que ces vœux n’on point été stérils et que l’heure semble venue où Dieu va récompenser la fidelité de son peuple– fait vraiment providentiel, au moment même où l’on discutait à la Pointe-de-l’Eglise cette question vitale pour la contrée, je recevais l’ordre de partir immédiatement avec un de mes confrères pour Halifax afin de nous mettre à la disposition de Mgr O’Brien. Ce vénérable prélat toujours à la recherche de ce qui peut contribuer au bien de son diocèse s’était préoccupé depuis longtemps de cette question et était depuis quelques mois en pourparlers avec notre congrégation. Aussi nous accuillit-il, nous enfants du V. P. Eudes avec une bonté toute paternelle. Il nous confia les paroissiens de Ste Marie et de Saulnierville en nous chargeant spécialement d’élever à la pointe de l’Eglise une académie où le français et l’anglais seraient également enseignés. Nous nous mîmes immédiatement à l’œuvre, des plans furent préparés, approuvés par sa Grandeur et une réunion publique fut tenue le 6 octobre à la “ Court House”, où des résolutions pratiques relatives à la construction furent prises le soir même. Nos Acadiens sentent qu’ils ont été, au point de vue de l’enseignement, négligés jusqu’ici, que leurs frères du Nouveau-Brunswick ont retiré de leurs écoles des avantages qu’ils ne connaissent pas. Aussi sont-ils disposés à seconder les efforts que l’on fait en leur faveur, à imiter les exemples de leurs frères et à se montrer, coûte que coûte, les dignes fils des martyrs de 1755. Quelques jours après cette réunion on se mit donc à l’œuvre et depuis chaque district a envoyé chaque semaine un certain nombre de travailleurs pour creuser la fondation de l’Ecole et aujourd’hui, grâce à la bonne volonté de tous le travail est enfin terminé. La mauvaise saison ne nous permettant pas de continuer, les travaux de maçonnerie sont remis au printemps, mais on ne se préoccupe pas moins du bâtiment; les pierres sont coupées, taillées; tout le bois se prépare dans les ateliers de sorte qu’au retour des beaux jours, l’Ecole pourra s’élever promptement et être ouverte au mois de septembre prochain. Partout et chez tous, nous avons rencontré un dévouement admirable et nous sommes heureux de 1’occasion qui nous est offerte de leur adresser tous nos remercîements; mais 1’œuvre n’est point achevé, peut être sommes nous un peu ambitieux pour le pays auquel nous appartenons désormais, mais comme le disait un des orateurs de la convention “il faut que le mémorial Sigogne soit aussi magnifique que possible et aussi ampble que les ressources le permetteront.” Nous commençons petitement mais d'après un plan d'ensemble que nous exécuterons au fur et à mesure des nécessités, aujourd'hui ce n’est qu’un petit grain de sennevé, mais il deviendra, je l’espère avec la grâce de Dieu, un grand arbre où de nombreux petits oiseaux du bon Dieu viendront se reposer et grandir sous son ombre. Le bâtiment actuel ne se composera que d’un sous-sol, d’un rez de chaussée, d’un étage et de mansarde, mais dans des proportions assez vastes pour recevoir une centaine d’internes. Son emplacement magnifique à l’entrée de la Baie de Ste Marie, ses conditions parfaites de salubrité en feront un collège dans les conditions les plus avantageuses que des parents peuvent désirer pour leurs enfants. Déjà quelques demandes nous ont été adressées de l’étranger, mais l’exiquïté du presbytère ne nous permettant pas de recevoir cette année des internes nous nous bornons simplement pour cet hiver à un externat. Le Revd P. Parker, le premier apôtre de l’œuvre et auquel nous devons tous une grande reconnaissance me laisse, je ne me le dissimule pas, une lourde charge. Il m’a mis, comme il l’a annoncé dans le dernier numéro de I’EVANGÉLINE les fonds provenant des souscriptions et s’élevant à $5801.98. C’est beaucoup, mais il reste encore bien à faire. Que toutes les personnes qui s’intéressent à la cause acadienne, soucieuse de l’avenir de cette contrée, et qui veulent travailler à son bien moral et intellectuel, nous continuent leur bienveillant concours, qu’elles veuillent bien m’envoyer leur obole quelque petite qu’elle puisse être. L'expérience prouve que les plus modestes souscriptions peuvent par leur grand nombre produire les résultats les plus considérables—qu’elles se fassent autour d’elles les apôtres de cette noble entreprise et que les souscripteurs qui n’ont pas encore ratifier leurs promesses veuillent bien faire honneur à leur parole et qu’elle aient la bonté d’acquitter leur petite dette entre mes mains ou entre celle des délégués de leur district que nous remercions tout spécialement de leur zèle et de leur bonne volonté. Veuillez agréer, Monsieur l’Editeur, l’expression de mes sentiments devoués- G. BLANCHE, Eud. Church Point, 22 Novembre, ’90.